Nayib Bukele, le « dictateur cool » du Salvador
« Vous voyez là-bas ? », s’étonne Alfredo, en montrant le chaos de la place Libertad, le cœur historique de San Salvador. « Là-bas, le matin, on trouvait des têtes coupées dans des sacs en plastique », raconte-t-il. « Avec une scie électrique », raconte cet élégant fonctionnaire salvadorien à la retraite, désireux de nous instruire sur les us et coutumes des « pandillas », la Mara Salvatrucha ou Barrio 18, gang qui rançonnait des milliers de commerçants sur les marchés de la capitale.
En 2019, année de l’élection de « Nayib » (« béni soit-il »), le Salvador, le plus petit pays d’Amérique centrale avec ses 6 millions d’habitants, a revendiqué un record mondial de 5 300 meurtres par an, un nombre d’homicides supérieur au total des 27 nations de l’Union européenne. Deux années de lois d’urgence et de pouvoir présidentiel absolu ont fait du Salvador la nation la plus sûre de l’hémisphère occidental. Au prix, bien sûr, de 85 000 arrestations de criminels ou présumés criminels, soit le taux d’incarcération par habitant le plus élevé au monde.