Santé

Monkeypox : l’inquiétude grandit face à une nouvelle variante plus mortelle

Plus dangereuse, plus contagieuse, la nouvelle variante du monkeypox qui se propage en Afrique suscite l’inquiétude au point que les autorités de surveillance sanitaire s’apprêtent à décréter l’état d’urgence. Cette nouvelle souche, qui semble plus mortelle que les précédentes, est apparue en septembre 2023 en République démocratique du Congo (RDC), qui était déjà le berceau du virus à l’origine de la crise de 2022 et s’est déjà propagée bien au-delà des frontières du pays.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé mercredi lors de son point mensuel la convocation « dans les meilleurs délais » d’un comité d’experts chargé de déterminer si ce nouveau variant représente une urgence de santé publique de portée internationale (USPI). Ce statut est déjà acquis en Afrique même puisque jeudi, dans la foulée de cette annonce de l’OMS, le CDC Afrique, l’agence sanitaire de l’Union africaine, a indiqué son intention de décréter l’urgence régionale dès la semaine du 12 août.

Les pays africains infectés seront ensuite tenus de rapporter systématiquement leurs données épidémiologiques au CDC Afrique, qui souhaite non seulement renforcer sa surveillance mais aussi jouer un rôle dans la coordination des actions qui seront menées.

14 000 cas en six mois

Il n’y a toujours pas de cas hors d’Afrique, contrairement à la crise de 2022, mais ce n’est probablement qu’une question de temps. Le Monkeypox (rebaptisé « Mpox » ou « variole simienne » fin 2022) circule depuis des décennies en RDC, où le nombre de cas annuels ne cesse d’augmenter, mais 2024 marque un tournant.

Depuis le début de l’année, la RDC a enregistré « plus de 14 000 cas notifiés et 511 décès. (…) Il y a autant de cas notifiés au cours des six premiers mois de 2024 que sur toute l’année dernière », a souligné le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors de son point mensuel sur la santé mondiale, le 7 août. En juin, l’épidémie s’est propagée à quatre nouveaux pays frontaliers non encore touchés (Burundi, Kenya, Rwanda et Ouganda).

Souche Clade 1b

Outre un nombre de cas sans précédent en RDC, ce qui inquiète l’OMS, c’est l’apparition d’un variant. Différent de la souche « Clade 2 », à l’origine de la crise de 2022, et de la souche classique « Clade 1 » circulant déjà depuis des années en RDC, ce variant a été identifié en avril 2023 et confirmé en septembre dernier en RDC. Cette nouvelle souche appelée Clade 1b « provoque une maladie plus grave que la Clade 2 », a prévenu le directeur général de l’OMS. Or, c’est la Clade 1b qui s’est propagée dans au moins trois des quatre nouveaux pays frontaliers touchés (Kenya, Rwanda et Ouganda), aux côtés des souches déjà connues qui continuent de circuler (ou réapparaissent sporadiquement, comme en Afrique du Sud en juillet).

Le clade 1b présente deux caractéristiques alarmantes. D’abord, le nombre de jeunes enfants infectés suggère que la transmission se fait plus facilement par les fluides corporels comme la sueur ou la salive que la souche Clade 2 à l’origine de la crise de 2022 et se propage par voie sexuelle, la communauté homosexuelle masculine étant le principal vecteur. Cela a facilité le lancement de campagnes de vaccination ciblées dans les communautés à risque.

Les enfants sont les premiers touchés

Ce sera moins simple désormais. La vaccination devra peut-être être générale. Car l’analyse par l’OMS des cas déclarés en RDC au 26 mai 2024 (elle ne l’a pas encore fait au-delà) montre que « les enfants représentent la tranche d’âge la plus touchée. Sur 7 851 cas déclarés, 39 % sont des enfants de moins de cinq ans, dont 240 sont décédés, soit 62 % du total des décès », expliquait l’OMS le 14 juin. Une situation inédite. Au 26 mai, les nourrissons de moins d’un an représentaient 11 % des cas de Mpox en RDC et les enfants de 1 à 15 ans 56 % (dont la moitié a entre 1 et 4 ans) tandis que les adultes de plus de 15 ans ne représentaient qu’un tiers des malades.

La situation a donc radicalement changé cette année. Les malades sont plus jeunes et, peut-être en raison de l’immaturité de leur système immunitaire, le taux de mortalité est beaucoup plus élevé. Il s’établit à 8,6 % pour les nourrissons, 7,4 % pour les enfants de 1 à 4 ans et 3,7 % pour les 5-15 ans contre 2,4 % pour les adultes (plus de 15 ans). Pour rappel, la précédente crise internationale du Mpox avait fait état de 4 144 cas confirmés en France à fin mai 2023, dont la quasi-totalité étaient des hommes adultes, complétés par moins de 3 % de femmes de plus de 15 ans et seulement 12 cas confirmés de patients de moins de 15 ans.

L’OMS a appelé vendredi soir les fabricants de vaccins Mpox qui n’ont pas encore été formellement autorisés à soumettre immédiatement leurs données de sécurité et d’efficacité pour une autorisation expresse. L’état d’urgence n’a pas encore été déclaré, mais il est déjà là.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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