Le MHR, 13ème du Top 14 et probable barragiste, se lance dans une saison difficile, ponctuée de changements d’encadrement et de staff. Les Montpelliérains se tournent, déterminés, vers une fin de saison décisive pour le maintien.
Déclarations dans la presse des joueurs, entraîneurs, dirigeants… L’ambiance autour du MHR n’est pas au beau fixe et chacun semble avoir son avis sur les raisons et les réponses à une saison jusqu’ici loin des attentes. Il faut admettre que dire que cela ne se passe pas comme espéré est un euphémisme. Actuellement avant-dernier du championnat, à 7 points du LOU, première équipe non relégable, après une énième défaite rageante ce week-end face au Castres Olympique (27-26).
Le club héraultais s’inquiète de la perte totale de confiance d’un groupe qui semble mal né. Deux ans seulement après son titre de champion de France, Montpellier se retrouve proche de la relégation. Une perspective aussi catastrophique qu’inattendue pour un club doté de tels moyens financiers, et bâti pour jouer des rôles de premier plan en France.
Une saison difficile
Si l’on revient sur la genèse de cette saison, force est de constater que les choses avaient bien commencé pour le club héraultais. Une première journée victorieuse face à La Rochelle, double champion d’Europe en titre, qui laissait à l’époque espérer un avenir heureux. Ce sera de courte durée, deux défaites contre les Stades toulousains et français, plus tard, Montpellier est déjà treizième, c’est le début des ennuis.
Mi-novembre après une sixième défaite face à Perpignan, le club chute à la dernière place du championnat. C’en est trop pour Mohed Altrad, le président et propriétaire du club, qui décide d’agir et fait appel à celui avec qui il vient de vivre une tempête médiatique et judiciaire : Bernard Laporte. Alors qu’ils ont été condamnés ensemble en première instance (ils ont fait appel) pour une affaire de corruption, Altrad a confié à son nouveau directeur du Rugby la mission de « sauver le club ».
Premier projet ? Le personnel. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Laporte se sépare de Cockerill et Elissalde, et installe Patrice Collazo comme manager, entouré de Vincent Etcheto, Christian Labit et Antoine Battut. Les noms sont connus, tout comme leurs personnages, certains doutant de la possibilité que ces hommes travaillent ensemble. Pourtant, nous assurent-ils tous, ils sont là pour sauver une équipe en danger.
Malgré tout, la sauce ne décolle pas, les défaites contre Oyonnax et Bayonne lors des deux journées suivantes ne permettent pas d’instaurer une bonne dynamique. L’éventualité d’une relégation envahit les esprits et l’équipe semble depuis pétrifiée, incapable de reprendre ses esprits et de reprendre confiance. Cinq mois plus tard, la situation n’a pas changé, elle a peut-être même empiré. Il ne reste plus aux Héraultais que trois matches pour se sauver.
Le barrage dans toutes les têtes
Contre le Stade Toulousain (pourtant privé de tous ses cadres) ce samedi, puis contre le LOU et Clermont. Pas de match facile donc, pour une équipe qui, bien que affectée mentalement après la cruelle défaite de ce week-end, semble encore vouloir y croire, selon le demi de mêlée Léo Coly. « C’est la fierté qui doit parler désormais. Quand tous les lundis tu arrive à l’entraînement la tête à l’envers parce que tu as perdu, on en est plein. Je vous le dis, on est plein de merde ! C’est difficile à dire, difficile à vivre. Mais c’est là que nous nous retrouverons, là où nous ferons appel aux qualités individuelles de chacun, qu’elles soient mentales ou physiques. Nous devons prendre tout ce qui peut nous tirer vers le haut.
Un état d’esprit que semble partager son entraîneur. « Premier constat : je suis déçu pour les joueurs. Deuxièmement : nous ne sommes pas démobilisés. Troisièmement : nous continuerons à nous battre. Dans notre situation, cela se résume à des micro-détails. Il nous faut un état d’esprit encore plus impeccable, pour être encore plus précis», demande Patrice Collazo.
La possibilité de disputer les barrages est néanmoins forte. Même de bons résultats lors de ces trois derniers matchs ne suffiront peut-être pas à empêcher les Montpelliérains de disputer un match de survie face au malheureux finaliste du championnat de Pro D2. Une possibilité dont l’ailier/arrière Julien Tisseron est bien conscient : «Il faut s’y préparer (au barrage), mais cela ne nous empêche pas de jouer notre carte à fond lors de ces trois derniers matches. Il faut l’avoir en tête pour ne pas être pris de court, mais nous n’allons pas abandonner.
Cobus Reinach, numéro 9 champion du monde avec l’Afrique du Sud, et l’un des cadres de l’équipe héraultaise, avoue que c’est un sujet dont les joueurs discutent. « Nous devons nous préparer à cet obstacle. On n’a pas le droit d’arriver à la fin de la saison et d’être choqué de devoir la jouer. Nous en avons parlé, mais il y a aussi du travail à faire avant cela. Et si nous le faisons, nous avons encore une chance de l’éviter.
Une main d’œuvre mal née
Comment expliquer une telle situation dans un club qui a été champion il n’y a pas si longtemps et qui compte encore aujourd’hui de nombreux internationaux dans son effectif ? C’est la question qui a poussé Bernard Laporte à critiquer son prédécesseur, Philippe Saint-André, dans les colonnes de Midis libres. « Ce n’est pas normal que nous soyons dépendants de trois, quatre acteurs, avec une masse salariale globale très importante. Cette équipe est complètement déséquilibrée, celui qui a fait cette équipe est un escroc.
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Un effectif construit ces dernières années par l’ancien sélectionneur du XV de France, qui a tenu à lui répondre sur CMR: « Être traité d’escroc, venant de Bernard Laporte, je prends ça plutôt comme un compliment. L’effectif du MHR compte 24 internationaux, dont 12 français. Il y en avait 26 avant, c’est le choix du manager. Bernard Laporte a choisi de se séparer d’Henry Thomas, champion de France chez nous en 2022, de Tolu Latu, international australien parti à La Rochelle, et de Paolo Garbisi, que j’ai recruté très jeune et qui, pour moi, est « l’un des meilleurs demi-mouches d’Europe.
Bernard Laporte a aussi regretté le manque de leader dans son effectif, un constat partagé par son prédécesseur. « Sur le leadership, je suis d’accord avec lui (Bernard Laporte), il manque quelques leaders à cette équipe mais il ne faut pas oublier qu’en 2022, quand nous étions champions de France, le capitaine était Yacouba Camara, qui est toujours dans le groupe et qui joue, et le vice-capitaine était Geoffrey Doumayrou, a poursuivi Saint -André. Avec Jean-Baptiste Elissalde et Olivier Azam, j’ai entraîné 70 % de cet effectif pendant 30 mois. On a vécu une remontée, deux titres (un en Challenge et un en Top 14), deux quarts de finale de Champions Cup. Pour conclure sur ce qui est pour lui le problème majeur du MHR aujourd’hui : « Je sais que, dans ce groupe, il y a des bons gars, de très bons joueurs, mais il y a un manque de confiance… »
Une passe d’armes entre deux fortes personnalités du rugby français qui permet néanmoins d’en savoir plus sur les raisons des difficultés actuelles de Montpellier. Et s’il est toujours possible de se déchirer à propos des absents et des erreurs passées, une chose est sûre, il n’y a qu’un seul chemin pour survivre. A voir si ce groupe, considéré comme mal-né, trouvera la voie.