Mois Molière. A Versailles, le théâtre dans la ville
Devant le conservatoire régional de Versailles, une dizaine de personnes attendent de pouvoir entrer dans ce qui a été aménagé, jusqu’au 29 juin, en l’une des 60 salles de représentation du Mois Molière, le festival de théâtre de la ville. royal dont le 28e édition a débuté le 1er juin. Au programme, ce 10 juin au soir, tout le monde espère voir La liste de mes envies, une création adaptée du best-seller de Grégoire Delacourt. Mais trop tard, la représentation est terminée. Au même moment, ailleurs dans la ville, la cour de la grande écurie accueille Le journal d’un fou, selon Gogol. Deux jours avant, les spectateurs pouvaient assister à Feydeau (Nous purgeons bébé !) et, le lendemain, ils se dépêcheront de La gloire de mon père. Trois cent trente représentations – gratuites ou à faible coût – sont prévues au total pendant le festival.
Assis au premier rang de la salle du conservatoire, le maire (divers droite) François de Mazières, programmateur du festival, savoure l’instant et présente au public la comédienne Gwenaël Ravaux, l’interprète de La liste de mes envies, dont elle a également écrit l’adaptation. Seule sur scène, passant d’un personnage à l’autre en enfilant une simple paire d’escarpins ou en changeant d’attitude, elle donne de la profondeur à son personnage de mercière, à Arras, qui gagne 18 millions d’euros au jeu de hasard. Que faire de tout cet argent ? Changer de vie ? Améliorer l’existant ? Le public, à l’écoute, applaudira largement la pièce (et son actrice) à la fin de la représentation, vantant un mélange d’humour et d’émotion.
Un mélange de sentiments. Un roman à succès. Cette année, peut-être plus que jamais, le festival entend mettre à l’honneur le théâtre et la comédie contemporains. « Molière nous a en effet montré la voie : plus le monde est déchiré, plus le théâtre doit nous inviter à réfléchir et à guérir nos esprits inquiets avec humour, même lorsqu’il s’agit de sujets graves. » plaide François de Mazières.
La gloire de son maire
Des sujets sérieux, mais pas que. La preuve, le lendemain, mardi 11 juin. Cette fois, c’est l’Université Ouverte de Versailles qui a accueilli le public. En cette fin de printemps trop fraîche, le Mois Molière a réussi à souffler un vent chaud et réconfortant du Sud sur Versailles en saluant l’adaptation de La gloire de mon pèree, de Marcel Pagnol. Seul sur le plateau et portant le texte avec passion et délectation, le comédien Antoine Séguin a proposé une version abrégée, mais en tout point fidèle, des célèbres Mémoires de l’enfant d’Aubagne publiées en 1957.
D’une grande économie de moyens – décor en tôle et simple tableau noir pour évoquer à la craie les objets de la pièce – la mise en scène de Stéphanie Tesson et Elric Thomas a privilégié la mise en valeur des mots de Pagnol et une performance scénique expressive, qui emprunte parfois au mime. Avec beaucoup d’énergie, Antoine Séguin réussit à dresser toute la galerie de portraits de cette sympathique famille : l’oncle Jules et la tante Rose, le petit frère Paul, le père respecté et touchant, la mère affectueuse et inquiète, et le jeune Pagnol, fin observateur de la famille. galaxie.
Dans ces tranches de vie, le rire et la tendresse se donnent la main pour conduire le spectateur aux sources de sa propre enfance. Le public, très familial et de toutes générations, ne s’y est pas trompé, les plus jeunes riant aux éclats des farces et explorations estivales plus ou moins réussies du jeune garçon. Mis en scène, les souvenirs de Pagnol sont rajeunis, rafraîchis, démontrant une fois de plus que les classiques sont capables de traduire de manière intemporelle les mouvements profonds du cœur humain.
Le mois Molière se termine le 29 juin, à Versailles… mais se poursuit à Avignon, où, pour la première fois, du 3 au 21 juillet, l’événement occupera son propre lieu pendant le Festival : une nouvelle scène installée dans la chapelle de l’ancien Carmel. Une offre parmi les 1 666 spectacles de l’affiche « Off ». Aux spectateurs de dresser… une liste de leurs souhaits.