Montpellier fait ses adieux à son entraîneur emblématique Patrice Canayer
Après une magnifique carrière de trois décennies, l’entraîneur et manager héraultais a vécu son dernier match sur le banc vendredi soir. Avec émotion.
Le Montpellier Handball clôture un grand chapitre de son histoire. L’entraîneur et manager emblématique Patrice Canayer a mené vendredi dans le succès (33-25) devant Toulouse, en fin de championnat, son dernier match d’une carrière de trente ans.
Dans la vasque du Palais des sports de Bougnol, pleine et pleine d’émotions, l’entraîneur montpelliérain a reçu une standing ovation du public au coup d’envoi. Les Renards Bleus, supporters depuis le début, ont dressé un tifo à son image. Tous les spectateurs portaient un t-shirt « Merci Patrice ». Puis, pour cette dernière rencontre, Patrice Canayer s’est comporté comme lors de son premier match. Concentré, il s’est déplacé sur le banc, a recentré certains jeunes et a continué à pousser ses joueurs qui ont rapidement pris les devants pour un succès final en forme d’hommage.
A la fin de la rencontre, le désormais ex-entraîneur a salué les différents joueurs du club. «C’est un jour spécial pour vous et pour moi. Je ne sais pas si c’est de la tristesse ou de la joie. C’est de la nostalgie. Depuis une semaine, j’ai vu ma vie professionnelle et privée se dérouler. Il ne faut pas rester avec ce sentiment de nostalgie, il faut regarder vers demain. Les plus belles pages de Montpellier restent à écrire »a-t-il conclu.
Canayer, 63 ans, a été le grand architecte du MHB, qu’il a dirigé d’une main de fer, d’un esprit visionnaire et d’une vive vigilance jusqu’à un palmarès inégalé dans le handball français, parsemé de 42 titres nationaux. et deux Ligues des Champions (2003 et 2018). Il quitte le MHB à Erick Mathé, entraîneur adjoint de l’équipe de France et sélectionneur de Chambéry, une lourde succession à supporter.
J’arrivais à la fin de mon contrat. L’histoire devait se terminer, c’est peut-être le bon moment
Patrice Canayer
« Le club a fêté ses 40 ans, j’ai passé 30 ans dans ce club. J’arrivais à la fin de mon contrat. Il fallait que l’histoire se termine, c’est peut-être le bon moment”a-t-il confié mercredi, soucieux de son héritage et d’une fin en douceur. « Je me souviens particulièrement du premier titre, des deux Ligue des champions et de la Coupe de France devant le Paris SG, après l’affaire des paris »se souvient notamment de Patrice Canayer qui « déteste regarder le passé, presque d’une manière maladive ».
Réputé pour sa rigueur clinique et sa distance, ce Nîmois, qui a lancé sa carrière d’entraîneur à Paris (1989-94), a percé l’armure pour partager dans cette soirée d’adieu son attachement aux hommes et notamment à ses joueurs, dont de nombreux anciens élèves : les frères Anquetil, Burdet, Golic… présents dans les baies de Bougnol où ils ont tant gagné. « Joueurs, vous avez été ma passion »il a dit après la réunion « Il n’y a pas un jour où je n’ai pas eu le plaisir de travailler avec toi, de te faire souffrir. J’ai adoré te pousser, te pousser… Je t’aime. Pour dépasser ses limites, il faut repousser ses limites. Je l’ai poussé au-delà de la raison, mais j’ai adoré travailler avec toi. »il a témoigné.
« C’est un travail qui compte plus pour moi que je n’aurais pu l’imaginer. C’est une histoire avec beaucoup de liens, des liens d’amour”, a reconnu mercredi, d’une voix chevrotante, cet homme de pouvoir qui n’a jamais cessé de contrôler ses émotions. Il a déjà un pied en politique comme conseiller régional de Carole Delga, présidente (PS) d’Occitanie. Mais il n’a pas dit qu’il arrêtait sa carrière.