Michel Barnier, Premier ministre menacé par le Rassemblement national
La position du Rassemblement national a pesé lourd dans le choix de Michel Barnier pour le poste de Premier ministre. En rejetant en bloc la candidature de l’ancien favori Xavier Bertrand, rival de Marine Le Pen dans les Hauts-de-France, tout en se montrant plus clément envers l’ancien commissaire européen, le parti d’extrême droite l’a grandement aidé à accéder à Matignon jeudi 5 septembre. « Ce n’est pas le RN qui a imposé son nom à Emmanuel Macron, mais le fait qu’il ne se soit pas rebellé contre lui a été l’une des clés de sa nomination »analyse Virginie Martin, professeure de science politique à Kedge Business School. Il est plus RN compatible, car son profil est plus à droite que celui de Xavier Bertrand.
Michel Barnier « semble répondre au moins au premier critère que nous avions demandé, c’est-à-dire un homme respectueux des différentes forces politiques et capable de s’adresser au Rassemblement national de la même manière que les autres groupes »a réagi Marine Le Pen le 5 septembre sur LCI.
Droit de vie ou de mort
Mais le rôle joué par le Rassemblement national ne s’arrête pas là. Il détient désormais le pouvoir de faire tomber le futur gouvernement Barnier, s’il décide de voter une motion de censure en ce sens. « Le Nouveau Front populaire et ses 193 députés ont déjà promis de censurer le gouvernement. Mais il leur manque une centaine de voix pour obtenir la majorité. La position du RN est décisive », a-t-il ajouté. Virginie Martin pointe du doigt. Une situation intenable pour Sacha Houlié, ancien député macroniste désormais assis parmi les non-inscrits, qui s’inquiétait sur le réseau social X d’une « la stabilité d’un gouvernement dépendant du bon vouloir du RN ».
Le 5 septembre, le parti a annoncé qu’il attendrait le contenu du discours de politique générale de Michel Barnier avant de prendre position. « Cela fait partie de leur stratégie de cravate, qui consiste à apparaître comme le plus responsable et le plus constructif dans ce chaos. Et surtout pas comme la France Insoumise, qui censure tout à l’improviste. »commentaires Virginie Martin.
Une longue liste de griefs
Pour bénéficier de sa clémence, la liste de courses dressée par le RN est cependant longue : « Nous demandons au Premier ministre de respecter nos électeurs, que le budget soit élaboré en concertation avec tous les groupes, que nous puissions enfin débattre de la proportionnelle et qu’il s’engage sur le pouvoir d’achat, sur la lutte contre l’insécurité et sur la réduction de l’immigration », a-t-il ajouté. a inscrit Marine Le Pen le 5 septembre dans Le mondeIrréaliste ? « Leurs exigences sont suffisamment élevées pour que Michel Barnier ne veuille pas, ou ne puisse pas, les satisfaire. Mais au moins auront-ils donné l’impression d’avoir joué le jeu institutionnel », a-t-il ajouté. analyse Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire de la radicalité politique.
Ce ne serait donc qu’une question de temps avant que le RN ne fasse usage de sa hache. Avec toutefois une limite : « La chute du gouvernement entraînera inévitablement une nouvelle période d’instabilité. Vont-ils prendre le risque d’être perçus comme les architectes de ce chaos ? Ou accepteront-ils d’abaisser leurs conditions, en cas de mesures allant dans leur sens ? » demande le politologue.
La question cruciale du budget
On pourrait notamment retrouver quelques similitudes sur le sujet de l’immigration. Lors de la primaire républicaine pour l’élection présidentielle de 2022, Michel Barnier avait ainsi proposé une pause migratoire de trois à cinq ans. L’introduction de la représentation proportionnelle aux élections législatives pourrait aussi représenter un gage pour le parti à la flamme. Cette mesure serait également politiquement peu coûteuse, car elle est réclamée par de plus en plus de partis.
La question cruciale du vote du budget 2025 au Parlement demeure. « Il y a peut-être un problème avec les mesures réclamées par le RN sur le pouvoir d’achat, car le Premier ministre va probablement mener une politique assez austère, dans un contexte de dérapage des dépenses publiques », a-t-il ajouté. prédit Virginie Martin. Le 6 septembre, Sébastien Chenu, vice-président du parti, prévenait déjà sur CNews qu’il lui semblerait « très inconcevable » que son groupe à l’Assemblée nationale vote le budget. Le gouvernement Barnier échappera-t-il alors à la censure ?
New Grb1