Nice connaît un nombre record de « nuits tropicales » et ce n’est pas un hasard
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Nice connaît un nombre record de « nuits tropicales » et ce n’est pas un hasard
CLIMAT – Il y a plusieurs façons de vivre un été pourri : celui des Niçois, assommés par une canicule qui n’en finit plus, a quelque chose d’inéluctable. La capitale des Alpes-Maritimes, depuis la mi-juillet, souffre comme tout le département de « nuits tropicales » et de températures diurnes qui dépassent les normales de saison, au point de battre un record.
Selon les capteurs météorologiques de l’aéroport de Nice, il s’agit du deuxième mois d’août le plus chaud pour la ville depuis 1959, année où les mesures ont commencé. Le champion incontesté reste pour l’instant l’été 2003, où la canicule avait fait plus de 15 000 morts en France.
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Températures minimales et maximales à Nice en août 2024 (source infoclimat.fr)
Que sont ces fameuses « nuits tropicales » ? Le terme n’a rien de scientifique, précise Météo France, mais il a l’avantage d’être illustratif pour désigner des températures nocturnes qui ne descendent pas en dessous de 20° Celsius.
Une nuit, c’est bien. Soixante nuits consécutives, comme c’est le cas depuis le 6 juillet, c’est beaucoup trop. D’autant que les températures moyennes continuent de grimper : dimanche 1er septembre, il faisait déjà plus de 25° à Nice à 5 heures du matin
Derrière ce thermomètre chauffé à blanc, il n’y a pas de mystère, mais la combinaison de deux facteurs, comme le rapporte France 3 régions. D’abord, un déficit de pluie depuis des mois, qui ne permet pas au sol de refroidir l’atmosphère une fois le soleil couché. Ajoutez à cela un taux d’humidité de l’air particulièrement élevé (plus de 70% parfois), et l’inconfort est maximal. Dans un été plutôt doux, Nice et sa région font donc figure d’exception… Ou plutôt d’avertissement.
Des nuits tropicales partout dans la France de demain
Pour s’en convaincre, il suffit de consulter le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) de 2018, ou plus récemment la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) de 2023, tous deux commandés par le ministère de la Transition écologique pour mieux anticiper le climat futur.
Dans une France à +4° en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle (à la fois le pire et le plus « réaliste » des scénarios), le TRACC prévoit ainsi « 40 à 50 nuits tropicales par an » sur le territoire, et même « 90 dans les zones les plus exposées ». Et si la ville de Baie des Anges se trouve à ce douloureux poste avancé, ce n’est pas un hasard.
La région méditerranéenne subit en effet la dynamique du réchauffement climatique plus rapidement que le reste du continent européen, comme l’a alerté la Commission européenne en février 2024. Ce constat est précisé en France par les analyses de l’Insee, qui dressent un tableau rouge foncé des années à venir pour toute la façade sud-est du pays, contre orange partout ailleurs.
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L’évolution du nombre de nuits tropicales en France (Source INSEE/Météo-France)
Ce qui défavorise la région, c’est qu’elle se réchauffe plus vite que le reste de la planète et devient ce que de nombreux climatologues appellent un « point chaud ». Ce réchauffement affectant la mer elle-même (le 25 juillet 2023, la Méditerranée a atteint un record de 28,7°C), s’accompagne d’une diminution des précipitations. Selon les estimations précises du GIEC, un degré d’augmentation des températures annuelles équivaut à une diminution de 4 % de la quantité de précipitations.
Et qui dit moins de pluie, dit encore plus de nuits tropicales. C’est ainsi que, sans faire exception à une France (et une planète) en plein réchauffement, la situation des Alpes-Maritimes préfigure simplement ce que subira le reste du territoire d’ici à la fin du siècle. C’est pourquoi l’adaptation à la hausse des températures y est encore plus urgente qu’ailleurs.
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