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Northvolt en mode survie : « Une saga de succès qui se transforme en histoire d’horreur »

Northvolt en mode survie : « Une saga de succès qui se transforme en histoire d’horreur »

Le fabricant suédois de batteries Northvolt, à l’origine du «plus gros investissement privé de l’histoire récente du Québec», selon les mots du premier ministre François Legault, vient de mettre à pied 1600 travailleurs pour traverser une perte colossale de 1,6 milliard $ l’an dernier.

« L’histoire de Northvolt est une saga de succès, qui s’est transformée, en quelques semaines, en une histoire d’horreur qui pourrait très mal finir », a illustré Alexander Norén, journaliste économique en Suède, à TVA Nouvelles, après l’annonce.

Lundi, la nouvelle a été un électrochoc au Québec. Le couperet est tombé en matinée. Plus de 1600 travailleurs suédois ont appris qu’ils allaient perdre leur gagne-pain là-bas, soit l’équivalent d’un employé sur cinq au sein de l’entreprise.


Northvolt

Il y a presque un an, le 29 septembre 2023, les élus célébraient « le plus important investissement privé de l’histoire récente du Québec ».

De LCP-LAG

« C’est un risque contrôlé»

La ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, n’a pas tardé à réagir aux mauvaises nouvelles venues de Suède au sujet de l’entreprise dans laquelle plus de 710 millions $ de fonds publics ont été investis jusqu’à présent.

« C’est un risque contrôlé. Northvolt nous assure que le projet au Québec n’est pas affecté par ses annonces », a-t-elle assuré, se montrant optimiste face à la crise.


La ministre Christine Fréchette

Photographie Stevens LeBlanc

En novembre dernier, des experts dénonçaient le fait qu’Investissement Québec n’avait fourni aucun document significatif depuis deux ans sur les différents risques associés au secteur.

« Le gouvernement doit être plus transparent et plus exigeant en matière d’évaluation des risques. Ça n’a aucun sens », estime Saidatou Dicko, professeure de sciences comptables à l’Université du Québec à Montréal.

Pourtant, près d’un an plus tard, les signaux d’alarme s’accumulent de jour en jour sur le projet phare de Northvolt, qui ambitionnait d’être le joueur incontournable de l’industrie des batteries avec son usine de 7 milliards $ à Saint-Basile-le-Grand et McMasterville (voir tableau).

« Problèmes de financement »

En marge d’une allocution au Club canadien, le PDG d’Investissement Québec, Bicha Ngo, n’a pas voulu édulcorer la situation en s’adressant aux journalistes lundi, quelques heures avant un sommet d’urgence avec la direction de Northvolt prévu en fin d’après-midi, vers 16 heures.


La PDG d’Investissement Québec, Bicha Ngo, estime que le secteur des batteries est toujours sur la bonne voie. Elle s’exprimait lundi midi au Cercle Canadien.

Fourni par le Club Canadien

« Northvolt a toujours des problèmes de financement », a concédé le numéro 1 de la branche investissement, tout en insistant toutefois sur le fait que d’autres projets vont bien, comme Volta, Nemaska ​​​​et Ultium CAM « qui avancent malgré leurs défis ».

Il n’en demeure pas moins que malgré ses 20 milliards de dollars levés depuis 2016, Northvolt a de plus en plus de mal à poursuivre ses mégaprojets lancés en grande pompe. L’entreprise n’a pas eu d’autre choix que d’agir vite, car elle a besoin d’un milliard de dollars.

Expansions à l’étranger

Jeudi dernier, Le Journal rapporte les craintes d’un économiste suédois qui regrette de voir le fabricant de batteries multiplier ses projets internationaux.

« Se lancer dans de telles expansions à l’étranger, alors qu’on a tant de problèmes chez soi, ressemble à de la mégalomanie », dénonce dans nos pages Christian Sandström, professeur associé à la Jönköping International Business School (JIBS).


L’économiste Christian Sandström craint que l’usine québécoise ne voie jamais le jour.

Fourni par Christian Sandström

« C’est en train d’imploser. Il n’y aura pas d’usine au Canada. J’espère me tromper. J’aimerais que ça marche, mais c’est ce que je pense », a-t-il dit.

– Avec la collaboration de TVA Nouvelles et de l’Agence QMI

Six signes avant-coureurs

1- Rapide et peu coûteux

En mai dernier, Le Journal rapporte les propos du PDG de Northvolt, Peter Carlsson, qui avait confié dans un podcast de Nicolai Tangen sa volonté de bâtir son empire de batteries rapidement et à moindre coût. « Votre plus grand atout, c’est votre vitesse et votre mission », martèle celui qui construit la controversée méga-usine de 7 milliards de dollars au Québec.


Peter Carlsson s’est exprimé ouvertement en février dernier dans le podcast « In Good Company » de Nicolai Tangen.

Fourni par « EN BONNE COMPAGNIE »

2- Abandon de projets

Début septembre, lors de la publication des premiers résultats de sa revue stratégique, Northvolt a annoncé son intention de fermer l’usine de matériaux cathodiques actifs Northvolt Ett à Skellefteå, son programme Fem à Borlänge, en plus d’intégrer sa filiale Cuberg dans l’entreprise pour réduire les coûts.

3- BMW perd 3 milliards de dollars

En juin dernier, BMW a annulé un contrat de près de 3 milliards de dollars avec Northvolt en raison de retards de livraison de batteries, mais le constructeur suédois avait déclaré que son usine de 7 milliards de dollars ici continuerait comme prévu.


AFP

4- Les craintes de Volkswagen

Un mois plus tard, un magazine allemand nous informait qu’après BMW, Volkswagen s’inquiétait également de ne pas avoir à temps ses batteries du constructeur suédois Northvolt. Le Journalla société suédoise avait au contraire répondu que tout allait bien.

5- Retard de l’usine de Québec

Fin août, La presse Il a été révélé que la construction de l’usine Northvolt pourrait être retardée de 15 à 18 mois, selon une interview donnée par le ministre de l’Economie de l’époque, Pierre Fitzgibbon.

6- Un cabinet pour étudier les options

Enfin, jeudi dernier, Bloomberg Northvolt vient de demander à la société new-yorkaise PJT Partners d’évaluer ses options, tout en précisant qu’aucune restructuration ne serait en place pour le moment.

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