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Michel Barnier placé « sous surveillance » par Jordan Bardella et le RN qui veut rester au centre du jeu

Jordan Bardella, à la foire de Châlons-en-Champagne, le 7 septembre 2024.
FRANCOIS NASCIMBENI / AFP Jordan Bardella, à la foire de Châlons-en-Champagne, le 7 septembre 2024.

FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Jordan Bardella, à la foire de Châlons-en-Champagne, le 7 septembre 2024.

POLITIQUE – Que la défaite aux législatives semble loin. Le Rassemblement national, contraint de se retirer au début de l’été, entend s’imposer cet automne comme un parti incontournable. Jordan Bardella a échoué à devenir Premier ministre ? Cela ne l’empêche pas d’estimer que le titulaire, le LR Michel Barnier, a des comptes à rendre au RN, qui le place « sous surveillance ». Rien de moins.

« La réalité est que désormais rien ne peut se faire sans nous. (…) Rien ne peut se faire en politique contre nous et sans l’aval ou la censure du Rassemblement national. » Ce samedi 7 septembre, depuis la foire de Châlons, Jordan Bardella prévient désormais Michel Barnier : « J’espère que le Premier ministre et le futur gouvernement (…) sauront être attentifs aux revendications qui sont désormais les nôtres et je crois qu’à partir de ce jour, M. Barnier est un Premier ministre sous la surveillance démocratique d’un parti politique désormais incontournable dans le jeu parlementaire », il ose.

Le leader de l’extrême droite veut que le RN puisse « maintenir » avec le Premier ministre et prévient qu’il sera  » « extrêmement intransigeant » sur les relations avec le futur gouvernement. Invité du journal de 20 heures de TF1 ce samedi, le président du parti déroulera un tapis rouge pour préciser ses exigences.

De l’outsider au « centre du jeu »

Hasard du calendrier, 24 heures plus tôt, c’était le nouveau chef du gouvernement qui se présentait au peuple français, sur cette même tribune. Le RN, qui après sa troisième place au second tour des législatives, avait été exclu en juillet des principaux postes clés de l’Assemblée puis des discussions sur une future coalition par Emmanuel Macron, est parvenu en quelques semaines à se faire une place d' »arbitre » dans la course à Matignon.

Ainsi l’hypothèse Xavier Bertrand, longtemps testée par l’Élysée, s’est heurtée au veto de Marine Le Pen qui entretient des relations exécrables avec le président LR de la région Hauts-de-France. A l’inverse, le nom de Michel Barnier n’a suscité aucune opposition de principe. Il reste « nous ne soutenons pas un adversaire politique », a déclaré un cadre du RN interrogé par l’AFP. Il n’en demeure pas moins qu’avec cet épisode, le chef de l’Etat « nous remet au centre du jeu »cette source accueille favorablement.

Même sans être majoritaire, le parti de Marine Le Pen revendique être le plus important à l’Assemblée nationale – c’est le cas numériquement – et n’entend pas être en reste lors de la 17e législature. Avant même la nomination de Michel Barnier, Marine Le Pen avait énuméré ses conditions pour ne pas voter immédiatement la censure :  » respect «  pour le RN, l’inclure dans les discussions sur le budget, débattre de la proportionnelle sans oublier le pouvoir d’achat, l’insécurité et l’immigration.

« Rien à voir » avec l’extrême droite ou presque

La première intervention médiatique de Michel Barnier a de quoi le satisfaire. Le chef du gouvernement a donné sa feuille de route qui, au-delà de la question budgétaire, concerne la « contrôler les flux migratoires par des mesures concrètes »travail et des services publics. Sans oublier la question de la représentation proportionnelle, sur laquelle il « ne s’interdit pas » pour en parler « si cela peut être une solution. »

Michel Barnier a confirmé qu’il « on verra » Marine Le Pen, en tant que présidente du groupe, a souhaité prendre ses distances avec le parti d’extrême droite. « Je n’ai rien en commun ou pas grand chose en commun avec des thèses ou des idéologies » du RN, a-t-il assuré sur TF1 vendredi soir.

Cela n’empêche pas les députés Le Pen de se frotter les mains : « M. Barnier, en vieillissant, a évolué sur un certain nombre de sujets, européens et sur la question de l’immigration. Lorsqu’il était candidat à la primaire (LR en 2022, ndlr), il a repris un certain nombre de positions qui étaient les nôtres. On attend de voir si M. Barnier va au bout. »a déclaré Thomas Ménagé, député du Loiret, sur France Inter ce samedi.

Ironiquement, deux mois jour pour jour après la déception des législatives, la proximité entre les priorités du locataire de Matignon et celles de l’extrême droite, tout comme la présence de 126 députés RN dans une Assemblée morcelée, donnent l’impression d’une victoire – au moins symbolique pour l’instant – du parti d’extrême droite. Et il entend bien en profiter.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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