Michel Barnier consulte, LFI fait pression dans la rue
Un premier déplacement officiel, un premier signal, un premier symbole : deux jours après sa nomination à Matignon, Michel Barnier se rend à l’hôpital Necker, dans le XVe arrondissement de Paris. Objectif, résumé par son entourage : se montrer « écoute » soignants et personnels hospitaliers, dont certains représentants dénoncent un manque criant de moyens.
Mardi 3 septembre, la Fédération des hôpitaux publics a estimé à 6% (soit 6,3 milliards d’euros) l’augmentation de l’enveloppe financière nécessaire pour permettre aux établissements publics et privés de mener à bien leurs missions.
La visite de Michel Barnier s’inscrit en tout cas dans la continuité de l’interview télévisée donnée la veille à TF1. Le nouveau Premier ministre a exprimé la « besoin immense » des services publics. « Je pense aux déserts médicaux et je pense naturellement à la santé et au logement »il a dit.
Il faut au moins rouvrir le débat sur les retraites
Au cours de cet entretien, le nouvel animateur de Matignon a également évoqué l’un des points de friction de la précédente législature, la réforme des retraites. Michel Barnier s’y rallie « ouvrir le débat » mais en se laissant une marge de manœuvre limitée. » amélioration » bénéficiera à la « les personnes les plus vulnérables », conformément à la « cadre budgétaire ». Il n’est donc pas question de « tout remettre en question »…
Le Premier ministre désigné a également prononcé un discours ferme sur l’immigration : « Nous contrôlerons les flux »il l’a promis, dans ce que certains ont vu comme un clin d’œil au RN.
Sur ces sujets comme sur tant d’autres, Michel Barnier dispose d’une latitude d’autant plus restreinte qu’il ne dispose pas de la majorité absolue à l’Assemblée et que les débats qui reprendront au plus tard le 1er octobre à la chambre basse s’annoncent compliqués, avec le spectre permanent de la censure.
Consultations et litiges
Comment s’en prémunir ? Comment former le gouvernement le plus large possible, incluant, selon lui, des gens de gauche ? Michel Barnier multiplie les consultations. Vendredi, il a reçu son prédécesseur macroniste Gabriel Attal puis le président du groupe La Droite Républicaine à l’Assemblée nationale, Laurent Wauquiez. Samedi, il a rencontré l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne avant de déjeuner avec la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet.
Il a également choisi son directeur de cabinet, Jérôme Fournel, qui était à ce poste depuis huit mois sous le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire et qui avait auparavant été, pendant cinq ans, directeur général des Finances publiques à Bercy. Un fin connaisseur, donc, des arcanes budgétaires, alors que l’une des priorités du futur gouvernement sera de réduire le déficit public. L’ancien préfet de Paris Michel Cadot rejoint également le cabinet de Michel Barnier.
Mais le Premier ministre a à peine eu le temps d’avancer dans la constitution, pour le moins complexe, de son gouvernement qu’il fait déjà face à la contestation dans la rue, avec une multitude de manifestations en France, ce samedi 7 septembre, à l’appel d’une partie du Nouveau Front Populaire (La France Insoumise, rejointe par les écologistes et le Parti communiste, ainsi que certaines fédérations socialistes) criant au déni de démocratie.
La RN se pose en arbitre
« On voit qu’un pacte est scellé entre le parti de Macron, la droite et l’extrême droite »s’est exclamée la députée LFI Aurélie Trouvé au départ de la marche dans la capitale, alors que des manifestants faisaient irruption dans la foule « Macron démissionne ».
En déplacement à la foire de Châlons-en-Champagne samedi, Jordan Bardella a également mis la pression sur le Premier ministre en qualifiant d’emblée son futur gouvernement de » fragile « .« Nous aurons probablement un rôle d’arbitre dans les mois à venir et dès aujourd’hui »a estimé le président du RN, parti qui compte 126 députés.
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