Hier soir, une nouvelle opération de démoustication a eu lieu à Blagnac près de Toulouse (Haute-Garonne). Mandatée par l’ARS d’Occitanie, la société Altopictus a dégainé ses lances et son pulvérisateur pour éradiquer le nuisible vecteur de maladies. Un habitant a été diagnostiqué atteint d’une maladie tropicale.
C’est un rituel bien rodé pour les « ghostbusters » (ou plutôt les « moustiques ») de la société Altopictus. Ces chasseurs de moustiques interviennent la nuit, à la demande de l’ARS d’Occitanie, dès qu’un cas de maladie tropicale est signalé dans une zone géographique ou pour toute opération de lutte anti-vectorielle, notamment curative.
A Blagnac, un cas de maladie tropicale vient d’être détecté. La société Altopictus est intervenue hier soir.
Dans les locaux d’Altopictus situés près de Toulouse, l’opération se prépare presque systématiquement. C’est la 34e sortie depuis le mois de mai. Inutile de préciser que les gestes sont bien huilés. Il suffit de mélanger une dose d’insecticide à un corps gras et de le diluer dans de l’eau.
Ensuite, plusieurs agents en tenue de protection et armés de pulvérisateurs se promènent. Il y a aussi un véhicule équipé pour épandre le produit plus largement. En ligne de mire : les espaces verts et les feuillages où se cachent les bestioles piqueuses. Renaud Chevalier, responsable technique d’Altopictus, connaît bien le ravageur. « C’est un moustique diurne, qui pique le jour. Il ne pique pas la nuit car il se repose dans le feuillage. C’est à ce moment-là que nous faisons ces opérations. Le but est de l’atteindre avec un insecticide. Il pourrait être potentiellement infecté. »
L’opération dure environ une heure entre 23 heures et 6 heures du matin, lorsque la population et les moustiques se reposent. Selon la zone à traiter, les moyens sont déployés. Plusieurs rues, jardins publics et privés du quartier Bélisaire de Blagnac sont concernés.
C’est ici qu’un cas de maladie tropicale a été détecté chez un habitant. Au préalable, la population est prévenue du passage. Les riverains ont également été prévenus à l’avance pour adopter les bons gestes avant et après cette opération. « Il faudra fermer les fenêtres, couvrir les piscines et les étangs si possible, précise Jean-Sébastien Clerc, directeur général des services de la mairie de Blagnac. Cela permettra d’éliminer les espèces pour tuer les moustiques. Le lendemain de l’opération de démoustication, il est conseillé de rincer le mobilier de jardin, de nettoyer les tables et de découvrir les bassins. »
La période estivale est toujours celle où la vigilance est de mise. La compagnie intervient parfois 4 ou 5 fois chaque semaine. De nombreux voyageurs reviennent de zones tropicales classées à haut risque. Lorsque le diagnostic est établi par un médecin, l’Agence régionale de santé est immédiatement prévenue. L’ARS d’Occitanie contacte alors la société Altopictus mandatée pour ces opérations. Les agents disposent alors de 72 heures ouvrées pour réaliser l’ensemble des opérations.
Reportage 2023 France 3 Occitanie Christophe Romain Eric Coorevits Eve Ducau
Durée de la vidéo : 00h02mn00s
Les opérations de démoustication se multiplient pendant l’été. Comment ça marche et quels sont les produits ? Réponses dans ce reportage de France 3 Occitanie
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©FTV
Les trois maladies à arbovirus (chikungunya, dengue, Zika) reviennent chaque été car de nombreuses personnes reviennent de voyages dans les départements d’outre-mer (principalement les Antilles), où des épidémies de dengue, de Zika ou de chikungunya sont régulièrement détectées. Certains reviennent avec la maladie contractée sur place.
Il existe aussi ce que l’on appelle des « cas autochtones ». Le premier cas de chikungunya a été enregistré le 31 juillet en Ile-de-France. En clair, cela signifie que la personne n’a pas voyagé récemment dans des régions du monde où circule ce virus, transmis d’une personne à l’autre par les moustiques tigres. En pleine période des Jeux olympiques, la vigilance est particulièrement accrue.
🦟 Un cas autochtone de #chikungunyac’est-à-dire à transmission locale, a été enregistrée en Île-de-France.
Nouvelle preuve que le moustique tigre, vecteur notamment du chikungunya, a colonisé la quasi-totalité de la France.
1/2 pic.twitter.com/cghJB4vlgm— Nicolas Berrod (@nicolasberrod) 31 juillet 2024
Concernant la dengue, un premier cas autochtone a également été signalé le 8 juillet dans l’Hérault. L’ARS d’Occitanie a indiqué avoir déployé des actions de prévention à Montpellier et à Pérols. Une action de démoustication a eu lieu pour « éliminer les gîtes larvaires et les moustiques adultes dans les lieux de résidence et de passage de la personne malade » selon l’ARS. A noter qu’aucun cas autochtone n’a été signalé après une intervention de la société Altopictus, le protocole semble donc efficace.
Outre ce cas « autochtone », selon l’AFP, depuis le début (début mai) de la surveillance renforcée des maladies liées à la période d’activité des moustiques tigres, neuf cas importés de chikungunya ont également été recensés en France métropolitaine.
Lorsqu’un cas autochtone d’arbovirose est identifié, les mesures de lutte antivectorielle sont renforcées par des traitements de démoustication dans une zone plus large et une recherche active de cas autour des foyers, selon Santé publique France.
Selon l’AFP, les cas de dengue et d’autres maladies liées aux moustiques sont en augmentation en Europe, « Le changement climatique crée des conditions plus favorables à la propagation de moustiques invasifs dans des zones auparavant non affectées »Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), l’agence européenne de la santé, a alerté le 11 juin.
Fin juin, la Commission européenne a autorisé le premier vaccin contre le chikungunya, baptisé Ixchiq et développé par un laboratoire européen.
Il n’existe actuellement aucun traitement contre le chikungunya. Soyez vigilants et méfiez-vous : cette infection peut provoquer une forte fièvre et des lésions articulaires souvent invalidantes chez les patients. Ce n’est pas pour rien que chikungunya signifie « maladie de l’homme courbé » en makonde, une langue bantoue parlée en Tanzanie et au Mozambique.
Benoît Roux avec Stéphane Compan et Laurence Boffet