Après plusieurs jours de recherche laborieuse d’un profil pour Matignon, Emmanuel Macron a choisi cet homme de droite à la grande expérience politique.
« Nous l’avions dans notre « champ d’action » depuis longtemps.Soixante jours après le second tour des législatives, et après deux semaines de laborieuses consultations formelles et informelles, le chef de l’État a finalement fait son choix ce jeudi : le nouveau premier ministre est Michel Barnier. Cet homme de droite d’origine gaulliste a 73 ans – il devient le premier ministre le plus âgé de la Ve République – et possède un CV politique long comme le bras : député, président du conseil général de Savoie, quatre fois ministre, deux fois commissaire européen et enfin négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit. Il s’était présenté en 2021 au congrès des Républicains pour désigner le candidat de la droite à l’élection présidentielle, échouant au premier tour, avec 23 % des voix. Son nom avait aussi été évoqué, un temps, pour prendre la tête de la liste LR aux élections européennes du 9 juin. Finalement, François-Xavier Bellamy lui avait été préféré.
Emmanuel Macron a donné pour instruction à Michel Barnier deformer un gouvernement unificateur au service du pays et du peuple français« , a indiqué l’Elysée dans un communiqué.Cette nomination intervient après un cycle de consultations inédit au cours duquel, conformément à son devoir constitutionnel, le Président s’est assuré que le Premier ministre et le futur gouvernement réuniraient les conditions pour être les plus stables possibles et se donner la chance de s’unir le plus largement possible.« , ajoute la présidence. Une manière de justifier l’interminable saga qui a conduit à cette décision.
« Incensurabilité »
Le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, qui servait d’intermédiaire entre Emmanuel Macron et Michel Barnier, poussait le nom de ce dernier depuis le début de l’été. L’option Barnier est revenue dans les discussions en début de semaine, quand Emmanuel Macron a reconnu que Xavier Bertrand, comme Bernard Cazeneuve, risquaient une motion de censure immédiate à l’Assemblée nationale. Dès mercredi, le chef de l’État a consulté les principaux Républicains pour tester cette option, à commencer par le président du Sénat, Gérard Larcher, qui ne s’est pas opposé à ce choix. Il a également procédé à une nouvelle série d’appels téléphoniques aux dirigeants des partis et groupes politiques à l’Assemblée nationale pour s’assurer d’une « promotion de la justice ».non censurabilité » du nouveau locataire de Matignon, critère essentiel mis en avant à l’Élysée depuis des semaines.
La question a surtout été posée à Marine Le Pen, qui s’est lancée dans la nomination de Xavier Bertrand. Jeudi, les élus du Rassemblement national se sont montrés moins catégoriques à propos de Michel Barnier. Son profil « ne fait rêver personne » mais « J’attends de voir« , a déclaré le député RN Sébastien Chenu sur BFMTV. Le RN ne censurerait pas »immédiatement« un premier ministre »qui dirait qu’il va vers la proportionnelle, qui s’attaque aux questions d’immigration, de sécurité, de pouvoir d’achat des Français et qui respecte le Rassemblement National comme première force politique« , a-t-il déclaré. Son collègue Jean-Philippe Tanguy a pour sa part qualifié Michel Barnier de « fossile » sur France Inter, mais sans aller jusqu’à le censurer dans l’immédiat. De quoi ouvrir la voie au nouveau Premier ministre, au moins pour faire adopter le prochain budget d’ici la fin de l’année ? Après la composition de son gouvernement, ce sera la première tâche de Michel Barnier, et elle s’annonce plus que difficile.
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