Après avoir fait son show il y a une dizaine de jours, notamment dans l’hémisphère sud, la comète Tsuchinshan-ATLAS est arrivée tôt dans la nuit dans l’hémisphère nord ce week-end. Le Figaro vous explique comment l’observer.
Faire des prévisions cométaires est toujours un exercice délicat. De nombreux paramètres entrent en jeu pour prédire l’intensité lumineuse d’une comète. Surtout lorsqu’il s’agit de son premier passage à proximité du Soleil, comme c’est le cas de Tsuchinshan-ATLAS, découvert seulement en janvier 2023.
Petit rappel pour les néophytes : une comète est un petit corps gelé de quelques kilomètres seulement qui a la particularité de se vaporiser lorsqu’elle s’approche du Soleil, au point qu’elle devient gigantesque en apparence, avec un cheveu (coma) pouvant mesurer des dizaines. de milliers de kilomètres et une queue encore plus longue. Cela peut ainsi former un point spectaculaire dans le ciel.
Le phénomène de vaporisation s’intensifie à mesure que le noyau cométaire se rapproche du Soleil, puis il diminue progressivement à mesure qu’il s’en éloigne. En l’occurrence, Tsuchinshan-ATLAS a dépassé son point le plus proche le 27 septembre. Il était alors déjà visible à l’oeil nu dans l’hémisphère sud, donnant lieu à de magnifiques photos, comme celles prises par le photographe Luc Perrot à La Réunion :
Si l’activité cométaire est maximale près du périhélie, la luminosité du phénomène observé depuis la Terre peut être encore plus intense. D’une part parce que la comète peut continuer à s’approcher de nous, et d’autre part parce que la configuration géométrique par rapport au Soleil est plus ou moins favorable. Ces derniers jours par exemple, la lumière provenant du Soleil est dispersée par son nuage de gaz et de poussières, ce qui lui confère un éclat particulièrement intense.
Ces derniers jours, la comète est entrée dans le champ de vision du satellite d’observation solaire Soho, dont elle sature presque les récepteurs. Sa magnitude est équivalente à celle de Vénus, l’étoile la plus brillante du ciel. Actuellement, elle pourrait presque être visible en plein jour (si elle n’était pas si proche du soleil…).
Ce pic de luminosité est cependant passager. « Ce phénomène de mise en lumière ne durera pas et la luminosité de la comète va rapidement diminuer »prévient Nicolas Biver, astronome à l’Observatoire de Paris, spécialiste des comètes. « Mais selon toute vraisemblance, il devrait rester visible à l’œil nu pendant au moins quelques jours. » Le spectacle pourrait être comparable, voire un peu plus impressionnant, à celui de la comète Neowise qui était visible à l’été 2020 en France métropolitaine.
En pratique, il faudra regarder plein ouest, au crépuscule. « Il sera à peine visible à l’œil nu au-dessus de l’horizon vendredi soir vers 20 heures* »explique Nicolas Biver. « S’il fait beau, que vous êtes quelque part dans les montagnes avec une vue dégagée vers l’ouest, vous pourrez peut-être le voir. » Pour d’autres, mieux vaut attendre samedi ou dimanche soir pour avoir la chance de l’observer. La comète sera chaque jour un peu plus haute, légèrement plus au sud, et se couchera environ 20 minutes plus tard.
A titre indicatif, elle se couchera après 22 heures du 18 au 20 octobre. « C’est une fenêtre d’observation d’autant plus favorable que la lune ne sera pas encore levée »explique l’astronome français. « Mais son ampleur aura alors fortement diminué. » L’équilibre ténu entre sa position dans le ciel, les conditions astronomiques et la luminosité intrinsèque de la comète sera subtil. Le paramètre le plus limitant pourrait en effet être la météo… Bref, profitez de toute soirée sans nuages des dix prochains jours pour trouver un lieu d’observation dégagé vers l’ouest et le plus épargné possible par la pollution lumineuse.
*Heure parisienne. Il faut environ une demi-heure jusqu’à Strasbourg, une demi-heure jusqu’à Brest.