Divertissement

Nos 10 coups de coeur

Passionnants, vivifiants, dérangeants… Les romans français et étrangers sondent les vertiges familiaux, explorent les paysages intérieurs et remue les méandres de l’Histoire. Bonne lecture !

Guillaume Perilhou, Du côté des Visconti

Il est jeune, beau, très pâle, il a 15 ans et s’appelle Björn. Il est orphelin de père et de mère, et sa grand-mère rêve qu’il devienne acteur. Nous sommes à Stockholm en 1970, c’est l’hiver. Luchino Visconti trouve qu’il est « le plus beau garçon du monde ». Il sera Tadzio, cet ange de la mort dans une Venise crépusculaire. Après de nombreuses recherches pour être au plus près de la réalité, dans une langue poudrée, à la fois vibrante et charnelle, sans jugement, Guillaume Perilhou donne la parole à chacun.

L’écrivain Guillaume Perilhou et auteur du livre La couronne du serpent.

Patrick Wack

Et c’est Visconti qui écrit à son ami La Callas, à Helmut Berger, Visconti qui donne ses impressions sur le tournage, son accueil à Cannes, et c’est aussi Björn qui, dans une sorte de journal, écrit à sa mère morte comment il devient prisonnier d’un monde qui ne l’attire pas, comment il devient une star au Japon… Björn grandit, vieillit, il préfère la musique au cinéma, il aura une fille, il n’est plus « le plus beau garçon du monde ». BB

La Couronne du Serpent, de Guillaume Perilhou, Les Éditions de l’Observatoire, 216 p., 20 €. À paraître le 21 août.
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Camila Sosa Villada, Théâtre Rouge

L’actrice et écrivaine Camila Sosa Villada, auteur deHistoire d’une domestication.

Alexandre Guyot

La narratrice est une actrice (elle est un peu, beaucoup, passionnément… l’auteur), elle est célèbre en Argentine, elle est trans, elle aime La voix humaine, de Jean Cocteau, elle aime son mari, ils vont adopter un enfant. L’actrice est franche, directe, ne cache rien de sa vie, de ses désirs et de ses tourments. On a adoré Les Vilaines (Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro 2021), on retrouve la puissance de ses mots dans ce texte qui, dans la lignée directe de Gena Rowlands, pourrait être un portrait en creux de toutes ces actrices portées par la passion. On retrouve aussi la flamboyance de ses sentiments dans ce texte rouge, rouge sang, rouge théâtre : « Il voudrait que l’actrice donne l’impression de saigner, de perdre son sang, comme une bête boiteuse, de finir l’acte dans une salle pleine de sang », écrit Cocteau. BB

Histoire d’une domestication, de Camila Sosa Villada, Éditions Métailié, 224 p., 19 €. Traduit par Laura Alcoba. À paraître le 19 août.
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Claudie Hunzinger, Un amour d’hiver

Artiste visuelle et écrivaine Claudie Hunzinger et auteure du livre Il neige sur le pianiste.
JF PAGA

Elle tombe amoureuse d’un renard qui, chaque soir, vient lui offrir sa beauté sauvage en échange de nourriture qu’elle dépose dehors sur une assiette. Ce livre raconte l’émerveillement de cette rencontre. L’auteur deUn chien à ma table fouille de livre en livre, avec une obstination qui est aussi un délice, un échange possible avec la nature, et notamment les animaux, qui passe par la poésie. Une coïncidence moqueuse, d’ailleurs, invite dans sa maison perdue un pianiste en déroute, un homme beaucoup plus jeune qu’elle et beau, qu’avec l’aide de la neige elle parvient à « séquestrer » pendant dix jours. Là aussi, elle se contente d’observer. L’amour peut prendre bien des formes, nous dit ce roman magique. Propriété intellectuelle

Il neige sur le pianiste, de Claudie Hunzinger, Éditions Grasset, 224 p., 20 €. À paraître le 21 août.
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Miguel Bonnefoy, Une famille formidable

L’écrivain Miguel Bonnefoy et auteur du livre Le rêve du Jaguar.

Lamachère/LXA/Deyrolle/Rivages

Certains ont l’art de l’incipit : « Au troisième jour de sa vie, Antonio Borjas Romero fut abandonné sur les marches d’une église dans une rue qui porte aujourd’hui son nom. » Le verbe fluide et l’image flamboyante… Miguel Bonnefoy déploie tous ses talents de conteur dans une fresque familiale où un orphelin sans le sou devient un chirurgien célèbre, où une enfant discrète se mue en première femme médecin de la région, où l’on rêve du Paris du Venezuela, et vice-versa, sur fond de bouleversements intimes et de révolutions multiples. L’auteur signe une saga sensuelle teintée d’émerveillement, une ode vibrante aux aventuriers qui l’ont précédé. MTH

Le rêve du Jaguarde Miguel Bonnefoy, Éditions Rivages, 304 p., 20,90 €. À paraître le 21 août.
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Michel Canesi et Jamil Rahmani, L’amour à mort

Les deux médecins, le dermatologue Michel Canesi à droite et l’anesthésiste Jamil Rahmani à gauche, sont les auteurs du livre Les femmes de nos vies.

Thibault Stipal

Nicolas, dermatologue à Paris lorsque le sida est apparu, a mis fin à ses jours en apprenant qu’il était séropositif. Mourad, anesthésiste d’Alger, qui avait commencé à accepter son homosexualité grâce à son amour partagé pour Nicolas, veut lui aussi mourir. Trois femmes s’associent pour tenter de le maintenir en vie. Malika, sa mère, venue d’Algérie, Suzanne, la mère de Nicolas, et Elena, la femme que Mourad avait quittée pour lui. C’est intimiste et émouvant, raconté au plus près de cette époque où des jeunes, au début de leur vie d’adulte, disparaissent en quelques mois. Un vibrant hommage aux mères et aux femmes aimantes qui se battent sans relâche pour leurs proches. Propriété intellectuelle

Les femmes de nos vies, de Michel Canesi et Jamil Rahmani, Éditions Hachette, 250 p., 20,90 €. À paraître le 21 août.

Alice McDermott, Napalm et champagne

La romancière américaine Alice McDermott est l’auteur de l’absolution.
Beowulf Sheehan/Opale/Leemage

« Il y avait tellement de cocktails à cette époque. » Le ton est donné. De réceptions en garden-party, « les épouses » n’ont guère une minute à elles. La jeune Patricia s’installe à Saigon avec son mari avocat et rejoint leurs rangs. Charlene, leur chef charismatique et manipulatrice, l’entraîne alors dans ses aventures humanitaires. C’est bien connu, la route de l’enfer est pavée de bonnes intentions. Alors que le champagne coule à flots lors des galas de charité, c’est du napalm que ces mêmes bienfaiteurs servent à la population vietnamienne… D’ellipses en flashbacks, Alice McDermott sonde de sa plume captivante une période sombre de l’histoire américaine et nous offre un chef-d’œuvre d’intelligence. OM

Absolution, d’Alice McDermott, Éditions de La Table Ronde, 352 p., 24 €. Traduit par Cécile Arnaud. À paraître le 29 août.
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Nathan Hill, Les illusions de l’amour

L’écrivain américain Nathan Hill est l’auteur du livre Bien-être.

Francesca Mantovani Gallimard

La rencontre de Jack et Elizabeth est digne d’un film. De chaque côté d’une ruelle faiblement éclairée de Chicago, les deux étudiants s’observent depuis leurs fenêtres. S’en suivent un mariage et un enfant. Mais vingt ans plus tard, que reste-t-il de cette belle histoire ? Si les fondations d’une maison sont consolidées par des travaux, il n’en va pas de même pour celles d’un couple. Ici, rénovation rime avec anéantissement. Nathan Hill entraîne son lecteur avec un humour déjanté dans des mondes d’illusions que l’on soigne à grandes doses de placebos. Bien-être ou ne pas être, telle est la question. OM

Bien-êtrede Nathan Hill, Éditions Gallimard, 688 p., 26 €. Traduit par Nathalie Bru. À paraître le 22 août.
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Amélie Nothomb, Jamais sans le Japon

« Il ne faut jamais revenir aux temps cachés des souvenirs/Au temps béni de notre enfance », chantait Barbara. Et pourtant il y a cette tentation d’un éternel retour. Faut-il résister à la tentation quitte à faire de ce retour un retour impossible ? Amélie Nothomb n’y résiste pas, elle part avec Pep, un ami photographe amateur de cocktails et fuyant les acariens, elle sera aussi son interprète dans ce pays où elle a vécu avec son père, qu’elle a retrouvé en 2012 pour un shooting. Amélie est une merveilleuse guide, avec elle on prend le métro, on visite le Pavillon d’Or, mais c’est surtout une guide de nos pensées, elle nous ouvre les yeux sur la vie (et la mort). Grâce à elle on ne verra plus jamais la couleur verte de la même façon… BB

Le Retour Impossible, d’Amélie Nothomb, Éditions Albin Michel, 162 p., 18,90 €. À paraître le 21 août.
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Gilles Leroy, Une Reine et une Mère

L’écrivain Gilles Leroy est l’auteur du livre Monologue de la louve.

Olivier Roller

C’était avant. Quand elle s’appelait Hécube, souveraine de Troie, qui devint à 13 ans l’épouse de Priam, puis la mère d’Hector, Pâris, Cassandre et d’autres, avant que la guerre ne la dépouille de tout. Avant qu’elle ne se transforme en louve… Gilles Leroy puise autant chez Eschyle que chez Virgile pour faire sienne la guerre de Troie et la figure d’une femme qui a vu mourir tous les siens sans jamais abandonner la bataille, et nous en livre le récit, éclairant le hors-champ des grands récits épiques dans une œuvre qui mêle roman, théâtre et mythe. MTH

Monologue de la louvede Gilles Leroy, Éditions JC Lattès, 288 p., 20 €. À paraître le 21 août.
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Pierre Darkanian, Une Symphonie Fantastique

Avocat et écrivain Pierre Darkanian est l’auteur de Nous sommes immortels.

Abigail Auperin

Ce thriller baroque aux faux airs de série Choses étranges compose une symphonie fantastique et une ode aux sorcières de tous les temps. Le quartier de la Goutte d’Or à Paris devient un bateau ivre qui traverse l’histoire, ancré par Janis, une jeune femme qui s’inquiète de la disparition de sa mère, dont elle va découvrir le passé d’écoféministe radicale dans les années 70, dans l’Oregon… Ce roman intense questionne nos peurs et nos croyances à l’ère de #MeToo et de la « canicule infinie ». Propriété intellectuelle

Nous sommes immortels, de Pierre Darkanian, Éditions Anne Carrière, 480 p., 22,90 €. À paraître le 23 août.
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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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