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Mort assistée : qu’est-ce que « Sarco », cette capsule de suicide assisté utilisée en Suisse ?

Polémique de l’autre côté des Alpes. Plusieurs personnes ont été arrêtées en Suisse après qu’une Américaine a utilisé lundi une « capsule » suicidaire, une sorte de sarcophage qui permet de se donner la mort sans l’aide d’un médecin, ce que les autorités considèrent comme contraire à la loi. Le suicide médicalement assisté est possible en Suisse, dans des conditions bien précises, mais cette capsule aux allures futuristes fait beaucoup parler depuis que le journal NZZ am Sonntag a révélé début juillet qu’elle pourrait être utilisée pour la première fois sur le sol helvétique.

« Le lundi 23 septembre, vers 16h01, une femme de 64 ans du Midwest américain est décédée alors qu’elle utilisait le dispositif Sarco », a déclaré The Last Resort, l’association qui promeut l’appareil, dans un communiqué publié après l’annonce des arrestations par la police mardi. L’association a ajouté que la femme « souffrait depuis de nombreuses années de nombreux problèmes graves liés à un déficit immunitaire ».

Selon les médias suisses, c’est la première fois que cette capsule, baptisée « Sarco » pour sarcophage, est utilisée. « Le Ministère public du canton de Schaffhouse a ouvert une procédure pénale contre plusieurs personnes pour incitation et assistance au suicide et plusieurs personnes ont été placées en détention », a indiqué la police du canton dans un communiqué.

Le parquet de ce petit canton du nord de la Suisse, proche de l’Allemagne, enquête également pour savoir si d’autres infractions pénales ont été commises. Lundi, un cabinet d’avocats lui a signalé « qu’un suicide assisté avec la capsule Sarco avait eu lieu dans une cabane forestière à Merishausen dans l’après-midi », a indiqué la police.

« En conséquence, la police de Schaffhouse, y compris le service médico-légal, et le parquet cantonal de Schaffhouse sont intervenus sur les lieux du crime », indique le communiqué, ajoutant que « la capsule suicide Sarco a été saisie et (le corps de) la personne décédée a été transporté (…) pour l’autopsie ».

« Non conforme à la loi »

Inventée par l’Australien Philip Nitschke, ancien médecin connu pour ses positions controversées sur la fin de vie, la capsule prend la forme d’une mini-cabine violette, vissée sur des roulettes pour faciliter le transport, dans laquelle doit s’allonger la personne souhaitant mettre fin à ses jours.

Elle doit ensuite répondre à une série de questions pour confirmer qu’elle comprend ce qu’elle fait avant d’appuyer elle-même sur un bouton qui libère de l’azote. Elle devrait perdre connaissance après quelques respirations et mourir en quelques minutes, selon The Last Resort.

La ministre suisse de l’Intérieur Elisabeth Baume-Schneider a déclaré lundi lors d’une séance de questions à la Chambre des députés que cette « capsule suicidaire Sarco n’est pas conforme à la loi ». Tout d’abord, elle ne répond pas aux « exigences concernant la loi sur la sécurité des produits ».

Par ailleurs, l’utilisation d’azote à l’intérieur de cette capsule n’est « pas compatible » avec le but poursuivi par la loi sur les produits chimiques, a expliqué la ministre. Fiona Stewart, avocate et membre du conseil consultatif de Last Resort, a indiqué mardi que l’association avait « toujours agi sur la base des avis juridiques de ses avocats ». « Depuis 2021, ces derniers ont toujours considéré que l’utilisation de Sarco en Suisse était légale », a précisé l’organisation dans son communiqué.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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