Norvège : la base aérienne d’Evenes visée par un sabotage
Début juillet, plusieurs bases militaires américaines en Europe ont été placées en état d’alerte renforcée, sur la base de renseignements indiquant que « des acteurs soutenus par la Russie envisageaient un sabotage ».
Plus récemment, la base aérienne de Cologne-Wahn (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), plaque tournante de l’aide militaire allemande à l’Ukraine, a été temporairement fermée après la découverte d’un trou dans sa clôture près de sa station d’épuration, alimentant des soupçons d’empoisonnement finalement infondés.
Par ailleurs, la base de Geilenkirchen, qui abrite 14 avions d’alerte avancée E-3A AWACS de la force aéroportée de détection et de contrôle de l’OTAN (NAEW&C), a de nouveau relevé son niveau d’alerte le 22 août en raison d’une « menace potentielle ». Une opération de police y a été menée dans la foulée. Les résultats de l’opération ne sont pas encore connus, car « l’enquête est toujours en cours ».
🚨Nous avons renforcé le niveau de sécurité à la base aérienne de l’OTAN de Geilenkirchen sur la base d’informations de renseignement indiquant une menace potentielle. Tout le personnel non essentiel à la mission a été renvoyé chez lui par mesure de précaution. La sécurité de notre personnel est notre priorité absolue. Les opérations se poursuivent comme prévu.
— AWACS de l’OTAN (@NATOAWACS) 22 août 2024
En mai, le Financial Times rapportait que plusieurs responsables européens du renseignement s’inquiétaient de possibles « opérations de sabotage violentes » orchestrées par la Russie, qui utiliserait probablement des « proxies ». D’où sans doute ces alertes de sécurité répétées…
Quoi qu’il en soit, ces inquiétudes ne sont pas infondées. En avril, deux ressortissants germano-russes ont été arrêtés, soupçonnés de préparer des attaques de sabotage contre des sites militaires américains en Allemagne, notamment à Grafenwoehr (Bavière), où des soldats ukrainiens sont formés à l’utilisation de chars M1A1 Abrams.
En Norvège, des interrogations se posent à propos d’un incident qui vient d’être rendu public en avril. Il s’est avéré qu’un câble de télécommunication, considéré comme faisant partie de l’infrastructure critique de la base aérienne d’Evenes, a été volontairement coupé en deux.
Pour rappel, située dans le comté de Nordland, au-delà du cercle polaire arctique, la base d’Evenes est l’une des plus importantes de l’armée de l’air royale norvégienne, puisqu’elle est utilisée par les chasseurs-bombardiers F-35A et les avions de patrouille maritime P-8A Poseidon. De plus, elle abrite des unités de défense aérienne (équipées du système NASAMS), de cyberdéfense et de logistique.
« Les dégâts (sur le câble) ont été constatés à l’extérieur du périmètre de la base », a indiqué le journal norvégien Fremover, qui a été le premier à rapporter l’incident. Pour l’instant, la police n’a aucun suspect. « L’enquête est compliquée. L’affaire est désormais entre les mains du procureur général du Nordland », a déclaré l’un de ses responsables.
Ce n’est pas la première fois que la Norvège est confrontée à un incident de ce type. En 2022, un câble de communication sous-marin reliant Andøya à l’archipel du Svalbard, où se trouve une station clé pour la collecte de données obtenues par satellite, avait été volontairement sectionné. Un an plus tôt, un câble utilisé par un réseau norvégien de surveillance sous-marine avait disparu. Enfin, entre 2017 et 2018, des bombardiers russes auraient simulé des raids contre des radars installés sur l’île de Vardø à au moins deux reprises.
Photo : Ministère norvégien de la Défense