THOMAS SAMSON / AFP
Michel Barnier (ici avec son gouvernement à Matignon le 4 novembre) appelle ses ministres à arrêter les couacs
POLITIQUE – Matin pour bousculer les évidences. Michel Barnier a réuni ses ministres, ce lundi 4 novembre à Matignon, dans un séminaire gouvernemental, pour « assurer l’esprit d’équipe et l’esprit collectif. » Un esprit de corps qui manque cruellement à son « base commune » depuis sa nomination à Matignon.
« Nous progresserons pour mieux décider ensemble et nous écouter avant de prendre des décisions, malgré les circonstances extrêmement urgentes »» a déclaré le Premier ministre à ses troupes, selon les services de la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon après la réunion. Un point qui concerne les décisions de fond » dans nos secteurs respectifs », mais aussi les différents « expressions publiques » les ministres en dehors de leurs couloirs.
Message reçu ? Pour le chef du gouvernement, il s’agit de resserrer les rangs de son équipe, assise sur un alliage fragile de plusieurs chapelles aux priorités parfois contradictoires et secouée depuis plusieurs semaines par des polémiques et des couacs à répétition.
Liste des hoquets
Le bilan est déjà long avec les premiers accrochages entre le ministre de la Justice et celui de l’Intérieur sur l’exécution des peines de prison et le laxisme supposé des magistrats, l’affrontement entre Bruno Retailleau et son homologue de la Santé Geneviève Darrieussecq sur l’aide médicale de l’État (AME ), ou la valse-hésitation sur le prix du gaz entre Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique) et Laurent Saint-Martin (Comptes publics). Sans compter les nombreux ministres qui ont exprimé leur désapprobation à l’égard de leur budget, allant, pour certains, jusqu’à faire retentir la musique d’une potentielle démission.
Ce manque d’unité se constate aussi au quotidien à l’Assemblée nationale sur des textes budgétaires peu défendus voire contestés par une partie du » base commune » LR – camp présidentiel. L’exécutif a ainsi été défait à de nombreuses reprises sur des questions fiscales et des enjeux majeurs – comme la pérennisation des hausses d’impôts sur les plus riches ou la taxe sur l’électricité.
« Il faut que, dans la meute qui s’est constituée autour de Michel Barnier, on essaye de définir ce sur quoi on est d’accord pour que ça suscite une forme de mobilisation »a reconnu dimanche sur France Inter le chef des députés Modem, Marc Fesneau. Mais ce n’est pas « ne veut pas dire que nous ne sommes pas complètement alignés dans une rangée que nous sommes un adversaire ».
Barnier pas toujours écouté
Dans ce contexte, Michel Barnier demande donc à ses ministres l’unité pour les semaines et les mois à venir. Mais sera-t-il entendu ? Ce n’est pas la première fois que le chef du gouvernement donne des instructions à ses équipes et le fait savoir à la presse. Mais ils ne sont pas toujours suivis.
» Pas de vantardise », leur a-t-il demandé lors du premier Conseil des ministres, en septembre dernier. Résultat ? Quelques minutes plus tard, plusieurs d’entre eux commentaient la rencontre sur les chaînes d’information depuis leur voiture. Sans parler de ceux qui, comme Bruno Retailleau, ne ratent pas une occasion d’avancer leurs propres pions, sans forcément l’action concrète qui accompagne l’offensive médiatique.
Au Parlement, un autre épisode montre l’influence relative qu’entretient Michel Barnier sur ses troupes. Début octobre, le Premier ministre avait exprimé son inquiétude face au manque de « solidarité » au sein de sa coalition après une brouille entre Laurent Wauquiez et Gabriel Attal qui a conduit à l’élection inattendue de l’insoumise Aurélie Trouvé à la tête de la commission des affaires économiques de l’Assemblée. Une sorte d’avertissement qui n’a pas empêché le même échec, quelques jours plus tard, pour l’élection d’un nouveau vice-président au Palais Bourbon.
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