Divertissement

Mort de Job, père de « Yakari », l’ami des enfants et des tipis – Libération

André Jobin, le scénariste de la célèbre bande dessinée Les aventures du petit Indien, est décédé à l’âge de 96 ans, annoncent les éditions Lombard ce mercredi 9 octobre.

Soudain, des images de liberté nous reviennent : le vent, la prairie, un papoose courant dans l’herbe ou galopant, perché sur son meilleur ami, un cheval noir et blanc à crinière jaune nommé Petit Tonnerre. Avec l’annonce ce mercredi 9 octobre par les éditions lombardes du décès de Job, André Jobin de son vrai nom, à 96 ans, tout un pan de nos lectures de jeunesse a refait surface de nos mémoires. Le scénariste suisse crée en 1969 avec le dessinateur Derib l’une des séries jeunesse les plus célèbres de la bande dessinée romande : Yakari. Les aventures des jeunes Sioux de la tribu Lakota ont accompagné des générations d’enfants, jusqu’à aujourd’hui, la série étant toujours en cours, dans son 42ème tome, et adaptée en dessin animé, long métrage, roman, jeu vidéo, etc.

Harmonie avec la nature

Reprenant l’univers fantastique de l’Ouest américain comme de nombreuses collections d’après-guerre (Luc chanceux, les tuniques bleues, Myrtilleetc.), Yakari s’est toujours distingué par sa dimension pacifiste, écologique, antispéciste. Dans les albums, les personnages vivent en harmonie avec la nature, jouent et s’entraident. S’ils doivent parfois affronter des bêtes hostiles, comme le grizzly ou le malicieux pélican, cela se termine toujours bien. Il faut dire que Yakari a le don de parler aux animaux, ce qui aide, un secret connu uniquement de son amie Arc-en-Ciel.

« Yakari est un enfant qui aime les animaux, comme moi, dit Job à Midi libreen 2020. C’est un aventurier, un petit garçon qui n’a jamais rencontré d’homme blanc, qui ne connaît que les Sioux. Il est espiègle, débrouillard, bienveillant, aimant la justice, fidèle en amitié, il n’a pas d’ennemis. Celui qui «n’avait jamais voyagé aux États-Unis» avait fait du territoire de son héros un petit paradis, avant qu’il ne soit ravagé par la colonisation. Avec Dominique à la couleur, les deux auteurs ont eu le mérite de familiariser les jeunes lecteurs avec des pans de la culture amérindienne, comme le fameux pemmican mangé dans nos souvenirs une page sur trois et avec la faune et la flore d’Amérique du Sud. Nordique, parfois mythique, comme le célèbre Nanabozo, le lapin farceur.

Rassemblement jurassien

C’est Dérib, le dessinateur, qui a eu l’idée du personnage de Yakari, resté de nombreuses années dans ses dessins avant de rencontrer Job. Formé comme journaliste et militant du Rassemblement du Jura, association autonomiste et séparatiste suisse réclamant la réunification de toutes les composantes du Jura et la séparation du canton de Berne, André Jobin dirige ensuite le crapaud à lunettesun hebdomadaire jeunesse inspiré du journal Tintin. Après une première série sur une chouette savante, Les Aventures de Pythagore et Cie.les deux amis se lancent dans Yakari. Job accepte l’idée à deux conditions, précise Le Lombard : « Que le jeune héros reste toujours un enfant de la nature et que les intrigues ne tombent jamais dans les clichés occidentaux. » « Je ne voulais pas utiliser (…) la diligence, le shérif, les armes et tout ça : Yakari est un enfant, un innocent. Il n’est même pas chasseur. » a déclaré Job, en 2013.

Le succès est tel qu’un magazine finit par être créé au nom du personnage principal et les albums conquièrent la France et la Belgique et sont traduits dans une vingtaine de langues. Récompensé à deux reprises par le Prix de la Jeunesse au festival d’Angoulême, en 1982 et 2006, Job continue d’écrire des scénarios pour Yakari jusqu’en 2014, laissant ensuite le flambeau à Joris Chamblain. Ce soir, nul doute que les castors du Dakota, sur leur mère, battront leur queue en rythme pour lui rendre hommage.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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