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Mythologie égyptienne : quand la Voie lactée était une déesse

Re (ou Râ) pour le dieu soleil. Horus pour le lever, Atoum le soleil du soir, Osiris son coucher et plus généralement ses cycles. Le sage Thot ou l’enfant Khons pour la lune. Seshat pour les étoiles… Chez les anciens Egyptiens, les mouvements des étoiles étant considérés comme des manifestations d’actions divines, dieux et déesses leur étaient naturellement associés.

Pourtant, la représentation de la Voie lactée – cette fameuse galaxie spirale qui abrite notre système solaire et se manifeste à nos yeux sous la forme d’une bande blanchâtre et diffuse dans le ciel nocturne – restait désormais floue dans la religion et la société. Culture égyptienne. Une étude menée par l’astrophysicien Or Graur, professeur agrégé à l’université de Portsmouth (Angleterre) et publiée dans le Journal of Astronomical History and Heritage le 2 avril 2024, pourrait bien lever le mystère : le spécialiste, grâce à une approche interdisciplinaire, est parvenu à relient la Voie Lactée à la déesse majeure Nout.

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L’Egypte pharaonique de Cléopâtre, héritière d’un empire trimillénaire

Textes hiéroglyphiques et reconstitutions du ciel

L’idée du Dr Or Graur derrière cette recherche est née d’une discussion avec ses filles. « Ils étaient enchantés par cette image de femme voûtée (Nout) et n’arrêtaient pas de me demander d’entendre des histoires sur elle.dit-il dans un communiqué de presse. Cela a piqué mon intérêt et j’ai décidé de combiner l’astronomie et l’égyptologie pour mener une double analyse – astronomique et interculturelle – de la déesse céleste Nout afin de savoir si elle pouvait réellement être liée à la Voie lactée. « .

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Pour y parvenir, le spécialiste s’est appuyé sur une riche collection de sources anciennes, dont notamment Textes des pyramides, les plus anciens écrits religieux connus à ce jour datant de l’Ancien Empire (environ 2700 à 2200 avant JC) ; LE Textes des sarcophagescorpus funéraires inscrits sur des sarcophages de l’Empire du Milieu (vers 2033 à 1786 av. J.-C.) et dont certains figurent dans les Livre des morts ; et bien sûr, le Livre de Noixdes écrits astronomiques et mythologiques conservés sur papyrus et des monuments de diverses époques, comme le tombeau de Ramsès IV dans la Vallée des Rois.

Toutes ces données ont été combinées à des simulations sophistiquées du ciel nocturne égyptien d’il y a 3 000 à 4 000 ans, permettant à l’auteur de l’étude de suggérer que la Voie lactée pourrait avoir été une représentation céleste de la déesse Nout. Petite-fille du dieu solaire Atoum, fille du premier couple divin (le dieu de l’air Shou et la déesse du four solaire Tefnout), sœur et épouse du dieu Terre Geb, mère d’Osiris, Seth, Isis et Nephthys… Cette divinité est l’un des plus importants du panthéon égyptien, pour son rôle originel dans sa cosmogonie, l’histoire de la formation du Monde.

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La Voie Lactée est-elle une manifestation de Nut ?

Nout, déesse du ciel, était ainsi souvent représentée comme une femme voûtée parsemée d’étoiles, couvrant et protégeant le monde – ou plutôt son jumeau, le dieu de la Terre Geb – des eaux menaçantes du néant. Les anciens Égyptiens croyaient aussi que chaque jour, le soleil parcourait son corps : elle avalait l’étoile au coucher du soleil pour la faire renaître de son ventre à l’aube. La « mère étoile » était donc, dans cette mythologie antique, étroitement liée à la régénération et à la résurrection, symbolisant le cycle éternel de la vie, de la mort et de la renaissance. Juste ça.

Cependant, les égyptologues étudiant cette divinité n’ont pas pu s’entendre, tout comme les historiens de l’astronomie plaçant les constellations égyptiennes antiques sur celles contemporaines – la patte avant de leur taureau constituait notre Grande Ourse – sur la manière de cartographier son corps sur la Voie lactée. Cependant, l’analyse du Dr Or Graur pose ici l’hypothèse que ce sont les orientations ouest et est (selon les saisons) de la Galaxie qui auraient pu autrefois être interprétées comme représentant le torse/colonne vertébrale de Nut en été, les bras tendus en hiver.

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En d’autres termes, cette lecture établit un lien entre mythologie et observation astronomique, suggérant (ou plutôt confirmant) que les anciens Égyptiens auraient pu, il y a plusieurs millénaires, utiliser des constellations et des configurations célestes pour symboliser leurs concepts cosmologiques.

Parallèles avec les conceptions d’autres cultures

En plus de fournir la preuve que la Voie lactée mettait en évidence la présence divine de Nout, l’étude met également en évidence des similitudes entre les croyances égyptiennes et celles d’autres peuples. « Le rôle de Nut dans la transition du défunt vers l’au-delà et son lien avec le migration annuelle des oiseaux correspondent à la façon dont d’autres cultures comprennent la Voie Lactée »présente son auteur.

On l’appelle en effet le « Fleuve d’Argent » ou la « Route des Esprits » chez différents peuples d’Amérique du Nord ou Centrale, le « Chemin des Oiseaux » en Finlande et dans les pays baltes… « (…) l’identification de Nuit à la Voie Lactée pourrait même avoir des échos dans les conceptions africaines contemporaines de la Galaxie », il ajoute. Chez les Gǀui du Botswana, en particulier, les concordances entre les histoires de Nut et de leur dieu N!adima, qui transporte le soleil à travers la Voie lactée, sont frappantes, explique-t-il dans Scientific American.

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(Mes recherches) mettent en évidence comment l’astronomie relie l’humanité à travers les cultures, la géographie et le temps. – Ou Graur.

L’approche utilisée ici reflète les multiples possibilités que la combinaison des disciplines – astronomie, égyptologie et anthropologie – peut offrir pour éclairer de nouvelles perspectives sur les croyances anciennes, se réjouit le Dr Or Graur, avant de conclure : « Cet article marque le début passionnant d’un projet plus vaste visant à cataloguer et étudier la mythologie multiculturelle de la Voie lactée. »

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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