Divertissement

Mort de Shelley Duvall, actrice de « Shining » – Libération

Repérée chez Altman, la Texane, récompensée à Cannes, s’était retirée du cinéma après son rôle mythique de femme maltraitée dans « The Shining ». Elle est décédée ce jeudi 11 juillet à l’âge de 75 ans des suites d’une maladie.

Après le décès de Donald Sutherland le 20 juin, une possible succession au trône Crier par Edvard Munch (pour les films) Ne regarde pas en arrière Et L’invasion des profanateurs de sépultures), c’est au tour de son homologue féminin de nous quitter. Brillant de Stanley Kubrick, Shelley Duvall hurle, hurle, terrifiée de voir son mari possédé (Jack Nicholson) la poursuivre, elle et son fils, hache à la main. Terreur surnaturelle, terreur abjecte surtout de la violence domestique que l’actrice exprime dans toute son impossible élasticité. Image désormais classique, maintes fois parodiée, qui pousse la présence de Duvall au paroxysme – certainement l’une des plus étranges du cinéma américain des années 70, forcément fascinante. Grosse gueule, gros yeux de la taille d’une soucoupe et dents longues, Shelley Duvall était bien sûr plus que son rôle de martyre électrique dans un hôtel enneigé. Elle pouvait être « tout », selon Robert Altman qui la découvrit, « charmant, idiot, sophistiqué, pathétique et même beau. »

Shelley Alexis Duvall est née au Texas en 1949 et n’a aucun lien de parenté avec l’acteur Robert Duvall. Fille d’une mère agente immobilière et d’un père avocat, elle est agitée depuis son plus jeune âge – sa mère la surnomme la « souris maniaque ». Son entrée dans le cinéma est totalement inattendue et doit davantage à un sens des affaires hérité de ses parents : alors qu’elle tente de vendre les œuvres de son mari artiste lors d’une soirée, son énergie est remarquée par les membres de l’équipe de tournage présents. Brewster McCloud (1970) de Robert Altman. « Les peintures n’étaient pas géniales, mais son ton l’était », se souvient le producteur Lou Adler.

La voilà dans la galaxie Altman et elle y restera longtemps. Pour le cinéaste, les aventures se succèdent John McCabe (1971), Nous sommes tous des voleurs (un anti-Bonnie et Clyde en 1974), son rôle mémorable de groupie en short et chaussettes hautes en sandales dans Nashville (1975), Buffalo Bill et les Indiens (1976) et, sans doute le sommet de leur collaboration, Trois femmes (1977), un drame psychanalytique dans lequel la brune Duvall semble fusionner avec la blonde Sissy Spacek. Elle a reçu le prix d’interprétation féminine à Cannes pour ce film Mulholland Drive avant son temps. La même année où Brillant (1980), elle s’incline devant Altman avec Popeye, adaptation de la bande dessinée où elle n’a besoin d’aucun artifice pour être la fiancée gracile du marin mangeur d’épinards. « Dans tous ses rôles, il y a un grand espace avec elle », écrivait le critique Roger Ebert cette année-là, « comme si rien ne s’interposait entre son visage ouvert et nos yeux – pas de caméra, pas de dialogue, pas de maquillage ou de style de jeu – et elle devient spontanément le personnage. »

Cinquante-six semaines de tournage, seize heures par jour

C’est sur la foi de Trois femmes que Kubrick a embauché Duvall pour son adaptation du roman de Stephen King, justifiant qu’elle était « C’était génial quand elle pleurait. » Le début du malentendu, sans doute. « Shelley Duvall n’est bonne qu’à s’effondrer » Les conditions de tournage ont alimenté la passion de Duvall. Cinquante-six semaines de tournage, six jours par semaine et seize heures par jour, où elle a choisi de rester près du plateau en Angleterre, avec un chien et deux oiseaux pour lui tenir compagnie. Pour se conditionner, elle a choisi d’écouter en boucle des chansons tristes sur un Walkman. Quant à la légende persistante d’un Kubrick abusif à son égard, la poussant à bout à chaque prise, Duvall a remis les pendules à l’heure dans une dernière grande interview accordée à Hollywood Reporter en février 2021 : « Kubrick n’a rien tourné avant au moins la 35e prise, trente-cinq prises de course et de cris avec un petit garçon dans les bras, c’est dur, dit-elle. Il avait ce côté cruel, mais je pense que c’était parce que les gens avaient été cruels envers lui dans le passé. Mais, en dehors du tournage, « Il était chaleureux et amical avec moi, il passait beaucoup de temps avec Jack Nicholson et moi, il s’asseyait et parlait avec nous pendant des heures pendant que l’équipage attendait. »

Après avoir tout donné, les conséquencesBrillant sera occupé avec des rôles plus retirés (de Bandits, bandits a Portrait d’une femme), mais aussi parce que Duvall a créé sa propre société de production en 1988 pour développer des séries télévisées dont l’anthologie Classiques du cauchemar (1989), adapté d’Edgar Allan Poe. L’ombre de Shining était néanmoins tenace lorsque les téléspectateurs de la série Dr Phil l’a découverte en 2016, méconnaissable, hagarde et incohérente, déversant ses pensées sur sa maladie mentale ou affirmant que Robin Williams, son partenaire dans Popeye, était encore en vie. Ses dernières années la révélèrent encore fragile mais paisible, vivant dans son Texas natal. Après quarante ans, revoyant les scènes les plus éprouvantes de Brillant sur le smartphone du journaliste Hollywood Reporter est venu l’interviewer, elle n’a pu que pleurer à nouveau et dire : « Je ne peux qu’imaginer combien de femmes vivent ce genre de choses. »

Mise à jour à 20h15 avec plus d’éléments

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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