L’Organisation mondiale de la santé a annoncé mercredi 14 août le déclenchement de son niveau d’alerte le plus élevé pour la variole du singe.
Comment évolue la maladie ? Quid de sa dangerosité ? TF1info fait le point.
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La variole du singe : la peur d’une nouvelle épidémie
UN « urgence de santé publique de portée internationale »C’est ainsi que le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a décrit mercredi 14 août la résurgence des cas de mpox, autrefois appelé monkeypox. L’OMS a ainsi élevé la maladie au plus haut niveau d’alerte au niveau international, comme elle l’avait fait en juillet 2022, avant de lever l’alerte un an plus tard.
Quelle est cette maladie ?
La variole du singe n’est pas une maladie nouvelle. Découverte pour la première fois chez l’homme en 1970 dans ce qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo (anciennement Zaïre), peu avant l’éradication de la variole humaine, elle se transmet initialement des animaux aux humains, mais se transmet également par contact physique étroit avec une personne infectée par le virus. Les premières souches se caractérisaient par des éruptions cutanées et des lésions localisées sur la bouche, le visage ou les parties génitales.
Au cours des dernières décennies, le virus a muté et s’est propagé dans plusieurs régions du globe. En 2003, l’épidémie a atteint les États-Unis, où 81 cas ont été officiellement recensés. Plus récemment, en 2022, une centaine de pays ont signalé des cas de monkeypox alors que la maladie n’y est pas endémique, comme en Europe et en Amérique du Nord. L’épidémie était alors portée par le clade (groupe) 2. Cette fois, c’est le clade 1b, responsable de la propagation des cas ces dernières semaines, qui inquiète l’Organisation mondiale de la santé.
Où trouve-t-on cette nouvelle souche ?
L’épidémie actuelle, qui a débuté en République démocratique du Congo (RDC), est pour l’instant confinée à l’Afrique. Certains pays frontaliers, comme le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda, ou des pays voisins, comme le Kenya, ont identifié des cas. « Ils n’avaient jamais signalé de mpox auparavant »a insisté mercredi le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
En France, aucun cas de cette souche n’a été recensé jusqu’à présent, tout comme en Europe. Contrairement aux souches précédentes, le clade 1b provoque des symptômes plus graves : il provoque des éruptions cutanées sur tout le corps. Il se propage également plus facilement, avec une augmentation de 160 % des cas en 2024 en RDC.
À quel point est-ce dangereux ?
Surtout, selon l’OMS, le danger de ce virus a augmenté. « L’épidémie de clade 2 a été peu meurtrière, avec un taux de mortalité inférieur à 0,1 % »explique sur LCI le Dr Benjamin Rossi, infectiologue à l’hôpital Robert Ballanger d’Aulnay-sous-Bois (voir vidéo en tête de cet article). « Sur les 5 000 cas que nous avons détectés en France (en 2022), il n’y a eu aucun décès. »
Cette fois, la situation est différente pour le clade 1. « La mortalité est comprise entre 1 et 10 % »poursuit le Dr Rossi. « Dans l’épidémie actuelle décrite en RDC, on est à 3,6% de mortalité. C’est quand même beaucoup. » Selon les dernières données, près de 1 500 personnes, dont des enfants, sont mortes de cette maladie du clade 1b sur un peu moins de 40 000 infections. A titre de comparaison, la souche précédente avait causé dix fois moins de décès malgré un nombre de cas deux fois plus élevé.
Que peut changer le niveau d’alerte le plus élevé ?
Cette gravité accrue a motivé la décision de l’OMS de décréter l’alerte maximale au niveau mondial. Mais il ne s’agit pas pour l’organisme de tirer la sonnette d’alarme sur une éventuelle pandémie à l’horizon. « La solution est la solidarité internationale »résume le Dr Benjamin Rossi. C’est précisément ce que permet le niveau d’alerte le plus élevé.
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QUI va « accéder aux fonds pour les interventions d’urgence »« Cela permet de faire face à une crise sanitaire majeure », explique à l’AFP Marion Koopmans, professeure à l’université néerlandaise Érasme de Rotterdam. « De quoi aider les autorités locales face à l’épidémie ». « Se faire soigner en RDC est compliqué, ça coûte cher, il n’y a pas de prise en charge et la population n’y va pas »assure l’infectiologue. « Nous avons donc besoin de l’aide internationale pour couper les chaînes de contamination. »