Les déboires des mineurs non accompagnés qui ont trouvé refuge en 11e Le quartier parisien continue. Le tribunal administratif, à la demande de la Mairie de Paris, propriétaire de la Maison des Métallos, a ordonné l’expulsion sous 15 jours des 251 mineurs (de 60 à 150 selon les communes), mercredi 5 juin, selon l’Agence France -Presse (AFP). Des jeunes, qui occupaient depuis deux mois l’établissement culturel du 11e arrondissement de la capitale, se sont rassemblés devant le lieu pour protester contre cette décision en fin d’après-midi. « Compte tenu de l’accompagnement social auquel sont soumis les occupants sans droits ni titres de la Maison des Métallos, notamment en raison de leur situation sanitaire, la mesure d’éloignement n’a pas d’impact disproportionné sur leur vie privée et familiale », justifie le tribunal.
Le juge des référés a estimé que l’évacuation n’était contraire ni à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales – ces occupants se présentaient comme isolés de leurs familles – ni aux intérêts de la Convention internationale des droits de l’enfant, «ni violé leur dignité humaine».
« Un sentiment d’injustice »
« La Maison des Métallurgistes n’est pas conçue pour servir de dortoir à un grand nombre de personnes » Et « le grand nombre de personnes hébergées est susceptible de présenter des risques pour la santé et la sécurité du bâtiment, notamment en cas d’incendie »fait valoir le tribunal.
Des explications loin d’être satisfaisantes pour Maître Samy Djemaoun, l’un des avocats qui a demandé le rejet de la demande. « On a un sentiment d’injustice, la Ville n’a pas apporté la preuve de la présence, ni de l’urgence de procéder à l’évacuation. Une seule salle était occupée et cela n’empêchait pas les artistes de se produire »a estimé l’avocat, auprès de l’AFP.
« La Ville s’est engagée lors de l’audience publique à utiliser l’ordonnance pour négocier l’hébergement des occupants avec l’Etat, nous espérons qu’elle respectera sa parole »ajouta l’avocat. « Notre objectif est de protéger les jeunes, l’équipe de la Maison des metallos et l’établissement »Léa Filoche, l’adjointe au maire chargée de la solidarité, a déclaré à l’AFP, précisant que « La seule façon de sortir de cette situation est que l’État trouve des solutions durables et dignes ».
Trois jours après le début de l’occupation, le 6 avril, la mairie a directement évoqué la responsabilité de l’Etat, constatant que « De nombreux immeubles ou locaux commerciaux vacants pourraient être réquisitionnés par l’État compte tenu de l’urgence de la situation, comme l’Hôtel-Dieu, l’ancien siège de l’AP-HP situé avenue Victoria, l’hôtel Marriot, ou encore les locaux de Val- de-Grâce ».
« Nettoyage social »
Les jeunes, regroupés au sein du Collectif jeunesse de Belleville, avaient tenté d’alerter sur la réalité concrète de leurs conditions de vie. Ils avaient défilé aux côtés de nombreux sympathisants, notamment la CGT et la marche de solidarité, pour interpeller les autorités sur la violation de leurs droits, une semaine après le début de l’occupation.
Fin avril, un jeune occupant la Maison des Métallos et un militant de « collectif 20e En solidarité avec tous les migrants » ont été convoqués au commissariat du 11e arrondissement de Paris, après une plainte de la direction de la Maison des Métallos pour « obstruction ou atteinte concertée et violente à l’exercice de la liberté d’expression de la création artistique » Et « vol de rencontre ». » Il s’agit de nous faire peur. Rien n’a été volé, et c’est le principe de l’occupation : ce qui est à l’intérieur reste à l’intérieur. », a expliqué Mathieu, membre du collectif et cible de la plainte.
Cette expulsion s’inscrit dans un contexte de « nettoyage » social en vue des Jeux olympiques (du 26 juillet au 11 août), dénoncé par le collectif Revers de la Médaille. Une série de harcèlements, d’expulsions et d’invisibilisations qui ont lieu depuis plusieurs mois contre les populations les plus pauvres, précaires et vulnérables de Paris. Y compris les jeunes mineurs en attente d’un recours devant la justice administrative, alors même que l’évaluation sommaire de l’âge d’un mineur isolé par les départements a été dénoncée par 26 associations, saisissant le Conseil d’État mi-mai pour que la France respecte enfin la Convention internationale sur la Droits de l’enfant.
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