Nombre de pharmaciens stable malgré les fermetures de pharmacies
Chiffres en » illusion d’optique « . Si le nombre de pharmaciens en exercice reste stable depuis 2016, l’Ordre a alerté mardi 25 juin sur le risque de » tension » face à la profession. Au 1er janvier 2024, 74 219 pharmaciens étaient en exercice, soit une augmentation de 0,6 % en 2023.
Le nombre de pharmacies continue cependant de baisser à 19 887 en France métropolitaine, soit une baisse de 1,3 % par rapport à 2022, et de 9,3 % sur dix ans. Le pays compte donc en moyenne 30 pharmacies pour 100 000 habitants, alors que 4 millions de Français se rendent chaque jour dans une pharmacie.
Anticiper la crise
« Les chiffres ne sont pas inquiétants., mais nous sommes sur une ligne de crête, et (…) tous en pénurie de recrutement, a déclaré la présidente de l’Ordre, Carine Wolf-Thal. Il faut anticiper pour que cette tension ne se transforme pas en crise et qu’on se retrouve avec des déserts pharmaceutiques et un manque de pharmaciens. »
L’Ordre souligne notamment les défis de recrutement face au vieillissement de la population, aux pénuries de produits de santé et à la désertification médicale. Les pharmaciens d’officine se sont également dotés de nouvelles prérogatives ces dernières années, comme le dépistage de certaines maladies, la vaccination et la prescription de médicaments auparavant disponibles sur ordonnance, pour traiter les amygdalites et les cystites.
Territoires fragiles
L’officine est souvent le premier point d’accès aux soins dans les zones en situation de désertification médicale, comme le souligne Bruno Maleine, président du Conseil central des pharmaciens titulaires d’officine. Ainsi, 35 % des pharmacies sont implantées dans des communes de moins de 5 000 habitants, soit une part « pas négligeable » pour des territoires qui souvent ne disposent plus de médecins en activité.
L’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Corse sont les régions qui enregistrent le plus de fermetures de pharmacies, pour cause de transferts ou de regroupements. Mais ce ne sont pas les territoires les plus fragiles, compte tenu du nombre de pharmacies par habitant. Selon ce critère, la Bourgogne-Franche-Comté est la région où les fermetures ont été les plus nombreuses (7,5 pharmacies fermées pour 1 million d’habitants), suivie de la Bretagne et de la Normandie (6 pharmacies fermées pour 1 million d’habitants).
Les départements qui ont connu la plus forte diminution du nombre de pharmacies en dix ans sont l’Allier (– 22 %), l’Ariège (– 20 %), l’Yonne (– 20 %), le Gers (– 19 %) et la Corrèze (– 18 %). « Nous assistons à des disparitions non seulement dans les zones rurales, mais aussi à la périphérie des grandes villes.« , précise également Bruno Maleine. Et le mouvement semble se poursuivre en 2024, puisque 124 pharmacies ont déjà fermé depuis le début de l’année.
Selon Maryse Camus-Piszez, chargée de projet démographie, la mise en œuvre de la récente réforme du premier cycle d’études médicales et pharmaceutiques a contribué à éloigner les étudiants de la spécialité, avec un déficit de 1 000 étudiants en deuxième année en 2022, ce qui était réduit à un déficit de 500 étudiants en 2023. Pour en recruter davantage, l’Ordre a lancé l’année dernière une campagne de communication à destination des étudiants sous le slogan « Pharmacien, le moins connu des métiers connus ».