ENVIRONNEMENT – Suffit-il de sortir le chéquier pour éviter un procès ? La convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) signée le 10 septembre par Nestlé Waters, qui va payer 2 millions d’euros en échange de l’abandon des poursuites pour forages controversés dans les Vosges et pratiques trompeuses, est une illustration de la justice négociée en plein essor en France.
Les CJIP sont des accords entre les procureurs et les entreprises défenderesses dans lesquels les entreprises acceptent de payer une amende et éventuellement de participer à un programme de conformité et de réparation, en échange de l’abandon des charges.
Dans la vidéo en haut de l’article, Le HuffPost retrace l’origine de cette procédure, inspirée de la justice américaine et votée en 2016 sous François Hollande, au sein de la loi Sapin 2 « relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique »Sous réserve de validation par un juge du fond, ces CJIP étaient initialement réservées à la criminalité économique mais ont été étendues à la justice environnementale sous Emmanuel Macron en 2020.
Nous avons été contactés, Le président de l’association vosgienne Eau 88, Bernard Schmitt, explique pourquoi, selon lui, cette procédure représente une « Machine à laver nuisible à l’environnement » au profit des grandes entreprises.
« Aucun danger pour la santé publique »
De son côté, le procureur d’Epinal a salué la conclusion de l’enquête. « la plus importante CJIP en matière environnementale signée à ce jour en France »L’amende la plus élevée à ce jour, d’un montant de 140 000 euros, a été infligée en mars 2023 par le tribunal judiciaire de Marseille à Campbell Shipping Company Ltd pour la pollution de l’air causée par l’un de ses navires.
En matière de trafic d’influence, de corruption ou de fraude fiscale, le record est détenu par Airbus, qui a accepté, début 2020, de verser 2,1 milliards d’euros à la justice française pour clore une enquête sur la corruption d’un agent public étranger.
Nestlé Waters, pour sa part, soutient que « Cette convention souligne que selon les investigations menées, les opérations de forage dans le bassin vosgien ont été régularisées en 2019, qu’aucune atteinte à la santé publique n’était à déplorer, et que les traitements précédemment effectués sur les eaux captées n’avaient en rien altéré la composition minérale de l’eau commercialisée ».
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