La Cour de cassation a rejeté mercredi 18 décembre les pourvois de Nicolas Sarkozy et a rendu définitive la condamnation inédite de l’ancien chef de l’Etat pour corruption et trafic d’influence, à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme sous bracelet électronique, avec trois années d’inéligibilité.
Ces peines, jusqu’ici avec sursis, seront appliquées : l’ancien président, 69 ans, sera convoqué devant un juge de l’application des peines (JAP) pour se faire poser un bracelet électronique.
Nicolas Sarkozy « se conformera évidemment à la sanction prononcée »mais il saisira « dans les semaines à venir » la Cour européenne des droits de l’homme pour obtenir la garantie des droits que les juges français lui ont refusés », a réagi son avocat, Me Spinosi. Cette saisine n’empêche toutefois pas l’exécution des sanctions imposées.
La décision dans cette affaire, aussi appelée « Bismuth », intervient alors que l’ancien locataire de l’Elysée doit comparaître à partir du 6 janvier, et pendant quatre mois, devant le tribunal judiciaire de Paris, dans l’affaire de soupçons de financement libyen dès sa campagne présidentielle de 2007.
Dans l’affaire Bismuth, l’ancien chef de l’Etat avait constitué, en 2014, aux côtés de son avocat historique Thierry Herzog, un « pacte de corruption » avec Gilbert Azibert, premier magistrat à la Cour de cassation, afin qu’il puisse transmettre des informations et tenter d’influencer un pourvoi déposé par Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt. Et ce, en échange d’un « booster » promis à un poste honorifique à Monaco.
Les trois hommes ont été condamnés à la même peine, l’avocat étant interdit de porter des robes noires pendant trois ans. Clamant d’emblée leur innocence, ils ont fait appel, soulevant vingt arguments, examinés lors d’une audience le 6 novembre, à l’issue de laquelle la décision a été mise en délibéré.
Enquête parallèle
Devant la Cour de cassation, qui statue sur la bonne application de la loi et non sur le fond des affaires, l’avocat général a méthodiquement recommandé le rejet de chaque point de droit soulevé. Emmanuel Piwnica, avocat sur les conseils de Thierry Herzog, a critiqué une procédure qui « n’aurait jamais dû voir le jour »en parlant d’un dossier dans lequel « on ne compte plus les illégalités commises, les violations, les atteintes aux droits fondamentaux ».
La défense a insisté sur deux points principaux : d’abord, elle espère qu’une récente décision du Conseil constitutionnel, datée du 28 septembre 2023 et ayant pour origine l’affaire Fillon, lui permettra d’obtenir un nouveau procès. Au nom des droits de la défense qui ne doivent pas être « théorique et illusoire »cette décision nécessite un réexamen par une nouvelle cour d’appel d’une demande d’annulation de l’ensemble de la procédure, a soutenu M.e Piwnica.
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Depuis des années, le camp Sarkozy estime en effet que le Parquet national financier a injustement » caché « une enquête parallèle, visant à débusquer une taupe qui aurait informé l’ancien président et son avocat qu’ils étaient mis sur écoute. Les avocats ont également contesté la légalité des écoutes téléphoniques au cœur du dossier, sujet déjà maintes fois débattu dans cette affaire.
Me Patrice Spinosi a invoqué un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme du 16 juin 2016 : « Nicolas Sarkozy ne peut être condamné pénalement sur la base des échanges qu’il a eu avec son avocat »parce qu’ils ne peuvent pas être « utilisé contre lui »» argumenta-t-il.
En 2025, la Cour de cassation devra également se prononcer sur le pourvoi de l’ancien président contre sa condamnation à un an de prison, dont six mois dans l’affaire Bygmalion, concernant les dépenses excessives de sa campagne de 2012.