Treize mois après la disparition de Lina, le corps de la jeune fille a été retrouvé mercredi à Sermoise-sur-Loire, près de Nevers dans la Nièvre. Le procureur de Strasbourg a précisé dans son communiqué que le corps était localisé dans une zone boisée et isolée, « immergé dans un cours d’eau situé en contrebas d’un remblai ». Il a également indiqué que « le véhicule du suspect, Samuel Gonin, avait été géolocalisé à cet endroit, le 24 septembre 2023, au lendemain de la disparition de Lina ».
Ce fut un travail long et minutieux qui permit aux enquêteurs de remonter jusqu’à la Nièvre. Depuis la disparition de Lina le 23 septembre 2023 à Plaine, dans le Bas-Rhin, à plus de 400 kilomètres du lieu où son corps a été découvert, ils ont accompli un travail colossal.
Tout a commencé avec l’identification d’un suspect au début de l’été, Samuel Gonin, un Besançon de 43 ans qui s’est suicidé le 10 juillet. Les enquêteurs ont découvert des traces ADN de Lina dans la voiture qu’il a volée, une Ford Puma. qui se trouvait à Plaine le jour de la disparition.
Ces traces génétiques se retrouvent, « sur la banquette arrière du véhicule, sur la ceinture de sécurité de la place arrière centrale », précise le procureur de Strasbourg lors d’une conférence de presse le 19 septembremais aussi sur deux cordes dans le coffre de la voiture. Dans la boîte à gants, se trouvent le sac à main de la jeune fille et divers objets dont son étui de téléphone portable, un miroir et des faux cils.
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Des milliers de données analysées
« Le premier travail a été de visualiser des centaines d’heures d’images enregistrées, que ce soit dans les stations-service, que ce soit sur le tunnel au-dessus de la vallée de la Plaine, pour identifier tous les véhicules qui passaient dans une certaine temporalité »a expliqué François Daoust, ancien directeur de l’Institut de recherches criminelles de la Gendarmerie nationale ce jeudi sur franceinfo.
Le deuxième travail réalisé par les experts du numérique a consisté à analyser les données du GPS retrouvé dans la voiture du suspect. Certains systèmes GPS sont équipés d’une carte SIM, comme dans un téléphone portable, qui permet de connaître les itinéraires empruntés par le conducteur.
Samuel Gonin avait désactivé le GPS de sa voiture et n’utilisait aucun téléphone portable au moment des faits. Mais un deuxième GPS a été découvert dans le véhicule. « À ce moment-là, c’est limité comme n’importe quel téléphone et il y a des milliers de données brutes que les experts doivent classer et rendre lisibles aux enquêteurs »a précisé François Daoust.
« Grâce à l’expertise qui a permis de suivre le parcours du véhicule, il existait un certain nombre de zones qui avaient déjà été explorées, certaines qui étaient même programmées pour l’exploration partout où le véhicule pouvait s’arrêter »a poursuivi l’ancien directeur de l’institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale.
La démarcation permet de conserver la trace et la date du passage d’un véhicule. C’est ainsi que les enquêteurs ont découvert que Samuel Gonin s’était rendu dans un boisé près de Nevers, au lendemain de la disparition de Lina. La police a procédé à une fouille du boisé à la recherche d’indices et a découvert le corps de l’adolescent.
De vastes fouilles dans l’est de la France
Connaissant l’itinéraire de la voiture du suspect, les enquêteurs ont ensuite suivi le parcours du véhicule pour orienter leurs recherches, en commençant par les zones les plus proches de Plaine dans le Bas-Rhin, lieu de la disparition de Lina. C’est d’abord le col de Hantz qui a été perquisitionnée sans succès mardi 30 juillet 2024. La perquisition a mobilisé 80 gendarmes et deux chiens spécialisés. Des fouilles ont été effectuées les deux jours suivants la commune d’Anould dans les Vosges, dans une forêt située à une quarantaine de kilomètres du domicile de la jeune fille.
Une semaine plus tard, les recherches ont repris la commune de Saulx en Haute-Saône. Ils se sont concentrés dans un bois en bordure de la RN 57, entre Vesoul et Luxeuil-les-Bains, du mardi 6 août au jeudi 8 août 2024. Les gendarmes ont fouillé en vain une quarantaine d’hectares avec des chiens et des géoradars pour sonder la zone. sol.
Les enquêteurs ont élargi les recherches jusqu’à la Nièvre, dans une zone boisée de Sermoise-sur-Loire près de Nevers. C’est là, à plus de 400 kilomètres de son domicile, que le corps de Lina a été retrouvé ce mercredi 16 octobre. Une autopsie a été ordonnée par le procureur de Strasbourg pour connaître les causes du décès de l’adolescente. En attendant les résultats, il ne compte pas communiquer.
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