« Non, Emmanuel Macron, vous n’êtes pas le seul bouclier contre les extrêmes »
FIGAROVOX/TRIBUNE – Le président LR de la région Hauts-de-France répond à la lettre aux Français du président de la République envoyée à la presse quotidienne régionale.
Xavier Bertrand est président LR des Hauts-de-France.
Monsieur le Président de la République,
J’ai reçu, comme la plupart des Français, la lettre que vous venez de nous envoyer.
J’ai été pour le moins surpris par cette allocution alors que vous venez de plonger le pays dans une crise démocratique sans précédent en choisissant de dissoudre l’Assemblée nationale.
Une lettre adressée à tous les Français aurait pu être conçue dans une période moins troublée, mais compte tenu de la gravité du moment, le processus n’en fait que inquiéter davantage le pays.
Vous le savez, au point que beaucoup dans votre camp osent désormais le crier haut et fort : vos paroles sont devenues inaudibles pour nos compatriotes. Votre exercice de rédaction de lettres sera donc vain.
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Pourquoi nous écrire alors que vous nous avez si peu écoutés depuis sept ans ?
Que sont devenus les registres de doléances de la crise des « gilets jaunes » ?
A cette époque, vous avez également écrit aux Français, une longue, très longue lettre – comme le sont vos discours -, pleine de promesses non tenues.
Vous vouliez, écriviez-vous, il y a cinq ans déjà, faire taire la colère. Cinq années ont passé, Monsieur le Président de la République, et la colère est toujours plus vive et vos solutions toujours aussi inefficaces.
La situation que vous dénoncez, que vous déplorez, que vous essayez de juguler, est la conséquence de votre exercice solitaire du pouvoir, de votre incapacité à construire une majorité véritablement capable de gouverner notre pays. Est-ce que tu le veux ? On peut en douter car depuis sept ans vous avez présidé et gouverné « en même temps ». Ce n’est pas votre seul défaut, mais cette omniprésidence qui règne sur l’Élysée et Matignon est un défaut majeur car elle n’est conforme ni à l’esprit de nos institutions, ni aux attentes des Français.
Mais il n’y a pas trois offres politiques claires, il y en a quatre. Nous incarnons la quatrième, celle du gaullisme et qui, toujours, dans les crises que traverse notre pays, est aussi celle du recours.
Xavier Bertrand
Lors de ces élections législatives, dites-vous, les électeurs sont confrontés à trois offres politiques claires. L’extrême droite, l’extrême gauche et celle que vous représentez et qui serait censée être le seul bouclier contre ces extrêmes.
J’entends la colère et l’exaspération des Français mais je suis convaincu qu’ils ne se satisfont d’aucune de ces hypothèses, mesurant les risques de chaos et de violence que recèle chacune d’elles.
Certes, l’extrême droite et l’extrême gauche n’ont jamais été aussi fortes et dangereuses. Leurs programmes irresponsables entraînent la faillite morale et financière du pays. Vous n’êtes certainement pas le seul responsable de ces dangers. Ils existaient déjà en 2017.
Mais les menaces sont désormais apparues : les dangers ne sont plus à nos portes : ils ont poussé la porte et sont entrés dans le quotidien de nos concitoyens. Cette porte, c’est vous, et vous seul, qui l’avez ouverte.
Comment alors pourriez-vous en être un rempart aujourd’hui ?
Non, dans ces circonstances, vous n’êtes plus un bouclier contre les extrêmes et encore moins un antidote ou une solution viable à ceux-ci. Vous pensez être un cordon santé, vous êtes en réalité le cordon déclencheur.
Vos politiques ont semé le désespoir dans le pays, renforçant le sentiment de déclassement d’une grande partie de nos concitoyens. Et, aujourd’hui, vous tentez, pour la énième fois, d’imposer un appel.
Mais il n’y a pas trois offres politiques claires, il y en a quatre. Nous incarnons la quatrième, celle du gaullisme et qui, toujours, dans les crises que traverse notre pays, est aussi celle du recours.
Vous n’avez cessé de vouloir détruire cette quatrième offre, la réduire à néant, car elle vous interdisait de créer les conditions de l’affrontement politique que vous aviez choisi depuis votre Olympe. Une confrontation où vous n’auriez à affronter que deux blocs de colère : votre orgueil vous faisait penser que vous alliez les vaincre. C’est la France que vous avez vaincue, Monsieur le Président de la République.
Nous mettrons la France travailleuse et je dirais même la France travailleuse au cœur de notre action.
Xavier Bertrand
Or, oui, il existe une autre voie, républicaine et démocratique, celle de la cohabitation qui oblige à changer radicalement de politique.
Le peuple, à travers ses députés, doit vous imposer une autre façon d’agir, plus respectueuse de ses aspirations.
C’est le sens du combat que je mène dans cette période instable que traverse notre pays.
C’est pourquoi j’appelle les Français à voter pour les candidats Républicains et Indépendants le 30 juin. Ils sont les seuls capables de nous empêcher à la fois du Rassemblement national, du Front populaire et du statu quo macroniste.
Nous sommes restés fidèles à nos valeurs de longue date et nombre d’entre nous depuis sept ans n’ont cédé à aucun ralliement ou braconnage, car nous croyons dans l’intérêt supérieur de la France.
Et ces valeurs méritent d’être, une fois de plus, clairement affirmées ici.
Nous mettrons la France travailleuse et je dirais même la France travailleuse au cœur de notre action.
C’est notre premier engagement. Chaque mois, entre salaire brut et salaire net, chacun peut voir s’évaporer une partie des fruits de son travail dans le financement d’un Etat social qui a cessé d’être juste. Nous rendrons aux Français cette part du salaire brut qui devrait leur revenir directement, sans coût supplémentaire pour les entreprises ni pour nos comptes publics. Reconnaître la vraie valeur du travail, en donnant un pouvoir d’achat concret aux Français, c’est aussi reconnaître une réelle possibilité d’émancipation et d’épanouissement personnel.
Nous reconstruirons l’État autour des services publics essentiels : défense, police, justice, éducation, santé, environnement, transports.
Il est de notre devoir d’agir pour l’avenir de nos enfants, en leur faisant confiance et en leur donnant les moyens de tracer leur propre voie et de construire leur propre vie.
Xavier Bertrand
C’est notre deuxième engagement. Il existe des droits et des protections qui doivent profiter à tous. C’est une évidence trop vite oubliée qui devrait nous permettre de retrouver le chemin d’une nation apaisée.
Nous redonnerons toute leur dignité à ceux dont la citoyenneté française a été atteinte en raison de discriminations liées à leurs origines sociales, ethniques ou religieuses.
C’est notre troisième engagement. Moderniser l’État, en lui demandant d’assurer ses missions premières. De même, nous donnerons à nos territoires, Communes, Départements, Régions mais aussi aux entreprises et associations, tous ces collectifs qui composent notre Nation, l’espace de liberté dont ils ont besoin, en dehors d’un encadrement et de normes toujours plus envahissantes. , car ils sont le moteur de l’innovation et de la croissance qui doivent relancer notre pays.
Enfin, nous nous rassemblerons autour de notre jeunesse qui souffre tant depuis la crise sanitaire, qui s’inquiète pour son avenir, qui est émue par l’avenir de notre planète et qui ne voit aucun signe d’espoir à l’horizon. .
Il est de notre devoir d’agir pour l’avenir de nos enfants, en leur faisant confiance et en leur donnant les moyens de tracer leur propre voie et de construire leur propre vie.
Voilà, Monsieur le Président de la République, quelques idées qui, je l’espère, redonneront à nos concitoyens la confiance dont ils ont tant besoin.
Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de ma considération.