Mort à 15 ans, Carlo Acutis sera canonisé par le pape pour ses « miracles » : ce que cela signifie
Par
Briac Trébert
Publié le
Voir mon actualité
Le Pape a approuvé, ce jeudi 23 mai 2024, les décrets devant conduire à la canonisation le jeune Carlo Acutis enterré à Assise, une ville entre Rome et Florence, en Italie. Il deviendra ainsi le premier saint à mourir au XXIe siècle.
Décédé en 2006 à l’âge de 15 ans des suites d’une leucémie dévastatrice, Carlo Acutis, né à Londres, mais qui a très vite vécu à Milan, a été béatifié par le pape François en octobre 2020.
Le dicastère pour les « causes des saints », organisme du Vatican chargé des enquêtes de béatification et de canonisation, vient d’attribuer un nouveau miracle à ce jeune Italien. Pour devenir saint, il lui fallait un deuxième miracle. La guérison d’un enfant mourant au Brésil en 2013 lui avait déjà été attribuée.
La guérison soudaine et inexplicable de Valeria
Le Vatican a cette fois étudié une guérison également considérée comme miraculeuse d’une jeune femme, Valeria, originaire du Costa Rica venue étudier à Florence, en 2018.
Suite à une chute alors qu’il faisait du vélo dans les rues de la ville, l’étudiant a été transporté à l’hôpital avec un « traumatisme crânien très grave ». Sa mère a alors prié Carlo Acutis qui repose aujourd’hui dans le « sanctuaire du dépouillement », destination d’innombrables pèlerinages.
La jeune femme a guéri complètement et très rapidement, à la surprise des médecins. Aujourd’hui âgée de 23 ans, Valeria est sur le point d’obtenir son diplôme et poursuit son rêve de se lancer dans la mode et de s’installer à Florence.
Les nouvelles de l’hôpital de Careggi étaient mauvaises : traumatisme crânien très grave, opération de craniotomie, ablation de l’os occipital droit pour soulager la pression, espoir de survie quasi nul. Le 8 juillet 2018, l’hôpital a informé que Valeria avait recommencé à respirer spontanément, et le lendemain, à bouger et à parler partiellement. Puis, le 18 juillet, le scanner a montré que l’hémorragie avait disparu.
Au moment de l’accident, Liliana, la mère de la jeune fille, s’était rendue à Assise pour rendre hommage sur la tombe de Carlo Acutis. Elle y avait laissé une lettre et était revenue au chevet de sa fille. Quelques semaines plus tard, la mère et la fille étaient de retour à Assise, sur la tombe de Carlo Acutis, pour leur dire merci.
Qu’est-ce que la canonisation ?
La canonisation consiste à faire d’un catholique, homme ou femme, un « saint », c’est-à-dire un exemple de sainteté et de vertus pour les fidèles. Il s’agit de mettre en valeur un personnage de l’histoire correspondant aux valeurs de l’Église. Elle requiert trois conditions : être mort depuis au moins cinq ans, avoir mené une vie chrétienne exemplaire et avoir accompli au moins deux miracles.
« La canonisation est l’acte solennel par lequel le pape décrète qu’un serviteur de Dieu, déjà compté parmi les bienheureux (NDLR : donc béatifié), doit être inscrit au catalogue des saints et vénéré dans l’Église universelle (latine) », résume la conférence des évêques de France.
Le saint patron des internautes
Carlo Acutis est souvent présenté dans l’Église catholique comme le saint patron des internautes. Très pieux, le jeune homme avait créé des sites Internet, notamment un site sur… les miracles religieux.
« Tous les hommes naissent originaux, mais beaucoup meurent sous forme de photocopies, ne laissez pas cela vous arriver ! » », a recommandé le jeune homme à sa génération. Cette citation a été reprise par le pape François en 2019 dans un long texte adressé aux jeunes, les mettant en garde contre un internet guidé par des « intérêts économiques gigantesques » et diffusant des « fausses nouvelles ».
Il est vrai que le monde numérique peut vous exposer à des risques de repli, d’isolement ou de plaisir vide. Mais n’oubliez pas qu’il y a des jeunes qui sont aussi créatifs, et parfois brillants, dans ce milieu.
L’adolescent était « capable d’utiliser de nouvelles techniques de communication pour transmettre l’Évangile, communiquer des valeurs et de la beauté », admirait aussi François. Il a lui-même ponctué son texte destiné aux jeunes d’expressions tirées des nouvelles technologies, affirmant par exemple que la mémoire de Dieu « n’est pas un disque dur » et que Jésus « est en ligne ».
« Il a toujours voulu entrer dans les églises pour saluer Jésus »
Surnommé le « geek de Dieu », Carlo Acutis est une figure très inspirante pour les jeunes catholiques d’aujourd’hui, explique Famille chrétienne, qui souligne que Carlo Acutis avait manifesté très jeune un vif intérêt pour la foi. Cependant, ce ne sont pas ses parents qui le lui ont inculqué puisque sa mère, Antonia Acutis, affirme qu’elle n’était pas allée à la messe plus de trois fois avant son mariage.
«Quand Carlo avait quatre ans, il montrait un grand intérêt pour la religion. Il voulait toujours entrer dans les églises pour saluer Jésus, lui donner des baisers, il cueillait des fleurs et les apportait à la Vierge Marie. Il m’a posé beaucoup de questions mais j’étais très ignorant sur les choses de la foi. Je n’étais pas un exemple idéal pour mon fils », confie-t-elle. Le jour de sa canonisation devrait être annoncé lors d’un prochain consistoire.
Les béatifications et canonisations ne sont pas rares. Depuis son élection en 2013, le pape François en a déjà proclamé plusieurs. La canonisation permet aussi d’attirer les pèlerins à proximité des lieux de vie et de mort des nouveaux « saints ».
Pour l’Église, ces rassemblements sont l’occasion de récolter des fonds grâce à des dons ou à la vente d’objets. Les bénéfices financiers dépassent largement le cadre de l’Église : hôtels, restaurants, commerces, etc. C’est généralement l’ensemble de l’économie locale qui profite de l’arrivée des pèlerins.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.