Défait en trois sets (6-4, 7-6, 6-3) lundi pour son retour à Roland-Garros, le Majorquin s’est néanmoins montré satisfait de son niveau de jeu. Il reste incertain quant à son avenir.
Comment vous sentez-vous après cette défaite contre Alexander Zverev ?
Je n’ai aucun sentiment négatif. Je me suis prouvé que j’étais prêt à faire plus qu’une défaite dès le premier tour. C’est comme ça, quand on n’est pas tête de série, on peut se retrouver face à un joueur en forme, l’un des meilleurs au monde. Je me sentais beaucoup mieux que lors des tournois précédents, j’avais l’impression de bien bouger. Mais j’avais un adversaire coriace, qui jouait très bien. Malgré tout ça, j’ai quand même eu ma chance et j’ai servi pour le set dans le deuxième set. Au troisième, encore une fois, j’ai cassé. Je n’étais pas très loin, à mon avis, d’y arriver. C’est mon sentiment. Ma vérité.
Lire aussiRoland-Garros : Rafael Nadal, le final qui n’a pas encore prononcé son nom
J’étais prêt à construire mon jeu et à reprendre confiance jour après jour, mais je n’ai pas eu l’occasion de le faire jour après jour. Aujourd’hui, j’avais besoin de lui (Zverev) pour ne pas faire un bon match.
Si c’est la dernière fois que je joue à Roland-Garros, je suis en paix avec moi-même. J’ai fait tout mon possible pour être prêt pour ce tournoi.
Rafael Nadal
Etes-vous satisfait de votre niveau de jeu ?
Je pense que j’ai joué à un bon niveau par rapport aux dernières semaines. Donc j’en suis satisfait mais je suis déçu d’avoir perdu. Et côté corps, je suis content d’avoir terminé en bonne forme. Je me suis battu, j’étais prêt à me battre davantage mais c’est comme ça. Vous devez l’accepter. Si c’est la dernière fois que je joue à Roland-Garros, je suis en paix avec moi-même. J’ai fait tout mon possible pour être prêt pour ce tournoi depuis près de 20 ans. Aujourd’hui et ces deux dernières années, j’ai traversé l’un des processus les plus difficiles de ma carrière de tennis. Mon rêve c’était de revenir ici, j’ai réussi mais bon, j’ai perdu, ça fait partie du jeu.
Est-ce difficile, avec tout ce que vous avez accompli, de vous éloigner d’un sport qui a fait partie de toute votre vie ?
Je ne vais nulle part pour le moment, je n’ai pas l’intention de déménager. Je ne sais pas ce qui va se passer dans les prochains mois. Mon état d’esprit est que je suis prêt à jouer jusqu’aux Jeux olympiques. Ensuite, je verrai comment je me sens à différents niveaux au niveau de la motivation personnelle, au niveau corporel, physique et au niveau tennistique également. Je vais voir si cela a du sens ou non de continuer à jouer.
Je suis entré sur le terrain aujourd’hui avec l’étrange sentiment que j’allais jouer un premier tour à Roland-Garros et que je n’allais pas être favori pour une fois.
Rafael Nadal
Comment avez-vous abordé ce premier tour ?
Je suis entré sur le terrain aujourd’hui avec l’étrange sentiment que j’allais jouer un premier tour à Roland-Garros et que je n’allais pas être favori pour une fois. J’espérais que mon adversaire ne jouerait pas à son meilleur niveau.
Je trouve qu’à certains moments j’ai joué à un très bon niveau, à d’autres moments j’ai raté quelques points, j’ai raté quelque chose. C’est normal d’avoir des hauts et des bas de niveau quand on ne joue pas beaucoup de tournois, et qu’on n’a pas joué ce type de match depuis presque deux ans.
Cette fois, par rapport aux autres fois où je suis revenu après des blessures, je suis parti de bas, sur tous les niveaux, physique, confiance, douleur. La plupart du temps, lorsque je revenais sur le terrain après des blessures, j’arrivais à revenir en pleine forme dès le départ et ce n’était pas le cas. Une semaine ne suffit pas pour être prêt à gagner ce type de match.
Novak Djokovic, Carlos Alcaraz et Iga Swiatek vous regardaient dans les tribunes. Qu’est-ce que cela signifie pour toi ?
Je ne les ai pas vus. Mais d’une certaine manière, ce n’est pas grave si c’était la dernière fois que je jouais ici. Si je savais que c’était la dernière fois que Novak jouait à Wimbledon ou à l’Open d’Australie, j’y serais. Carlos m’a probablement regardé à la télévision quand j’étais enfant, c’est normal que ces gens s’intéressent à ce match, surtout à cet endroit avec toute l’histoire que j’y ai accumulée. Quoi qu’il en soit, je suis heureux que cela se produise, cela signifie que j’ai laissé un héritage positif ici.
Je ne peux rien dire aujourd’hui, mais mon objectif principal est de disputer les Jeux Olympiques ici. Il faut donc que je me prépare au mieux pour essayer d’arriver à Paris en pleine forme et après on verra.
Rafael Nadal
Êtes-vous prêt à jouer plusieurs jours de suite avec ce niveau d’intensité ? Il le faudra aux Jeux Olympiques…
Je ne peux pas vous dire si je serai prêt ou pas dans un mois et demi car mon corps est un champ de bataille depuis deux ans. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Parfois, je me réveille un matin et trouve une jungle : un serpent qui me mord, le lendemain un tigre. C’est un vrai combat que j’ai dû mener contre ces blessures, mais la dynamique est en tout cas positive. Je me sentais prêt à venir jouer. Je pense que demain j’aurais été prêt à revenir jouer à nouveau. Mais je n’aurai pas à jouer demain…
Je dois faire le point et voir quel calendrier je dois mettre en place pour être prêt pour les Jeux Olympiques. Je ne peux rien dire aujourd’hui, mais mon objectif principal est de disputer les Jeux Olympiques ici. Il faut donc que je me prépare au mieux pour essayer d’arriver à Paris en pleine forme et après on verra.
Qu’est-ce qui vous motive à continuer et à garder votre combativité ?
Je suis un homme simple, à bien des égards. Ce qui est important pour moi, c’est de rentrer à la maison avec la satisfaction de savoir que j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour que les choses fonctionnent. C’est mon idée de la vie. C’est pourquoi je ne vous dis pas que je prends ma retraite aujourd’hui.
Dans un an, dans un an et demi, je ne veux pas avoir l’impression que je ne me suis pas donné toutes les chances possibles, que je n’ai pas fait de mon mieux, que je commençais à m’améliorer le physiquement et que je me suis arrêté à ce moment-là. Ce serait une honte. J’aime ce que je fais, je suis passionné par ce sport, par la compétition, j’aime m’entraîner, j’aime jouer au tennis. Je suis à une période un peu différente de ma vie personnelle : je voyage, je me déplace avec mon fils, ma femme et je profite de ces moments qui ne seront plus très nombreux.
Yves Herman / REUTERS
Envisagez-vous de jouer à Wimbledon ?
Cela me semble difficile, honnêtement. Je ne peux rien confirmer, mais j’ai le sentiment qu’il serait difficile de passer au gazon avant de rejouer sur terre battue pour les Jeux olympiques. Je dois en discuter avec mon équipe. Je ne pense pas que ce serait très intelligent, après tout ce que j’ai vécu physiquement, de passer sur une surface complètement différente et de revenir immédiatement sur terre battue. Même si j’avais prévu d’aller à Wimbledon, même si j’ai en quelque sorte réservé ma place, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
