Mobilisation en soutien à Gaza : heurts et arrestations sur les campus américains – 01/05/2024 à 19h30
Des policiers sur le campus de l’université UCLA à Los Angeles, le 1er mai 2024 (AFP / Frederic J. Brown)
La police a été déployée mercredi sur plusieurs campus américains, après être intervenue dans la nuit à Los Angeles et à New York, scènes de mobilisation étudiante contre la guerre à Gaza qui secoue les Etats-Unis.
Environ 300 personnes ont été arrêtées à New York sur deux sites universitaires, a indiqué mercredi la police de la ville lors d’une conférence de presse.
Dans la nuit, la police a délogé avec force des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de la prestigieuse université de Columbia, à Manhattan, où avait débuté la mobilisation étudiante en soutien à Gaza. Les tentes installées sur la pelouse du site ont été retirées.
« La police a été brutale et agressive avec eux », a déclaré à l’AFP Meghnad Bose, une étudiante de Colombie témoin de la scène.
« Ils ont arrêté des gens au hasard (…) plusieurs étudiants ont été blessés au point qu’ils ont dû être hospitalisés », a dénoncé une coalition de groupes étudiants pro-palestiniens de Colombie dans un post Instagram.
«Je regrette que nous en soyons arrivés à ce point», a réagi Minouche Shafik, la présidente de l’université, dans un communiqué mercredi.
Les manifestants se battent « pour une cause importante », mais les récents « actes de destruction » perpétrés par « des étudiants et des militants extérieurs » l’ont amenée à recourir à la police, a-t-elle expliqué, dénonçant par ailleurs des « propos antisémites » tenus lors de la manifestation. ces rassemblements.
Un nouveau camp a été installé dans la matinée sur le campus de l’université new-yorkaise Fordham University, selon un journal universitaire et des images diffusées sur les réseaux sociaux.
D’autres ont été démantelés tôt mercredi sur les campus de l’université d’Arizona à Tucson et de l’université du Wisconsin-Madison, respectivement dans le sud-ouest et le nord du pays, selon les médias locaux.
– Des affrontements –
Un militant pro-palestinien (c) tabassé par des contre-manifestants sur le campus de l’université UCLA, à Los Angeles, le 1er mai 2024 (AFP / ETIENNE LAURENT)
Depuis deux semaines, les mobilisations en soutien à Gaza se multiplient à travers les Etats-Unis, de la Californie jusqu’aux grandes universités du nord-est, rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam.
Les étudiants appellent les établissements à rompre les liens avec les mécènes ou les entreprises liées à Israël, et dénoncent le soutien de Washington à son allié israélien.
Sur le campus de l’université UCLA de Los Angeles, des heurts ont éclaté dans la nuit lorsqu’un important groupe de contre-manifestants, pour la plupart masqués, a attaqué un campement pro-palestinien installé sur une pelouse, selon un photographe de l’AFP.
Les assaillants ont tenté de briser une barricade improvisée autour du camp, composée de barrières métalliques et de panneaux de contreplaqué. Manifestants et contre-manifestants se sont alors affrontés à coups de bâtons et se sont lancés des projectiles.
Mercredi matin, le calme était revenu, mais des dizaines de voitures de police étaient toujours présentes. Tous les cours ont été annulés pour la journée, a annoncé l’établissement.
« Où étaient les autorités ? Mark Torre, un étudiant de 22 ans qui n’a pas participé aux affrontements, a déclaré à l’AFP.
Le président de l’université, Gene D. Block, avait mis en garde avant les violences contre la présence de personnes extérieures au campus.
Carte des universités américaines où des personnes ont été arrêtées après des manifestations pro-palestiniennes entre le 17 et le 29 avril (AFP / Corin FAIFE)
Dimanche, des militants pro-palestiniens et pro-israéliens, soutenus par de nombreux manifestants venus de l’extérieur, en sont venus aux mains, à coup de bousculades et d’insultes.
« Ces incidents ont provoqué, en particulier parmi nos étudiants juifs, une profonde anxiété et une peur », a-t-il ajouté.
– 6 mois avant l’élection présidentielle –
Contrairement à d’autres institutions, l’université Brown, dans l’État de Rhode Island, avait annoncé la veille avoir trouvé un accord avec les manifestants. Celui-ci prévoit le démantèlement de leur campement en échange d’un vote universitaire en octobre sur d’éventuels « désinvestissements dans des ‘entreprises qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza' ».
Selon un comptage de l’AFP, la police a procédé à des interpellations sur au moins 30 sites universitaires depuis le 17 avril.
Des policiers sur le campus de l’université UCLA à Los Angeles, le 1er mai 2024 (AFP / Frederic J. Brown)
Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus ont fait le tour du monde et suscitent de vives réactions dans le monde politique, à six mois de l’élection présidentielle dans un pays polarisé.
Joe Biden « doit faire quelque chose » contre ces « agitateurs rémunérés », a déclaré mardi soir le candidat républicain Donald Trump sur Fox News. « Nous devons mettre fin à l’antisémitisme qui gangrène aujourd’hui notre pays », a ajouté l’ancien président.
« Occuper de force un bâtiment universitaire est une mauvaise approche » et ne représente pas « un exemple de manifestation pacifique », a tonné John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.