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Nabil Benabdallah : « Face au défi des catastrophes naturelles, il est nécessaire d’investir massivement dans les infrastructures et d’adopter des politiques régionales équilibrées »

Nabil Benabdallah : « Face au défi des catastrophes naturelles, il est nécessaire d’investir massivement dans les infrastructures et d’adopter des politiques régionales équilibrées »



Nabil Benabdallah : « Face au défi des catastrophes naturelles, il est nécessaire d’investir massivement dans les infrastructures et d’adopter des politiques régionales équilibrées »

La nature, une fois de plus, n’a pas épargné le Maroc. Alors que le pays s’apprêtait à commémorer le premier anniversaire du séisme qui a frappé la région d’Al Haouz en septembre 2023, de nouvelles inondations meurtrières ont endeuillé le sud-est du pays. Ces tempêtes tragiques ont ramené au premier plan la question cruciale de la gestion des catastrophes naturelles et des inégalités régionales en matière d’infrastructures. C’est dans ce contexte que Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, a accordé une interview à l’émission « l’Info en Face ». Avec sa franchise habituelle, l’ancien ministre de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire n’a pas mâché ses mots en dénonçant les carences persistantes dans certaines régions du Royaume.

Des inondations sans précédent : un révélateur de faiblesses structurelles

Les récentes inondations qui ont frappé le sud-est du Maroc ont brutalement mis en évidence les disparités régionales en matière d’infrastructures. Selon les chiffres officiels publiés par le ministère de l’Intérieur, le bilan s’élève à 18 morts et 9 disparus, un chiffre qui pourrait encore s’alourdir. Plus de 90 routes ont été coupées, isolant de nombreuses villes et villages. A ce propos, Nabil Benabdallah a mis en avant l’ampleur inédite de ces tempêtes. « Ce qui s’est passé ces dernières semaines, et particulièrement ces trois derniers jours, est exceptionnel en termes d’impact. Ce n’est pas le genre d’événement auquel nous avons été confrontés ces dernières décennies », a-t-il déclaré. Mais au-delà de ce caractère exceptionnel, M. Benabdallah a pointé les faiblesses structurelles qui ont amplifié les conséquences des inondations. « Ces régions, situées dans le Sud-Est, sont gravement sous-équipées et continuent de souffrir de déséquilibres en termes de développement », a-t-il souligné.

Le Fonds de développement régional : une promesse non tenue

Ces inégalités criantes sont d’autant plus déplorables qu’il existe un outil censé les corriger, selon M. Benabdallah : le Fonds de développement régional. Prévu par la Constitution, ce fonds était censé compenser les déséquilibres entre les régions, notamment en finançant des infrastructures capables d’atténuer l’impact des catastrophes naturelles. « Nous disposons d’un Fonds de développement régional, qui est mentionné dans la Constitution, mais il n’est pas encore mis en place comme il se doit », a déploré le secrétaire général du PPS. Cette absence de mise en œuvre effective du fonds constitue, selon lui, une occasion manquée de préparer les régions les plus vulnérables à faire face aux aléas climatiques.

M. Benabdallah n’a pas hésité à pointer du doigt les choix budgétaires qui ont conduit à cette situation. Selon lui, il est vrai que les priorités budgétaires ont souvent été orientées vers l’éducation, la santé ou la couverture sociale, mais cela ne doit en aucun cas justifier le choix d’abandonner certaines régions à leur sort. « On ne peut pas avoir un Maroc à deux vitesses : d’un côté, des régions dotées d’infrastructures modernes comme le TGV et, de l’autre, des régions où les routes sont difficilement praticables et les infrastructures quasi inexistantes », a-t-il insisté.

Reconstruction post-séisme : des progrès insuffisants

Cette sortie a également été l’occasion pour Nabil Benabdallah de revenir sur la gestion de l’après séisme, un an après la catastrophe qui a frappé la région d’Al Haouz. Le chef du PPS n’a pas caché sa déception face au rythme de la reconstruction, qu’il juge trop lent. « Notre intention n’a jamais été de profiter du malheur des gens à des fins politiques », a-t-il tenu à souligner. « Nous avons critiqué de manière objective et responsable ». M. Benabdallah a reconnu que des efforts avaient été faits, mais il a souligné que de nombreux problèmes persistaient. « Nous avons constaté que certaines familles n’avaient toujours pas reçu les subventions promises, et que certains permis de reconstruction tardaient à être délivrés », a-t-il déploré. Plus inquiétant encore, selon lui, est le fait que « plusieurs familles vivent encore sous des tentes ». Cette situation, un an après le séisme, est inacceptable aux yeux du secrétaire général du PPS. Il a appelé à une accélération des mesures de reconstruction et à un meilleur suivi des promesses faites aux populations sinistrées.

Vers une nouvelle approche du développement régional

Pour relever ces défis, Nabil Benabdallah plaide pour une refonte en profondeur de la politique de développement régional au Maroc. Il a souligné la nécessité d’une meilleure coordination des actions de l’Exécutif. « Ce que nous demandons, c’est un meilleur équilibre dans la gestion des régions, afin qu’elles soient mieux préparées à faire face à de tels événements », a-t-il expliqué. Pour M. Benabdallah, le développement régional passe nécessairement par des investissements massifs dans les infrastructures, notamment dans les zones les plus vulnérables.

Le secrétaire général du PPS a également souligné l’importance du respect des spécificités locales dans les projets de reconstruction. Il a ainsi appelé à « une véritable politique de développement régional qui accorde la priorité aux zones rurales et montagneuses, tout en insistant sur la nécessité de respecter les normes écologiques et patrimoniales dans les projets de reconstruction ». Cette approche, selon lui, permettrait non seulement de réduire les inégalités entre les régions, mais aussi de renforcer la résilience du Maroc aux catastrophes naturelles. « Nous ne pouvons pas simplement réagir après chaque catastrophe », a-t-il dit. « Nous devons anticiper et préparer nos régions à faire face à ces défis ».

Un appel à l’action collective

Nabil Benabdallah a saisi cette occasion pour appeler à une action collective. Pour lui, réduire les inégalités régionales et préparer le Maroc aux défis climatiques ne peut être l’affaire du seul gouvernement. « Nous avons besoin d’un effort collectif impliquant tous les acteurs de la société : le gouvernement, les collectivités locales, la société civile et le secteur privé », a-t-il souligné. Il a également insisté sur le rôle crucial que doivent jouer les partis politiques, y compris ceux de l’opposition, dans ce processus. « Notre rôle est d’alerter, de proposer et de suivre l’action du gouvernement », a-t-il rappelé.

M. Benabdallah a également mis en avant l’importance de la transparence et de la reddition de comptes dans la gestion des fonds destinés au développement et à la reconstruction régionale. « Les citoyens ont le droit de savoir comment l’argent public est utilisé et quels sont les résultats concrets des politiques mises en œuvre », a-t-il déclaré. Enfin, le secrétaire général du PPS a appelé à une prise de conscience collective des défis posés par le changement climatique. « Les catastrophes naturelles que nous avons connues ces dernières années ne sont probablement qu’un début », a-t-il prévenu. « Nous devons agir dès maintenant pour préparer notre pays aux aléas climatiques et aux événements extrêmes ».

lematin

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