« Mission Damascus », de David McCloskey : un nid d’espions
Mission Damas
par David McCloskey
Verso (Ed. Seuil), 576 p., 22,90 €
Les agents de recrutement pourraient bien être « sport préféré »Sam Joseph n’est pas du genre vantard. « Tout ce cirque est moins glamour qu’on ne l’imagine. C’est surtout une histoire de poubelles et de chats morts. »lâche l’officier de la CIA à celle qu’il doit « rendre » : Mariam Haddad, une haute fonctionnaire chrétienne, aussi captivante que tourmentée, à l’aube de la révolution syrienne.
Dans ce thriller d’espionnage enivrant, David McCloskey nous fait découvrir l’art subtil du recrutement, indissociable de la paranoïa, de la trahison et du doute. Surtout lorsque la règle numéro un – ne pas tomber dans le piège de votre « proie » – est brisée.
machine de la mort
Sam, qui sème comme aucun autre moukhabaratces sbires du régime, à travers les rues sinueuses de Damas, Saint-Germain ou Nice, n’ont pas d’autre choix : recruter ce » gros poisson « à Paris n’a plus rien de professionnel depuis que son amie et collègue infiltrée Val est tombée entre les mains des tortionnaires de Bachar Al Assad. Car les dorures du palais présidentiel ne suffisent pas à cacher les entrailles puantes de la machine de mort syrienne. Même les pires voyous du régime, comme le général Ali Hassan et son frère Rustum, ne pensent qu’à s’éliminer.
Tout en jouant en partie la carte de la fiction historique – l’utilisation du gaz sarin sur le champ de bataille syrien est au cœur de l’intrigue – David McCloskey prend quelques libertés. « Le président n’était pas présent dans l’attentat que je décris et qui a eu lieu en juillet 2012. Mais c’est un roman, alors pourquoi ne pas lui infliger dans l’intrigue ce que j’aurais peut-être aimé le voir arriver ? » » s’amuse l’auteur texan, qui porte un regard cru sur la politique syrienne de Washington à l’époque. « C’est comme une catharsis. »
Si le lecteur familier du Moyen-Orient se laisse captiver par le parfum et le charme de la rue syrienne dépeinte par l’auteur, nul besoin d’être un initié pour se laisser emporter par le rythme et le réalisme de ce roman, qui a séduit notamment les plus exigeants. cercle du renseignement américain. « J’ai essayé au maximum de respecter les codes de l’agence. Les romans d’espionnage sont souvent si infidèles à la réalité ! » glisse l’ex-analyste, ravi d’avoir gardé une place au truculent chef de gare de Damas, Artemis Proctor, dans son prochain opus, Moscou X. Nous aussi.