Laurent Viteur / Getty Images
Laurent Cantet, ici en décembre 2021, à Bourg-Saint-Maurice.
MORT – Une page du cinéma français se tourne. Ce jeudi 25 avril, le réalisateur français Laurent Cantet, connu notamment du grand public pour son long métrage Entre les murs (Palme d’Or au Festival de Cannes en 2008), est décédé à l’âge de 63 ans, a-t-on appris auprès de l’AFP par l’intermédiaire de son agent, confirmant une information de Libération.
« Il est décédé ce matin à Paris de maladie », a indiqué Isabelle de la Patellière à l’AFP. Le réalisateur travaillait sur un projet de film intitulé L’apprentiqui devait sortir en 2025.
» Témoin engagé des échecs humains « , selon TéléramaLaurent Cantet ne laisse derrière lui qu’une petite poignée de films, dont Ressources humaines, Au sud, Retour à Ithaque ou le plus récent Arthur Rambosorti en 2022. En 2008, Entre les murs lui vaut une reconnaissance internationale au 61e Festival de Cannes.
Épique Entre les murs
Mi-documentaire, mi-fiction, ce film au budget de 2,4 millions d’euros met en scène un professeur de français, François Bégaudeau (auteur du roman éponyme dont il s’inspire), et des élèves âgés de 13 à 15 ans, aux multiples origines géographiques et origines sociales, dans un collège parisien.
Le Festival de Cannes a immédiatement réagi jeudi, saluant la mémoire d’un « un humaniste farouche, qui cherchait la lumière malgré la violence sociale, qui trouvait l’espoir malgré la dureté de la réalité ». Un cinéaste et scénariste « dont l’œuvre cohérente et humaniste crée un cinéma sensible, à la surface de la peau et à la surface de la société », ajoute le festival. Et pour Entre les mursun film « d’un naturalisme déconcertant ».
Très souvent drôle –« Je n’aime pas les maths, les racistes et les Materazzi »lança Carl, l’un des personnages deEntre les murs en faisant son autoportrait, le film a aussi ses moments émouvants et graves, l’école servant de caisse de résonance aux difficultés et aux inégalités sociales.
Le tournage du film a été précédé, au cours d’une année scolaire, par des ateliers d’improvisation au collège Françoise-Dolto, dans l’Est parisien, où le film a été tourné.
Laurent Cantet, cinéaste engagé
Avant cela, Laurent Cantet s’était fait remarquer avec le film Ressources humaines (1999), sur le monde des affaires et L’emploi du temps (2001), inspiré de l’affaire Jean-Claude Romand. Il revient à Cannes en 2017 avec L’atelierdans lequel un groupe de jeunes en insertion effectue un stage d’écriture.
« Le film révèle un monde peut-être encore plus dur que celui décrit Entre les murs. Mais en même temps, j’espère que le film démontrera également que la parole est importante. Et les jeunes le maîtrisent plutôt bien.»dit alors Laurent Cantet.
Son dernier film Arthur Rambosorti en 2021, s’intéressait à la destruction d’une réputation sur les réseaux sociaux.
Il s’inspire de l’histoire vraie de Mehdi Meklat, un jeune auteur qui s’était fait connaître en faisant la chronique des quartiers défavorisés, avant de tout arrêter face à la découverte en 2017 de tweets antisémites, homophobes, racistes et sexistes.
« Fin cinéaste, discret et plein d’humanité, nullement ébloui par sa Palme d’Or, Laurent Cantet a réussi avec précision et sens du rythme ce qu’il y a de plus difficile au cinéma : filmer les conversations, c’est-à-dire la vie »a réagi auprès de l’AFP l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob.
Aux côtés de Pascale Ferran et Cédric Klapish, il fonde en 2015 La Cinetek, une plateforme de VOD de films édités par des cinéastes. Laurent Cantet a largement collaboré avec Robin Campillo (120 battements par minute), qui en fut le monteur avant de passer à la réalisation.
Citoyen engagé et cinéaste, ce fils d’enseignants des Deux-Sèvres a été membre actif du Collectif 50/50, qui milite pour l’égalité des femmes et des hommes dans le cinéma. En 2010, il s’engage aux côtés d’un groupe d’artistes français en faveur de la grève des sans-papiers.
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