Moscovici exhorte Barnier à taxer davantage les plus riches et les retraités
Les plus riches et les retraités sont dans le viseur du Conseil pour les prélèvements obligatoires. En pleine crise budgétaire, le président de cet organisme rattaché à la Cour des comptes a exhorté le gouvernement Barnier à recourir à ces deux catégories lors d’un point presse ce lundi 14 octobre.
» Nous sommes confrontés à une situation extrêmement dégradée de nos finances publiques », a déclaré le magistrat. Face à ce constat, « il est essentiel de garantir l’égalité devant les impôts car c’est la clé du consentement aux impôts. Le levier fiscal doit être mesuré et ciblé (…) Nous proposons de limiter la concentration des niches fiscales sur les revenus les plus élevés », a-t-il déclaré.
De son côté, le gouvernement Barnier a précisé ses mesures fiscales lors de la présentation du projet de loi de finances 2025, jeudi 10 octobre. Les plus riches et les seniors devraient être sollicités en 2025. Mais les chiffres repris dans les documents budgétaires de ces derniers jours semblent bien inférieurs à ce qui avait été initialement annoncé par le gouvernement.
Sur la contribution exceptionnelle sur les plus hauts revenus (CEHR), seuls 25 000 foyers fiscaux seraient concernés contre 65 000 initialement évoqués par Bercy, selon des documents annexés au budget. Dubitatifs sur le rendement attendu de cette fiscalité, plusieurs députés de la commission des Finances ont remis en question les intentions du gouvernement en matière de fiscalité vendredi dernier, lors d’une audition des ministres Antoine Armand (Économie) et Laurent Saint Martin (Comptes publics). ).
Limiter la concentration des crédits d’impôt sur les plus riches
Dans leur épais rapport, les auteurs du CPO critiquent les crédits et réductions d’impôts bénéficiant au sommet de la pyramide. Est notamment à l’honneur le crédit d’impôt pour travail à domicile dont le montant est estimé à 5,9 milliards d’euros chaque année. L’embauche d’une personne à domicile permet l’ouverture d’un crédit d’impôt à 50 % des dépenses, avec un plafond fixé à 12 000 euros. Cela peut impliquer du jardinage, du bricolage ou de l’entretien de la maison. Le recours à ce crédit d’impôt se concentre principalement sur les plus riches.
Par catégorie de population, l’écart du taux de recours est particulièrement criant (10 % au 70e centile de la population contre 50 % au 99e centile). Pour limiter les mécanismes d’optimisation, le CPO recommande d’abaisser le taux du crédit d’impôt de 50 % à 40 %. Ce qui ne devrait pas faire augmenter le travail dissimulé, selon Pierre Moscovici.
Les crédits d’impôt pour dons sont également dans la ligne de mire du CPO. » Ce système peut paraître efficace pour financer les associations, mais il apparaît bien plus élevé qu’à l’étranger. », souligne l’ancien commissaire européen. Utilisée par les plus hauts revenus, la réduction sur les dons est vilipendée par de nombreux économistes. Le conseil des prélèvements obligatoires suggère une réduction du montant de la prestation à 50 % du don contre 75 % actuellement dans certains cas.
Retraités : la réduction de 10 % dans le collimateur
L’autre cible évoquée par les membres du conseil des prélèvements obligatoires concerne les retraités. » Nous nous concentrons sur les anomalies concernant les retraités comme la réduction de 10% » a déclaré Patrick Lefas, vice-président du conseil d’administration. Cette réduction d’impôt, dont le coût est estimé à 4,6 milliards d’euros, profite à la moitié des ménages retraités les plus aisés. Selon le calcul du CPO, le gain fiscal est plus élevé pour les tranches supérieures (environ 1 850 euros chaque année).
Face à cette distorsion, le conseil des prélèvements obligatoires recommande de cibler ce système sur les catégories les plus modestes. Sur ce point sensible, les fonctionnaires s’opposent au gouvernement qui a décidé de décaler de janvier à juillet l’indexation de toutes les pensions de retraite à l’inflation. Cela permet certes des économies substantielles, mais risque de creuser les inégalités.
En fait, la désindexation des prestations devrait peser davantage sur les petites retraites que sur les retraites plus importantes. Ces derniers sont généralement complétés par des revenus du capital (placements, placements immobiliers). Ce qui n’est pas le cas des petites pensions.
Dans leur rapport, les experts évoquent un taux de pauvreté moyen des retraités (3,9%) bien inférieur à celui de la population (14,9%) et une capacité d’épargne bien supérieure. Mais derrière ces moyennes se cachent des disparités particulièrement marquées entre les différentes catégories de retraités. Reste à savoir ce qui ressortira des débats parlementaires sur le budget qui débutent ce mercredi en commission des Finances.
Des compléments de salaire dans le viseur du CPO
Prime Macron, intéressement, participation, titres-restaurant, heures supplémentaires… les compléments de salaire font partie des mesures critiquées par le conseil des prélèvements obligatoires. Pour quoi ? Principalement pour leur coût estimé à 87,5 milliards d’euros chaque année. Les avantages fiscaux liés à toutes ces mesures ont bondi en quinze ans, passant de 7 % à 13 % de la masse salariale. Cela a affaibli le financement de la sécurité sociale, actuellement en pleine tempête budgétaire.