Peut-on imaginer Nicolas de Tavernost interpréter un « pont d’épaule » ou un « cent » sur un tapis Pilates ? Le pétillant patron de M6, qu’on a déjà du mal à imaginer ailleurs que dans les étages supérieurs de l’immeuble qui abrite le groupe audiovisuel à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), laisse sa place, ce 23 avril, à un fan déclaré de ce sport.
En fin d’après-midi, un conseil de surveillance doit élever David Larramendy à la présidence du directoire du groupe, dont son prédécesseur a accompagné chaque étape pendant trente-sept ans. Ses fonctions de directrice générale de l’agence de publicité seront désormais assurées par Hortense Thomine-Desmazures, l’actuelle directrice générale adjointe en charge du numérique, de l’innovation et du marketing.
C’est avec le calme non pas des vieilles troupes mais d’un diplômé de Supélec et titulaire d’un MBA de la Wharton School de l’université de Pennsylvanie (en décrochage au milieu des années 2000) que l’intéressé accède au poste. Et avec la placidité aussi d’un leader dont les états de service parlent en sa faveur.
Ses résultats à la tête du « cash machine » du groupe, qu’il occupe depuis fin 2014, ne devraient pas lui nuire. Grâce à 1,067 milliard d’euros de recettes publicitaires pour 1,315 milliard de chiffre d’affaires consolidé en 2023 (en baisse de 3% sur un an toutefois), le groupe M6 est le plus rentable du paysage audiovisuel français : 22,9%. marge opérationnelle, contre 24,8 % en 2022. Gérer M6, comme tant d’autres l’ont espéré en vain avant lui, est une affaire de « voyage »estime l’heureux élu. « J’ai eu 50 ans il y a quelques semaines, je travaille depuis un quart de siècle. Chaque expérience fait grandir, résume-t-il, attablé dans une salle de réunion à l’endroit où siégeait son prédécesseur.
« Une façon de penser »
« David est un gars talentueux, avec une double formation en ingénierie et en vente.l’a surnommé Nicolas de Tavernost début avril, lors d’une réunion avec des membres de l’Association des journalistes des médias (AJM). Il ne va pas tout chambouler. Il a des valeurs, il est plutôt RSE (Responsabilité sociale de l’entreprise)assez moderne… » Arrivé dans le groupe en 2008 (après un passage chez Mistergooddeal et la banque Goldman Sachs à Londres), il a eu tout le loisir de mélanger sa façon de faire avec la culture house. « Les études d’ingénieur permettent de réfléchir face à un problèmeil prétend. En le divisant en plusieurs problèmes plus faciles à résoudre, par exemple. En essayant d’être le plus rationnel possible dans les discussions, afin de sortir aussi de la dimension « ego ». »
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