Multiplier par huit les frais de divorce, la dernière idée de Vladimir Poutine pour financer la guerre
Le Kremlin espère combler son déficit budgétaire et en même temps freiner le rythme des poursuites judiciaires, parmi les plus élevés au monde.
Pour financer la guerre en Ukraine, chaque rouble compte. Le ministère russe des Finances a élaboré un projet de loi visant à multiplier par huit les frais de divorce, rapporte Bloomberg, citant la presse locale. Dans le cadre d’un amendement à la loi fiscale votée en juin, le texte prévoit une augmentation des frais de divorce de 650 à 5 000 roubles. Une somme qui représente un quart du salaire mensuel minimum en Russie.
Le Kremlin doit combler son déficit budgétaire de 32 milliards de dollars et cherche toute marge de financement pour l’aider à perpétuer son « opération spéciale »Car l’Etat dépense sans compter : le budget militaire est estimé à 140 milliards de dollars cette année, contre 60 milliards en 2023. Les salaires des militaires, très élevés pour rester suffisamment incitatifs, peuvent grimper jusqu’à douze fois le salaire minimum pour un contrat d’un an, selon des données récentes de l’AFP.
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Le texte permettrait ainsi de lever des fonds à un moment où la pression financière de l’Occident s’accroît. En juin, les États-Unis ont redoublé d’efforts pour réduire les sources de financement de la Russie, ciblant pratiquement toute entité étrangère entretenant encore des liens avec Moscou.
Taux de divorce élevé
Pour le pays très conservateur, cela lui permet de faire d’une pierre deux coups en enrayant la recrudescence des procédures. Le taux de divorce au pays des tsars est l’un des plus élevés au monde, avec 683 700 demandes enregistrées en 2023. L’invasion de l’Ukraine n’a pas arrangé les choses, avec une augmentation de 5 % par rapport au niveau d’avant-guerre. La taxe, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2025, intervient aussi au moment où Poutine cherche à relancer la natalité à tout prix, tandis que la démographie est un enjeu crucial pour l’avenir de Moscou, confronté à des pénuries de main-d’œuvre. Dans un discours en novembre dernier, le chef du Kremlin avait appelé les femmes à avoir autant d’enfants que leurs grands-mères en avaient autrefois – sept à huit rejetons – citant « de merveilleuses traditions. »
Le projet de loi prévoit également de tripler les frais de changement de nom dans les documents officiels, de 1 500 à 5 000 roubles, ainsi qu’une augmentation de 35 000 à 400 000 roubles pour les entreprises qui déposent une plainte auprès de l’agence antitrust du pays (protection de la concurrence). Le gouvernement avait déjà annoncé son intention d’augmenter les impôts sur les entreprises et les hauts revenus, ce qui commencera à apporter des recettes supplémentaires au budget à partir de 2025.