La présidente de la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris est perplexe et multiplie les questions. « Que saviez-vous du parcours de votre frère lorsque vous êtes parti ? », interroge Murielle Desheraud, étonnée que Khadidja A. en dise si peu sur le pedigree de ce demi-frère dont l’ombre écrase l’auditoire. Car cet homme « n’est pas le clampin de base radicalisé sur son ordinateur en deux mois », poursuit la magistrate.
Loin de là même puisque, après avoir rejoint la zone syro-irakienne fin 2013, « il est devenu le Français le plus haut gradé de l’État islamique, en charge des opérations extérieures ». Jugée ce mercredi pour association de malfaiteurs terroristes, Khadidja A. est l’une des sœurs de Boubakeur El Hakim, un vétéran du jihad français au lourd passé. Cette mère de famille de 43 ans comparaît pour l’avoir rejoint en Syrie avec sa mère et sa fille, alors âgée de 4 ans, entre février et décembre 2015.