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Mort du père Rivoire, prêtre franco-canadien accusé d’agressions sexuelles au Canada

Une photo ancienne représentant le curé Joannes Rivoire, présentée par les représentants des victimes lors d'une conférence de presse.

Le prêtre franco-canadien Joannes Rivoire, accusé d’agressions sexuelles sur de jeunes Inuits dans le Grand Nord canadien dans les années 1960 et 1970 et recherché depuis des années par la justice canadienne, est décédé en France, a annoncé vendredi 12 avril sa famille. Le nonagénaire, qui habitait près de Lyon, n’a finalement jamais été inquiété malgré plusieurs demandes d’extradition. Joannes Rivoire a toujours contesté ces accusations.

Celui qui était perçu, notamment au Canada, comme le symbole de l’impunité des agresseurs sexuels au sein de l’Église catholique, « décédé jeudi après une longue maladie »a annoncé le père Ken Thorson des Oblats de Marie Immaculée (OMI), dans un communiqué envoyé à l’Agence France-Presse (AFP).

« Nous reconnaissons que cette nouvelle sera difficile, en particulier pour les survivants et leurs familles qui ont plaidé pour qu’il soit traduit en justice au Canada. »Ken Thorson a continué. « Nous regrettons que malgré tous les efforts, M. Rivoire ne se soit jamais rendu disponible et qu’il n’ait jamais eu à répondre aux accusations portées contre lui »il ajouta.

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Demandes d’extradition rejetées par la France

« Je suis content qu’il soit parti, bon débarras », a réagi vendredi auprès de l’AFP Steve Mapsalak, qui l’a accusé de l’avoir agressé sexuellement. Ce résident du nord du Canada s’est rendu en France il y a un an et demi pour soutenir la demande d’extradition d’Ottawa. « Je lui ai rappelé dans ma propre langue les très mauvaises choses qu’il m’avait faites et je lui ai dit que je méritais des excuses, ce qu’il n’a jamais dit. »il a déploré.

Le père Rivoire, qui a vécu parmi les Inuits pendant plus de trois décennies, avait appris leur langue et pratiquait avec eux la chasse traditionnelle – le caribou et le phoque. Dans les villages, il enseignait le catéchisme et le français, disait la messe et officiait aux funérailles. Mais en 1993, il quitte brusquement le Canada lorsque les deux premières plaintes sont déposées. Un premier mandat d’arrêt a été émis par le Canada en 1998, mais aucune mesure n’a été prise et il a été levé en 2017.

Cependant, une nouvelle plainte a été déposée en 2022 – au Canada il n’y a pas de prescription pour les crimes sexuels – et Ottawa a émis un nouveau mandat d’arrêt, redonnant espoir aux victimes. Mais en octobre de la même année, la France a rejeté la demande d’extradition vers le Canada, expliquant qu’il s’agissait d’un cas complexe et qu’elle n’extradait pas ses citoyens.

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Une congrégation qui ne l’a jamais exclu

La décision a été très mal comprise au Canada où Marc Miller, alors ministre des Relations Couronne-Autochtones, a déclaré qu’il « décevant de voir cette grave injustice se reproduire ».

Pour l’organisation inuite Tapiriit Kanatami, qui représente les Inuits canadiens, « il est tragique que Rivoire ait pu mettre fin à ses jours sans avoir à répondre devant la justice des abus sexuels qu’il a commis ». Considérant qu’il s’agit « une défaillance systémique des États » pour défendre les peuples autochtones, l’organisation apporte son soutien aux victimes et évoque toutes « les agresseurs qui continuent d’échapper à la justice ».

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Les procédures d’exclusion de la congrégation, engagées ces derniers mois contre les religieux, ont également échoué. Fondée en 1816, la congrégation des Oblats de Marie Immaculée (OMI) compte 3 700 missionnaires à travers le monde. Elle s’est implantée dans le Grand Nord canadien au début du XXe siècle, dans des conditions extrêmes. A l’époque, elle y construisit des hôpitaux et gérait des internats pour les enfants autochtones, qui y vivaient parfois.  » abus « , « la douleur et la souffrance »comme les Oblats l’ont reconnu avant le « pèlerinage pénitentiel » du pape François au Canada en août 2022. Le pontife demandera lui-même pardon aux victimes, pour les violences perpétrées dans les internats locaux où entre 4 000 et 6 000 enfants sont morts de maladie, de malnutrition ou de négligence.

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Le Monde avec l’AFP

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Cammile Bussière

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