Monkeypox : quelle est l’urgence de santé publique internationale considérée par l’OMS ?
Une nouvelle souche du virus de la variole du singe, ou MPOX, pourrait-elle se propager en dehors de l’Afrique ? Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), se pose la question alors que la variante baptisée « clade 1b » a été repérée au-delà de la République démocratique du Congo (RDC).
Le patron de l’OMS a convoqué mercredi un comité d’urgence qui se réunira « dès que possible » pour déterminer s’il faut décréter une urgence de santé publique de portée internationale (USPI), le niveau d’alerte le plus élevé. Le Parisien fait le point sur cette procédure.
Dans quels cas une urgence de santé publique internationale est-elle déclarée ?
L’OMS précise qu’une USPPI peut être déclenchée par un « événement extraordinaire » qui présente « un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque international de propagation de la maladie » et qui « peut nécessiter une action internationale coordonnée ». La situation doit être « grave », « soudaine », « inhabituelle » ou « inattendue ».
Le patron de l’OMS peut déclencher cette alerte sur avis des comités d’urgence, créés lors de chaque grande épidémie. Chacun d’entre eux est composé d’experts internationaux volontaires qui, lorsqu’ils se réunissent, discutent, formulent des propositions et soumettent un avis au patron de l’OMS.
Concernant le monkeypox, découvert en 1970 et longtemps limité à des pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, une première urgence de santé publique internationale avait été déclarée en juillet 2022, avant d’être levée en mai 2023. Le clade 2 s’était propagé dans une centaine de pays où la maladie n’était pas endémique, dont la France, provoquant la mort de 140 personnes sur 90 000 cas détectés.
Désormais, c’est la souche « clade 1b », détectée en septembre 2023, qui suscite l’inquiétude. D’autant qu’elle « provoque une maladie plus grave que la clade 2 », selon le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Les symptômes, qui se caractérisent par des éruptions cutanées et des lésions localisées sur la bouche, le visage et les organes génitaux, s’étendent sur tout le corps. Plus de 14 000 cas et 511 décès ont été enregistrés rien qu’en RDC depuis le début de l’année.
Qu’est-ce que cela implique ?
Si l’OMS devait lancer une telle alerte, elle demanderait aux 196 États signataires de prendre des mesures de surveillance de la maladie, de mettre en place des moyens pour « la détecter rapidement » et d’isoler et de traiter le cas.
« Il faudra une réponse mondiale pour stopper la transmission (de la variole du singe) », a déclaré le directeur général de l’OMS, qui travaille avec les gouvernements des pays touchés (Kenya, Rwanda et Ouganda) pour comprendre les causes de ces épidémies et y remédier. Il conseille pour l’instant de « ne pas imposer de restrictions de voyage vers les pays touchés ».
Un soutien financier peut également être apporté, par le biais d’un soutien international ou d’une collecte de fonds. L’OMS a élaboré un plan d’action régional qui nécessite 15 millions de dollars (13,7 millions d’euros) pour soutenir les activités de surveillance, de préparation et de riposte. « Un soutien financier est nécessaire pour le MPOX », a déclaré Maria Van Kerkhove, responsable de la préparation aux épidémies et aux pandémies à l’OMS. « Nous devons intensifier la riposte pour faire face à une épidémie dans plusieurs pays, en particulier pour le clade 1b. »
Cette mesure peut accélérer la recherche, comme ce fut le cas pour le Covid-19. Le vaccin était alors considéré comme une priorité mondiale, facilitant les démarches administratives et la réalisation d’essais cliniques.
Quels sont les précédents ?
Depuis sa révision en 2005, l’urgence de santé publique de portée internationale a été déclarée pour la première fois en 2009, lors de l’épidémie de grippe H1N1. Elle a ensuite été déclarée à deux reprises en 2014, pour la polio et Ebola, en 2016 pour Zika, en 2018 à nouveau pour Ebola, en 2020 pour le Covid-19 et en 2022 pour la variole du singe.
Lorsque l’urgence concernant le MPOX a été levée en 2023, le Dr Tedros a déclaré : « Comme pour la COVID-19, cela ne signifie pas que le travail est terminé. Le MPOX continue de poser des problèmes de santé publique importants qui nécessitent une réponse robuste, proactive et soutenue. » La réponse des pays a permis de mieux contrôler l’épidémie pendant un certain temps, mais ne l’a pas empêchée de reprendre.