Micro coupé pour Meurice, le post de Tristane Banon
L’humoriste de France Inter Guillaume Meurice est licencié. Une décision qui ne vient pas de la station, mais du groupe Radio France. Que l’humoriste risque un licenciement pour répétition d’une blague est en réalité aussi gênant que sa présence sur cette grille depuis la rentrée. Le 29 octobre 2023, lorsqu’il comparait Benjamin Netanyahu à « une sorte de nazi mais sans prépuce », sa blague, mauvaise, n’était pas antisémite. Les tribunaux ne diront rien d’autre lorsqu’ils confirmeront que cela relève de sa liberté d’expression, et c’est très bien.
Car ce qui pose problème à Guillaume Meurice, ce n’est pas la plaisanterie qui se moque d’un chef d’État extrémiste, mais l’ajout de railleries monomaniaques à l’égard des Juifs. Quand Charlie Hebdo frappe tout le monde, Meurice persiste. Et si l’humour militant anticapitaliste-antisioniste à tendance douteuse a le droit d’être utilisé, ce n’est pas au service public de l’aider à se propager. Quant à la liberté d’expression, elle n’interdit pas la critique, cela s’appelle le débat. Et comme personne ne possède le micro du contribuable, il n’aurait pas été choquant que Guillaume Meurice ne retrouve pas sa chronique à la rentrée.
En revanche, il est absurde de le sanctionner en cours de saison pour avoir répété cette blague boiteuse. Que Meurice ait été convoqué par la police en novembre pour une farce est dommage. Qu’il soit limogé pour l’avoir répété, alors que ces plaintes sont classées, est inacceptable. Répondre à sa provocation en lui infligeant un licenciement de rattrapage, espérant ainsi gommer une erreur de casting, revient à faire de la « maison ronde » un censeur, et de Meurice, un martyr de la liberté d’expression. Son public est en feu. Et on sait, depuis Siné et Dieudonné, où cela peut mener.