À 72 ans, Joël Meudec en est à sa quatorzième Fête du bruit à Landerneau, toujours à la buvette qui sert la même bière locale. Et la quinzième édition, du 9 au 11 août 2024, sera peut-être sa dernière : « Il faut laisser la place aux jeunes », marmonne l’ancien peintre de chez Beaudouard dans sa moustache.
Mais son frère Jean-Yves, de quatre ans son cadet, ne l’entend pas de cette oreille. « Je ne le laisserai pas s’arrêter comme ça », assure celui qui vient chaque année depuis six ou sept ans des Côtes-d’Armor pour « passer un week-end en famille ».
On prend le même et on recommence
La « famille », c’est aussi Magali, un autre Joël, et tous les tee-shirts bleus du stand. Le premier, habitué à travailler dans les bars, confie entre deux commandes : « On tisse des liens, c’est une vraie rencontre. Chaque année, on est presque tous pareils. »
Il faut dire que la plupart de ces bénévoles se retrouvent régulièrement au club de pétanque de Landerneau. Entre les tireuses à bière, ils se taquinent, se chamaillent, s’entraident pour changer un fût vide. « Mais non, il en reste, de quoi tu parles Joël ? »
Avec toute cette agitation, nous n’avons même pas le temps de boire.
Devant lui, les verres s’empilent, mais il ne perd ni son sang-froid ni son sourire. « On doit attendre cinq minutes. Avec toute cette agitation, on n’a même pas le temps de boire », fait remarquer malicieusement le Landerneauien. Magali corrige : « Bon, on prend le temps de trinquer ensemble à la fin de la rotation. Il faut juste être poli avec les festivaliers ! »
« On sent qu’il y a du plaisir »
De l’autre côté du bar, Steven attend son verre sans broncher. « Ce qui compte, c’est qu’on sente qu’il y a du fun ! Et c’est pareil pour les groupes qu’on voit sur scène : c’est ça qu’on vient voir. » Alors que le coup de feu retentit, vers 20 heures, l’équipe, en faction depuis 15h30, a encore une heure devant elle ce samedi soir. Même pas peur.
« Demain, on ferme de 21h à 2h du matin. A partir de là, on entendra un peu Shaka Ponk, c’est le summum du festival ! Je n’achèterais pas forcément leur CD, mais là, c’est vraiment bien », confirme Jean-Yves, qui a passé « un super moment » devant Big Flo et Oli le jour de l’ouverture.
Alors, pas question d’attendre la fin de la cérémonie pour se mettre dans l’ambiance. Au son du « One Man Band » de Miles Kane, les hommes et femmes en bleu se donnent déjà à fond. Les mains en l’air, en rythme, le Costarmoricain sourit : « Si mon frère arrête, je reviendrai, mais en festivalier. Le bénévolat, c’est surtout être ensemble. » Quelle pression pour Joël !