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Motion de censure, récit de l’après-midi qui a vu la chute du gouvernement Barnier

Le moment est historique. Aucun gouvernement n’a été censuré depuis celui de Georges Pompidou le 4 octobre 1962, dans les premières années de la Ve République. Passionné d’histoire, Jean-Luc Mélenchon le sait. Et ce mercredi 4 décembre en début d’après-midi, l’ancien député et candidat à l’élection présidentielle est arrivé en avance pour ne rien manquer de l’événement, traversant la salle des Quatre Colonnes sous les objectifs des photographes.

Peu avant 20h30, le gouvernement de Michel Barnier tombe, trois mois presque jour pour jour après la nomination de l’ancien commissaire européen à Matignon, le 5 septembre. Le résultat est sans surprise et sans appel : 331 députés, au-dessus de la majorité requise des 288 voix, votez pour la motion de censure déposée par la gauche, après que le gouvernement a eu recours à l’article 49.3 de la Constitution pour adopter le projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Mais le Premier ministre s’est battu jusqu’au bout. Pour une dernière intervention avant le vote, Michel Barnier monte sur la tribune de l’Assemblée nationale sous les applaudissements et « bien joué » de son camp. « Je suis très touché »dit-il. « Ce n’est pas par plaisir que j’ai présenté presque uniquement des mesures difficiles dans ce budgetil justifie. J’aurais préféré distribuer de l’argent” Et «Cette réalité ne disparaîtra pas par la magie d’une motion de censure. »

« Je n’ai pas peur »

Les dés sont jetés depuis plusieurs jours, mais Michel Barnier défend ses choix budgétaires et met en garde contre  » conséquences «  du vote de censure. « Quels sont les enjeux », «Ce n’est certainement pas le résultat d’un bras de fer entre l’un ou l’autre des partis politiques et le Premier ministre. Ce n’est pas non plus le sort du Premier ministre, car je n’ai pas peur.»il explique. Mais c’est, selon lui, « notre capacité collective à faire des pas les uns vers les autres, à surmonter les tensions et les divisions qui font tant de mal à notre pays, à avoir l’intérêt général comme seule boussole. »

Auparavant, dans un hémicycle bondé, ses adversaires ne l’ont pas épargné. Premier à intervenir pour défendre la motion de censure de la gauche, le député La France insoumise Éric Coquerel, président de la commission des finances, dénonce « illégitimité » du Premier ministre et de la coalition de droite et du centre qui le soutient. « Séditieux! » »crie un député d’un autre côté. Devant Jean-Luc Mélenchon désormais assis dans les tribunes publiques, les élus LFI jugent avant tout Emmanuel Macron responsable de la  » chaos « expliquant que la censure semble « le glas d’un mandat : ​​celui du président ».

Défendant le deuxième texte de censure, la présidente du groupe Rassemblement national Marine Le Pen cible également le chef de l’Etat, confronté à « méfiance populaire massive » Et « définitive »à ses yeux. C’est à lui de « pour conclure s’il peut rester ou non » à l’Élysée, insiste-t-elle. Elle semble, comme son rival Jean-Luc Mélenchon, à gauche, et d’autres responsables, à droite, miser sur une élection présidentielle anticipée, après la dissolution de juin. Le soir, sur le réseau social X, Jean-Luc Mélenchon ajoutera : « Emmanuel Macron doit partir ! »

Tout l’après-midi, l’attitude de Marine Le Pen, qui a décidé de voter la censure après avoir accru ses exigences envers Michel Barnier, a été au centre des débats. Le président du groupe socialiste Boris Vallaud reproche au Premier ministre d’avoir trouvé « plus approprié de parler avec l’extrême droite qu’avec la gauche ». Se plaçant dans la période post-censure, l’ancien conseiller de François Hollande appelle à une « élan moral » et une mobilisation de « démocrates sincères et républicains ardents ». S’adressant notamment aux députés du bloc central, le socialiste leur dit : « Préférez-vous négocier avec une gauche au pouvoir »même « imparfait »Ou « Continuer à se plier aux injonctions de Marine Le Pen ? »

« Nous sommes tous des perdants »

A son tour, le président du groupe Droite républicaine, Laurent Wauquiez fustige le « jonction » entre le RN et LFI. « Les Français jugeront durement le choix de ceux qui prétendent vouloir restaurer le pays et choisissent aujourd’hui le désordre (et) ceux qui ont voulu être responsables et choisiront l’irresponsabilité »prévient le leader Les Républicains, appelant Marine Le Pen à « se rassembler ». « Vous faites du mal au pays et aux Français »accuse également le patron des députés macronistes, Gabriel Attal, soulignant « une erreur face à l’histoire » du RN, avant d’appeler également le Parti socialiste à « Ressaisis-toi » en se libérant de « l’extrême gauche ».

Quelques heures avant le tranchant de la censure, des élus de la Renaissance ont esquissé, dans les couloirs du Palais-Bourbon, un début de remise en question. « C’est à nous de faire notre autocritique »» a convenu le député Mathieu Lefèvre. « Nous sommes tous des perdants », « Tout le monde est irrationnel »» a ajouté un conseiller parlementaire. Malgré les éléments de langage qui ne doivent pas être « ne pas banaliser le moment »les macronistes étaient déjà dans l’ère post-censure. Comme les députés de tous les groupes.

Que fera le président de la République ? De retour à l’Élysée juste avant le vote à l’Assemblée, après un déplacement de trois jours en Arabie Saoudite, Emmanuel Macron va reprendre les commandes pour désigner rapidement un successeur à Michel Barnier. Le chef de l’Etat s’adressera aux Français jeudi 5 décembre à 20 heures

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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