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Nigel Farage en croisade pour un « vrai » Brexit

Nigel Farage fait un retour tonitruant sur la scène politique britannique. Après avoir abandonné tout rôle majeur le 31 janvier 2020, jour de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, l’un des grands artisans du Brexit a créé la surprise en annonçant, le 3 juin, qu’il se présentait dans la circonscription de Clacton- on-Sea, une ville côtière à l’est de Londres. « Les conservateurs ont raté le Brexit ! » « , nous explique-t-il dimanche 16 juin dans ses bureaux de campagne. « Nous voulions réduire l’afflux d’immigration européenne peu qualifiée. Pourtant, depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs en 2010, la population a augmenté de 6 millions ! » Selon le Bureau des statistiques, 4,5 millions d’entre eux sont issus de l’immigration et 1,7 millions sont européens. Nigel Farage poursuit : « Cette fois, ce n’est pas à Bruxelles que l’on accuse d’être responsable, mais plutôt aux conservateurs au pouvoir ! Le pays est brisé et je suis donc revenu pour apporter une solution. »

Un « tremblement de terre » politique

Vêtu d’une Barbour et de sa casquette en tweed vert, il arpente à nouveau les routes britanniques. Et son retour est sur le point de provoquer une « tremblement de terre » politique au Royaume-Uni, selon l’analyse publiée jeudi 13 juin par l’institut de sondage YouGov. Pour la première fois lors d’élections législatives, avec 19 % d’intentions de vote, son parti devance les conservateurs, 18 %, mais loin derrière les 37 % des travaillistes. Et cela à deux semaines des élections du 4 juillet. De quoi accentuer encore davantage la misère d’un parti conservateur déjà aux abois.

A écouter les habitants rencontrés en bord de mer à Clacton-on-Sea – seule circonscription à avoir élu un candidat de l’Ukip en 2015 – son élection au Parlement de Westminster est possible. « Je n’ai plus confiance dans les politiques, Steve reconnaît. Les conservateurs ont eu tellement d’occasions de faire des choses positives avec le Brexit, mais ils n’ont rien fait. À l’inverse, même s’il n’est peut-être pas la tasse de thé de tout le monde, Nigel Farage est honnête et les gens aiment ce qu’il dit. J’ai toujours voté conservateur, mais je voterai probablement pour lui cette fois-ci. » Pas très loin, dit Susan « ne pas avoir de problème avec l’arrivée d’étrangers. Mais 750 000 personnes par an, c’est ridicule. Elle ajoute. Le pays ne suit pas le rythme : il y a une pénurie de logements, ce qui fait exploser les prix, et l’attente pour accéder aux soins de santé est interminable.»

Nigel Farage profite de la désillusion politique des Britanniques, née en grande partie de la baisse de leur niveau de vie liée à la politique d’austérité mise en œuvre par les conservateurs en 2010 et accentuée par la pandémie. Son éloquence, sa connaissance des problèmes, son franc-parler et ses messages directs trouvent un écho auprès des classes moyennes inférieures, qui se sentent éloignées de la croissance et de la richesse du centre de Londres.

« Le principal adversaire du Labour »

Lundi 17 juin, Nigel Farage a pris la route de Merthyr Tydfil, une ville du sud du Pays de Galles, pour présenter son  » CONTRACTER «  aux Britanniques. « Mes idées sont bien plus destinées aux personnes situées au bas de l’échelle des revenus qu’à n’importe qui d’autre. » indique-t-il. Le choix de cette circonscription, aux mains des travaillistes depuis la création du parti en 1900, s’inscrit dans une stratégie de long terme.

Nigel Farage veut s’en prendre au parti travailliste, devenu à ses yeux « un parti urbain, bourgeois, voire par endroits bourgeois supérieur, complètement déconnecté de son ancienne base ouvrière traditionnelle ». S’il se présente aujourd’hui comme « Le principal adversaire du Labour », l’avenir de son parti est cependant loin d’être clair. Reform UK aura du mal à remporter plus de deux sièges au Parlement en raison du système de vote (lire ci-dessous)qui favorise des implantations locales fortes. « Il est très peu probable qu’il constitue un parti d’opposition viable », analyse Rob Ford, professeur de sciences politiques à l’université de Manchester.

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Un système électoral unique

Lors des élections générales au Royaume-Uni,les Britanniques élisent des députés – « Members of Parliament » ou « MPs » en anglais – à la Chambre des communes, au Palais de Westminster.

Le système électoral britannique est basé sur le système uninominal majoritaire à un tour ou « le premier arrivé gagne ». Il s’agit d’un vote majoritaire uninominal à un tour. Les électeurs ne peuvent glisser qu’un seul bulletin avec un seul nom parmi les candidats.

La durée ne peut excéder cinq ans. En fait, les élections sont souvent anticipées ; le mandat parlementaire atteint rarement cinq ans.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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