La hache est tombée. Le fabricant de pneumatiques Michelin a annoncé mardi 5 novembre à 9 heures aux salariés des usines de Cholet (Maine-et-Loire) et de Vannes (Morbihan) l’arrêt de la production sur ces sites. «au plus tard début 2026». Avant leur fermeture, l’entreprise s’engage à aider les 1 254 salariés – 955 à Cholet, 299 à Vannes – à trouver un emploi pérenne.
Compte tenu de l’âge des salariés, il n’y aura pas beaucoup de départs en retraite anticipée, indique la direction. Depuis le 16 octobre, l’intersyndicale Michelin, agacée par le silence des dirigeants sur l’avenir de ces usines au ralenti, s’était retirée de toutes les réunions de travail du groupe.
Comment Florent Menegaux, le président de Michelin, est-il arrivé à cette décision ? « Nous avons cherché, mais nous n’avons pas trouvé d’alternative pour ces deux sites, il explique à Monde. En revanche, nous avons trouvé une possibilité de pérenniser l’activité à Joué-lès-Tours. » Le patron de Clermont-Ferrand ne s’engage pas sur le long terme. Depuis la pandémie du Covid-19, puis la guerre en Ukraine, « La seule ligne stable chez Michelin, c’est que ça bouge constamment »il prévient.
Marché atone
Les difficultés s’expliquent par un marché automobile atone mais aussi et surtout par la concurrence asiatique. Le site de Cholet, spécialisé dans les pneus pour camionnettes et SUV, a été un temps soutenu par l’export, « mais en cinq ans, sa compétitivité s’est dégradée »estime le dirigeant. « Pour qu’elle monte en gamme et produise des pneus plus larges, il aurait fallu changer tout l’outil de production, mais les autres sites du groupe déjà équipés étaient sous-chargés »poursuit M. Menegaux. Sur ce segment des pneus pour camions légers et poids lourds, Michelin a déjà annoncé, fin 2023, la fermeture de trois usines en Allemagne, une en Pologne et même deux en Chine.
« En 2019, nos coûts de production en Asie étaient de 100, alors qu’ils étaient de 140 en Europe et de 135 en Amérique, détaille le motif, encore un peu technique. En 2024, ces mêmes coûts sont encore de 100 en Asie, alors qu’ils sont passés à 195 en Europe et 190 en Amérique.. Aujourd’hui, l’Europe coûte deux fois plus cher que la Chine, au sein du groupe Michelin. C’était même quatre fois avant la baisse du prix de l’électricité. Les gains de productivité ne peuvent compenser une telle différence. » Pour les constructeurs automobiles, le prix de l’énergie a relativement peu d’impact sur le prix de revient, mais pour une entreprise comme Michelin, qui transforme les matériaux en les chauffant, c’est essentiel.
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