Mgr Eric de Moulins-Beaufort réagit à la tribune de quatre membres de la Ciase
« Tous les évêques, au fil du temps, n’ont pas tout su de l’abbé Pierre ». Dans une chronique publiée le vendredi 26 juillet dans LEFigarole président de la Conférence des évêques de France (CEF) et archevêque de Reims, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, a réagi à un texte publié samedi 20 juillet dans Le monde.
Signée par quatre anciens membres de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) après la publication d’un rapport mettant en cause l’abbé Pierre pour des accusations d’agressions sexuelles, cette tribune faisait référence à des témoignages recueillis lors des travaux de la CIASE sur le fondateur d’Emmaüs. Le texte précisait également que les évêques des années 1950 et 1960, informés des agissements de l’abbé Pierre, avaient « affaires étouffées ».
« En tant que président de la Conférence des évêques de France, et par souci de vérité, je ne peux laisser de telles affirmations sans réponse, surtout dans un quotidien de premier plan. »écrit Mgr de Moulins-Beaufort. Il regrette également le titre de la tribune, dont les signataires n’ont pas souhaité répondre aux sollicitations de La Croix : « La compulsion sexuelle du clerc catholique semble indubitable. » Selon lui, cette « porte atteinte, quoi qu’on en dise, à l’honneur des milliers de prêtres et de diacres qui, chaque jour, en France, s’engagent et donnent leur vie au service des autres ».
« Ce genre de généralisation n’a pas de sens »
Pour le président de la CEF, la tribune du Monde « jette une fois de plus la suspicion sur les évêques, accusés plus ou moins explicitement d’avoir « couvert l’affaire » ». « Je rappelle qu’à l’époque en question, les évêques les plus âgés en fonction aujourd’hui avaient au plus dix ans.souligne l’archevêque de Reims, rejetant la responsabilité de l’épiscopat d’aujourd’hui. Une étude attentive des archives sera nécessaire pour comprendre comment l’abbé Pierre a reçu les mesures prises, s’il les a respectées ou non, et comment elles ont été suivies par les autorités ecclésiastiques concernées.
#AbbéPierre : que savaient les évêques ? Généraliser ainsi n’a aucun sens. Un ou plusieurs évêques ont pu savoir des choses et les avoir traitées de manière insuffisante en leur temps. Mais tous les évêques, à travers le temps, n’ont pas tout su de l’abbé Pierre, loin de là. ⤵️1/7
— Mgr Eric de Moulins-Beaufort (@Mgr_EMB) 26 juillet 2024
« Que savaient les évêques ? » demande le président du CEF. A vrai dire, ce genre de généralisation n’a pas de sens. Un ou plusieurs évêques ont pu savoir des choses et les avoir traitées insuffisamment en leur temps. Mais tous les évêques, à travers le temps, n’ont pas tout su de l’abbé Pierre, loin de là.plaide Mgr de Moulins-Beaufort, précisant que « tous les évêques » sont fiancés aujourd’hui « afin que la vérité éclate » sur les violences sexuelles perpétrées au sein de l’Église catholique et que ces violences peuvent être « signalé aux autorités administratives ou judiciaires ».
En 2005, ajoute-t-il, lorsque l’abbé Pierre a parlé publiquement de ses manquements à la chasteté, « Personne dans l’Église, dans les médias, dans l’opinion publique ou parmi les autorités judiciaires ne s’est préoccupé de la manière dont ces manquements (…) avaient pu se produire, ni de leur impact sur ceux qui en avaient été affectés. Cela est profondément regrettable, mais indique l’évolution positive des mentalités que nous vivons aujourd’hui. »
« Le temps des victimes ne peut être limité »
Mgr Eric de Moulins-Beaufort a indiqué avoir reçu en 2022 un courrier d’un membre de la Ciase contenant des accusations portées contre l’abbé Pierre, ainsi que l’existence d’un ancien dossier concernant le prêtre dans les archives de l’église.
« En cet été 2022, l’Église en France s’est pleinement mobilisée pour accueillir et accompagner les victimes lorsqu’elles étaient mineures.rappelle l’archevêque de Reims. (…) Il avait été convenu par la Ciase qu’elle ne nous communiquerait pas les témoignages qu’elle recevrait, mais inviterait les personnes à contacter les cellules d’écoute mises en place par les diocèses notamment. Nous étions d’accord sur le fait que le temps des victimes ne peut être contraint, et que certaines ne sont peut-être pas prêtes à parler devant un organisme ecclésiastique ou à prendre l’initiative d’une couverture médiatique.
« A ce jour, à notre connaissance, aucun de nos systèmes n’a reçu de témoignage concernant l’abbé Pierre. »insiste Mgr de Moulins-Beaufort.
Rappelant le travail entrepris depuis la publication du rapport de la Ciase, le président de la CEF assure que les évêques font des progrès « avec des retards, des lenteurs et des maladresses qui sont pénibles pour les victimes »,« mais aussi avec détermination ».
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