Mpox : la France en état de vigilance maximale, faut-il craindre un nouveau Covid-19 ?
Par
Léa Giandomenico
Publié le
; mis à jour le 20 août 2024 à 8h01
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La France a élevé son système sanitaire en niveau d’alerte maximale, des cas « sporadiques » de Mpox sont attendus dans les prochains jours dans le pays… Ce virus émergent nous ramène quelques années en arrière, aux heures de gloire du Covid-19.
Initialement inconnu, le coronavirus s’est transformé en épidémie, puis en pandémieet la France a été confinée pendant plusieurs mois pour éviter la propagation de la maladie. Alors, le Mpox (pour monkeypox) est-il un nouveau Covid-19 ?
Rappelons d’abord que le Monkeypox est un virus connu « depuis la nuit des temps », et qui a refait surface sur le continent africain ces dernières semaines, provoquant la mort de plusieurs personnes, comme l’expliquent deux infectiologues contactés par actu.fr, pour un article précédent.
Une maladie qui se transmet par contact physique
Si le virus est fondamentalement un anthropozoonosec’est-à-dire une maladie qui ne touche pas seulement les humains, et qui se transmet des animaux aux humains, elle se transmet désormais entre hommesEn Afrique, elle se transmet « par contact physique », simplement à travers la peau, selon Jean-Paul Stahl, infectiologue et professeur émérite à l’université de Grenoble.
« Mais ici en Europe, le virus se transmet particulièrement par voie sexuelle, et surtout entre hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes », ajoute le spécialiste.
La nouvelle souche du virus, clade Ib, est particulièrement virulente. « La souche qui émerge touche désormais les adultes et pas seulement les enfants », notamment en Afrique.
« En ne s’inquiétant pas beaucoup jusqu’à présent des conditions sanitaires désastreuses dans cette région du monde, la communauté internationale a laissé se développer les conditions pour que ce virus se multiplie et mute pour devenir plus transmissible et peut-être plus virulent pour toucher d’autres segments de la population jusque-là peu concernés », explique Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de Santé Globale de Genève, contacté par actu.fr.
Et les symptômes ne sont pas réjouissants : fièvre, fatigue, douleurs musculaires et surtout une éruption cutanée sur tout le corps (avec des taches pouvant se transformer en pustules douloureuses).
« Aucune caractéristique similaire à celle du Sars-Cov-2 »
Les boutons ne nous rappellent pas le Covid-19, mais La fièvre et les courbatures suggèrent ce virus respiratoirequi se transmet très facilement, par voie aérienne, et qui a donné lieu à l’obligation du port du masque pendant un temps en France et ailleurs.
Alors, compte tenu de ces points communs, le Mpox pourrait-il donner lieu à la même situation ?
« S’il y a des points communs entre toutes les émergences épidémiques (…), il existe entre elles des différences notables, chacune avec ses particularités. Dans le cas du Mpox, nous disposons de l’alerte, des outils de diagnostic, des antiviraux et du vaccin pour nous en protéger dès le temps zéro, ce qui, rappelons-le, n’était pas le cas du Covid », rappelle l’épidémiologiste.
Concernant le mode de transmission, la crainte est que ce virus, qui peut s’attraper dans l’air, se propage très rapidement dans la population, comme le Covid. « On craint une transmission par les voies respiratoires, comme le Covid, mais le risque, s’il existe, n’est pas encore précisé », ajoute Antoine Flahault.
La transmission du coronavirus par aérosol est prédominante, donnant lieu à des vagues affectant la quasi-totalité de la population. Jusqu’à preuve du contraire, le Mpox, même avec son clade Ib, ne semble pas avoir de caractéristiques similaires à celles du SARS-CoV-2 à cet égard.
Une bonne anticipation politique de la maladie
Du côté de la décision politique, là aussi, la situation est différente, pour Antoine Flahault, car « l’urgence de santé publique de portée internationale a été déclarée par le directeur général de l’OMS le 14 août et il n’a pas fallu un jour pour identifier le premier cas hors d’Afrique, en Suède, montrant à la fois l’urgence de la situation sanitaire mais aussi la pertinence de cette décision pour le monde entier et pas seulement pour l’Afrique. »
L’état d’urgence sanitaire décrété par l’OMS doit nous permettre de mieux comprendre le virus et la maladie afin de nous aider à mieux la contrôler.
Et puis les premiers cas, « devraient aussi permettre de mieux comprendre les voies de transmission du virus », et « de mieux identifier les symptômes mais aussi la gravité de la maladie et de mieux connaître la réponse aux antiviraux disponibles ».
Pas de vague massive en Europe « à court terme »
Pour l’instant, on ne peut pas parler d’épidémie massive de Mpox en Afrique, « donc on ne s’attend pas à voir une vague massive en Europe à court terme ». Cependant, l’objectif de cette alerte sanitaire internationale est de « tout faire pour que cela n’arrive pas ».
« Depuis le Covid, on sait avec quelle rapidité les explosions épidémiques peuvent survenir », ajoute Antoine Flahault.
Et effectivement, cette alerte est déclenchée relativement tôt, par rapport à la pandémie de Covid-19, et de même pour notre pays. En France, Gabriel Attal a annoncé le relèvement du système de santé à son « niveau d’alerte maximale » ce vendredi 16 août 2024, avant même que des cas ne soient déclarés en France.
Pour l’instant, on ne peut pas parler d’épidémie massive de Mpox en Afrique, on ne s’attend donc pas à voir une vague massive en Europe à court terme. Mais l’objectif de cette alerte sanitaire internationale est de tout mettre en œuvre pour que cela n’arrive pas.
Et l’épidémiologiste de conclure : « On sait depuis le Covid avec quelle rapidité les explosions épidémiques peuvent survenir. » A priori, le Mpox devrait être moins soudain, et surtout moins violent. D’autant qu’un vaccin existe déjà : s’il doit être mis en place, la politique de vaccination sera sûrement plus rapide et plus efficace que pour le Covid.
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