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Montant offert, utilisation… Ce que Rachida Dati veut changer dans le système

LUDOVIC MARIN / AFP Rachida Dati photographiée à son arrivée à l’Élysée le 10 octobre (illustration)

LUDOVIC MARIN / AFP

Rachida Dati photographiée à son arrivée à l’Élysée le 10 octobre (illustration)

POLITIQUE – Révisez votre copie. La ministre de la Culture Rachida Dati souhaite réformer en profondeur le Pass Culture, totem de la politique culturelle d’Emmanuel Macron, dont le coût élevé et les effets sont très contestés par les acteurs du secteur.

Cinq ans après sa mise en place, le ministre LR, qui a rejoint Emmanuel Macron et qui a survécu à la dissolution, propose d’en finir avec ce qui a fait l’originalité du système : une subvention universelle de 300 euros pour tous les jeunes de 18 ans, à dépenser autant que possible. ils jugent opportun la culture.

Vendredi 11 octobre, au lendemain de la présentation du premier budget du gouvernement Barnier, Rachida Dati a profité d’une tribune à Monde de proposer des ajustements, après des rapports pointant les limites du système. Le ministre souhaite d’abord ajuster le montant offert aux jeunes.

« Sans renoncer à l’universalité du système, il faut en outre supposer que le Pass Culture est destiné à corriger les inégalités de destin »souligne-t-elle en donnant « plus pour les jeunes aux moyens modestes, sans négliger les classes moyennes ». Elle souhaite aussi mettre fin au libre-service qui permet aux jeunes de dépenser leur bourse comme bon leur semble. Une partie devra être consacrée aux réservations de spectacles vivants, largement boudées par les allocataires qui n’y consacrent qu’un pour cent de leurs dépenses.

« Faire mieux avec moins »

Jusqu’à présent, les jeunes privilégient les achats de livres, dont une forte proportion de mangas, et de cinéma, pour les trois quarts des dépenses. Cette réforme du Pass Culture, qu’une partie du secteur attendait avec impatience, devrait permettre de « faire mieux avec moins »nous avançons sur la rue de Valois.

Avec 4,45 milliards d’euros alloués (reconduction stricte du montant alloué par la loi de finances initiale l’année dernière), le ministère de la Culture s’estime relativement épargné par l’effort budgétaire demandé en 2025 mais voit dans le Pass Culture une source d’économies importante. Lancé en 2019-2020, le dispositif a bénéficié à plus de 3,4 millions de personnes depuis sa généralisation en 2021, touchant une large majorité de chaque tranche d’âge.

Coup de pouce, les chèques versés aux jeunes coûtent quelque 210 millions d’euros par an. Or, de nombreux acteurs culturels reprochent au Pass, très gourmand en argent public, de rater sa cible en douchant tout le monde, même ceux qui ont déjà les moyens ou l’habitude de consommer de la culture.

Et de ne pas inciter les jeunes à aller à des spectacles ou à des œuvres vers lesquels ils ne se seraient pas tournés autrement, gonflant les ventes des grandes industries culturelles, comme les éditeurs d’œuvres de Nouvelle Romance (fictions d’amour agrémentées de suspense et d’érotisme) dont les ventes sont des structures qui explosent plutôt que des structures fragiles. Pour y remédier, des premières réformes ont déjà été menées, l’Etat créant un « part collective » dépensés via les enseignants.

Améliorer la « diversification publique »

Mais « La part individuelle reste encore trop souvent un instrument de consommation culturelle et de reproduction sociale »note la ministre dans sa chronique, en s’appuyant sur deux rapports gouvernementaux. Elle souhaite donc réduire la part versée directement aux jeunes au profit de sommes qui permettent d’améliorer « la diversification des publics et des pratiques ».

« La messe est dite pour le Pass Culture »juge pour l’AFP l’économiste universitaire et culturel Jean-Michel Tobelem, qui voit « un désaveu » du chef de l’Etat. « Beaucoup de gens n’ont pas voulu accepter l’idée que le Pass Culture n’atteignait pas ses objectifs, jusqu’à ce que la situation devienne intenable » budgétairement, regrette-t-il.

Il appelle à ce que cette réforme s’accompagne d’un soutien aux acteurs comme les petites librairies, les MJC et l’éducation populaire. Sociologue au Cerlis, spécialiste des pratiques culturelles des adolescents, Tomas Legon voit aussi la fin de l’esprit originel du Pass Culture.

« Le pass représentait une forme modeste d’innovation en matière de politique culturelle » en permettant aux adolescents de choisir leurs pratiques. « Là, on revient à l’objectif classique depuis les années 1950 de « démocratisation culturelle », en distinguant les « bonnes » pratiques des « mauvaises » et en considérant qu’il y a des choses moins culturelles que d’autres »il analyse.

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Cammile Bussière

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