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Mouvement de grève chez le géant du jeu vidéo, sur fond d’incertitudes et de rumeurs de rachat

Mouvement de grève chez le géant du jeu vidéo, sur fond d’incertitudes et de rumeurs de rachat

« Les jeux vidéo sont une passion pour nous tous. Ce n’est pas une raison pour accepter de mauvaises conditions de travail. » Il y a une semaine, l’ambiance était à la fête pour Ubisoft, avec l’inauguration de son nouveau studio à Bordeaux. Ce mardi 15 octobre, l’ambiance est à la grève, à l’appel de plusieurs organisations, dont le Syndicat des travailleurs du jeu vidéo (STJV).

Celle qui s’inquiète des « conditions de travail » est Laure Turban, « productrice associée » chez Ubisoft Bordeaux et représentante du STJV. « La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, explique-t-elle, a été l’annonce mondiale selon laquelle l’accord sur le télétravail était en train de changer sans que cela ait été discuté en amont. » Selon elle, ce changement de politique « risque d’obliger certains à quitter l’entreprise : en effet, depuis cinq ans, tous les recrutements se faisaient avec possibilité de télétravail et les collègues s’étaient parfois installés loin des studios ». Contactée par « Sud Ouest », l’entreprise indique qu’« après avoir soigneusement étudié nos besoins métiers et les retours de nos équipes, nous avons décidé de ne pas revenir à un modèle 100% présentiel mais réfléchissons à modifier notre approche pour que les équipes sont au bureau au moins trois jours par semaine.

Nous réfléchissons à changer notre approche pour que les équipes soient au bureau au moins trois jours par semaine »

Ubisoft assure toutefois que « ceux qui en ont besoin auront le temps de s’adapter à ce changement et nos chefs d’équipe locaux détermineront quand des exceptions sont justifiées ».

« Délit d’initié »

Reste que l’annonce globale (Ubisoft compte 45 studios sur toute la planète) s’inscrit, en France, dans un contexte juridique : « Une négociation avec les élus syndicaux au CSE (Conseil Social et Economique) est obligatoire », souligne Laura Turban. Ce que la direction est d’accord : « Des discussions sont en cours. »

Mais la question du télétravail n’explique pas à elle seule l’ambiance dégradée. « Cela intervient après des négociations sur l’intéressement au cours desquelles la direction a mis le couteau sous la gorge des syndicats pour qu’ils signent un accord moins avantageux – ce qu’ils ont refusé », indique le représentant du STJV. Auparavant, ce sont les négociations salariales qui nous laissaient l’impression d’un manque de dialogue et d’incertitude. »

Cette incertitude est accentuée par l’actualité commerciale et financière d’Ubisoft : début décevant du jeu « Star Wars Outlaws », baisse de l’action boursière, report du lancement d’« Assassin’s Creed Shadows »… « A chaque fois, on apprend la nouvelle via les réseaux sociaux. », regrette la Bordelaise.

Dernier rebondissement : des soupçons de délit d’initié. Après l’annonce par Bloomberg le 4 octobre du possible rachat d’Ubisoft par le chinois Tencent, l’action du Français a rebondi de 30%. Mais un internaute a repéré un ordre d’achat de 225 000 actions quarante-cinq minutes avant la publication de l’information. Et la députée PS du Puy-de-Dôme Christine Pirès Beaune a demandé à l’Autorité des marchés financiers (AMF) de se pencher sur la question.

Interrogé à ce sujet, Ubisoft n’a pas fait de commentaire. Le préavis de grève court jusqu’à jeudi.

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