Microsoft renonce à son siège au conseil d’administration d’OpenAI – 2024-07-10 18:33
Sam Altman, PDG d’OpenAI, et Kevin Scott, directeur technique de Microsoft, lors de la conférence annuelle du géant américain de l’informatique à Seattle, le 21 mai 2024 (AFP/Jason Redmond)
Microsoft a renoncé à son siège d’observateur au conseil d’administration d’OpenAI, le développeur de ChatGPT, alors que les régulateurs européens et américains intensifient leur surveillance du marché de l’intelligence artificielle générative (IA).
« Au cours des huit derniers mois, nous avons constaté des progrès significatifs de la part du nouveau conseil d’administration et sommes confiants dans la trajectoire de l’entreprise », a déclaré Microsoft dans une lettre envoyée à OpenAI mardi et consultée par l’AFP mercredi.
« Nous ne pensons pas que notre rôle limité d’observateur soit encore nécessaire », a ajouté l’entreprise fondée par Bill Gates, précisant que ce retrait prenait effet « immédiatement ».
Microsoft a investi environ 13 milliards de dollars dans OpenAI depuis le début de leur partenariat en 2019, soulevant des questions des deux côtés de l’Atlantique quant à l’étendue de son influence sur la startup californienne fondée en 2015.
Le géant du logiciel s’était vu accorder un siège d’observateur sans droit de vote au conseil d’administration en novembre 2023, après un débat houleux sur la question de savoir si Sam Altman devait ou non rester à la tête de l’entreprise. Altman est finalement revenu, soutenu par Microsoft.
« Nous sommes reconnaissants à Microsoft d’avoir exprimé sa confiance au conseil d’administration et à la direction de l’entreprise, et nous sommes impatients de poursuivre notre partenariat fructueux », a déclaré un porte-parole d’OpenAI contacté par l’AFP.
– « Sûreté et sécurité » –
Il a déclaré que la startup travaillait sur « une nouvelle approche pour informer et engager des partenaires stratégiques clés – tels que Microsoft et Apple – et des investisseurs – tels que Thrive Capital et Khosla Ventures ».
« À l’avenir, nous organiserons des réunions régulières avec les parties prenantes pour les informer des progrès de notre mission et assurer une collaboration plus étroite en termes de sûreté et de sécurité », a-t-il ajouté.
La start-up californienne OpenAI, qui a développé ChatGPT, a été créée en 2015 (AFP / Lionel BONAVENTURE)
Microsoft et OpenAI développent et commercialisent des services d’IA générative pour les entreprises et les particuliers, et concurrencent Google et d’autres géants de la technologie dans ce domaine.
Depuis le lancement de l’interface ChatGPT en novembre 2022, une course effrénée est engagée pour prendre le dessus sur cette nouvelle technologie capable de générer des textes, images et autres contenus sur des requêtes simples en langage courant.
Son développement nécessite des investissements colossaux, principalement dans des serveurs et des processeurs dotés de composants de pointe pour former les modèles informatiques à l’œuvre dans des services comme ChatGPT.
Seule une poignée de géants de la technologie ont la capacité d’engager les sommes nécessaires pour devenir un acteur légitime de l’IA générative, qui attire une attention accrue de la part des régulateurs en Europe et aux États-Unis.
– Surveillance accrue –
Après enquête, l’autorité européenne de la concurrence a conclu en juin qu’en l’état actuel des choses, Microsoft n’avait pas acquis de « contrôle durable » sur OpenAI.
Mais la Commission européenne a demandé au groupe américain de nouvelles informations sur l’accord entre les deux entreprises « pour comprendre si certaines clauses d’exclusivité pourraient avoir un effet négatif sur la concurrence ».
L’autorité britannique de la concurrence, la CMA, évalue depuis décembre si le partenariat entre le fabricant de Windows et OpenAI constitue une fusion.
Le PDG d’OpenAI, Sam Altman, serre la main du directeur technique de Microsoft, Kevin Scott, lors de la conférence annuelle du géant américain de l’informatique à Seattle, le 21 mai 2024. (AFP/Jason Redmond)
L’autorité américaine de la concurrence (FTC) a également lancé une enquête sur les investissements massifs réalisés par Microsoft, Google et Amazon dans les principales start-up d’IA générative, OpenAI et Anthropic.
« Il semble clair que la décision de Microsoft a été fortement influencée par l’examen en cours de la concurrence de son impact (et de celui d’autres acteurs technologiques majeurs) sur les acteurs émergents de l’IA comme OpenAI », a commenté Alex Haffner, avocat en concurrence et associé chez Fladgate.
« Il est clair que les régulateurs sont particulièrement intéressés par le réseau complexe de relations que les géants de la technologie ont tissé avec les fournisseurs d’intelligence artificielle, d’où la nécessité pour Microsoft et d’autres d’examiner attentivement la manière dont ils structurent ces partenariats à l’avenir », a-t-il poursuivi.
Apple, qui devait obtenir un siège d’observateur au conseil d’administration d’OpenAI, s’est retiré suite au retrait de Microsoft, ont rapporté plusieurs médias.
Contacté par l’AFP, le fabricant de l’iPhone n’a pas souhaité faire de commentaire.