Moody’s maintient la note de crédit de la France à « Aa2 », mais abaisse sa perspective de « stable » à « négative », signalant un risque accru pour la situation budgétaire et politique du pays. Ce changement intervient alors que le gouvernement Barnier tente de faire accepter un projet de budget ambitieux pour 2025.
La notation Moody’s, un signal d’alarme pour le budget 2025
Vendredi dernier, l’agence de notation Moody’s a confirmé la note de crédit de la France à « Aa2 » tout en abaissant sa perspective à « négative ». Ce signal reflète une inquiétude croissante quant à la capacité du gouvernement de Michel Barnier à contrôler les déficits budgétaires du pays. Cette perspective négative pourrait conduire à une dégradation de la note dans les prochains mois si la situation financière de la France ne s’améliore pas.
Le ministère de l’Économie, par l’intermédiaire de Bercy, a déclaré avoir « a pris note de la décision » tout en affirmant que la France a « véritables forces économiques » et qu’elle peut mener des réformes majeures pour redresser ses comptes.
A quelques semaines d’un vote crucial du projet de budget 2025, qui prévoit un effort d’ajustement de 60 milliards d’euros, cette annonce accroît la pression sur le gouvernement pour convaincre le Parlement. Moody’s a justifié sa révision à la baisse par « risque croissant » que la France ne parvient pas à adopter des mesures suffisantes pour éviter une dégradation durable de sa situation budgétaire. Alors que le marché s’attendait à une dégradation directe de la note française, l’annonce de Moody’s représente une forme de sursis, un message encourageant le gouvernement à « fais tes preuves » et de changer la trajectoire de sa dette.
Situation budgétaire préoccupante
Sur les marchés financiers, la France paie déjà une prime de risque plus élevée que celle de l’Allemagne, son spread de rendement à 10 ans oscillant entre 70 et 80 points de base. Cette différence, qui correspond davantage à un profil de crédit comme celui de l’Espagne ou du Portugal, démontre la méfiance des investisseurs à l’égard de la dette française. La prudence des marchés s’explique aussi par les dégradations passées, notamment celle de S&P Global en mai dernier, qui a abaissé la note française à « AA- », un cran en dessous de celle de Moody’s. Cette convergence vers des perspectives négatives parmi les agences de notation met en évidence une unanimité rare, qui pourrait présager de nouveaux ajustements de notation dans les années à venir.
La pression pourrait s’accentuer en novembre, avec la révision prévue de la note par S&P Global. Si cette dernière agence abaisse également sa perspective à « négative », la France pourrait se retrouver dans une situation financière plus précaire, impactant potentiellement le profil des investisseurs attirés par la dette française. Dans un contexte où le Trésor français prévoit d’émettre près de 300 milliards d’euros en 2025, la stabilité de la notation souveraine devient cruciale pour éviter une hausse des coûts d’emprunt.
La prochaine échéance pour la France sera la révision des notes souveraines de la zone euro, prévue pour avril 2025 par Moody’s. D’ici là, le gouvernement de Michel Barnier doit convaincre non seulement le Parlement mais aussi les investisseurs et les agences de notation que ses réformes budgétaires auront des effets tangibles. A défaut, une dégradation de la note souveraine pourrait intervenir, entraînant un ajustement du profil de risque de la France aux yeux des investisseurs.